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  • Les enfants invisibles : histoires d'enfants des rues, Marie-José Lallart et Olivier Villepreux

    Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/les-enfants-invisibles-histoires-d-enfants-des-rues-marie-jose-lallart-et-olivier-villepreux.html

     

    Les enfants invisibles : histoires d'enfants des rues, Marie-José Lallart et Olivier Villepreux
    illustrations Guillaume Reynard, Actes Sud Junior septembre 2012
     

    Dans ce livre, Marie-José Lallart, ex-fonctionnaire internationale à l’Unesco, prête sa voix aux enfants des rues de différents pays. Elle explique la démarche dans une préface inaugurée par un proverbe du Burkina Faso, qui en dit bien plus qu’un grand discours.

    « Le contenu d’une cacahuète est suffisant pour que deux amis puissent le partager ».

    « Les Écoles de l’espoir » est une association créée à l’initiative du footballeur professionnel international Mikaël Silvestre, qui souhaitait aider les enfants à accéder à l’alphabétisation au Niger, et puis dans d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs, grâce au lien avec d’autres associations et le soutien d’autres sportifs célèbres. C’est par cette association que Marie-José Lallart a pu rencontrer ces enfants des rues : les bui doi au Viêtnam (« poussière de vie »), los desechables en Colombie (« les jetables »), bana imbia (« les chiens ») en république du Congo, les shégués, ou phaseurs « celui qui passe » de Kinshasa, considérés parfois pour leur plus grand malheur, comme des « enfants sorciers ».

    « Le seul fait d’aller à l’école permettrait sûrement que l’on nous regarde différemment, car c’est bien le regard des autres qui est le pire ennemi des “shégués” ».

    Et puis encore, les enfants sans nom du Niger qu’on appelle asimekpe au Togo (« le caillou du marché »), les katmis à Madagascar « en référence aux “quatre misères” : drogue, prostitution, alcoolisme, vol » et aussi les enfants de Gaza, les jeunes handicapés et les talibés du Sahara, les enfants de Nyamey dont les parents sont handicapés et ne peuvent subvenir à leurs besoins, les enfants d’Haïti après le goudou goudou, le terrible tremblement de terre de 2010, les enfants du fleuve Maroni en Guyane, les meninos da rua de Luancia en Angola qui vivent et mangent sur les décharges, souvent recrutés comme enfants soldats et qui servent entre autre de « bouclier humain » pour déminer leur pays, un des plus minés au monde… Sept pays plus une région et la liste est loin d’être exhaustive, car des enfants des rues, il y en a un peu partout dans le monde et ce sont les premières et plus vulnérables victimes de la misère et de la violence qui en résulte.

    Le fait que l’auteur prête ici sa voix aux enfants rencontrés, plutôt que de les raconter, donnent bien plus de force à ces témoignages, car il est rare en réalité que l’on entende, y compris dans le domaine humanitaire, la parole des oubliés du monde. D’entendre ce qu’ils ont à dire, leurs questionnements, leurs peurs, leurs problèmes, leurs besoins, leurs désirs… Bien-sûr, le plus évident, c’est qu’ils voudraient et devraient être des enfants comme les autres, protégés par la société si leurs parents ne sont plus en mesure de le faire, protégés par des lois qui sont écrites et signées par tous les pays du monde, dans la Convention des droits de l’Enfant. Ils voudraient aller à l’école, dormir sous un toit, manger à leur faim, ils voudraient rester en vie, ne plus se cacher, ne plus vivre dans la peur d’être battus, violés, volés, assassinés, enrôlés de force par des milices ou des sectes, ils voudraient ne plus avoir à se droguer à l’essence ou à la colle pour dormir, oublier leur peur, leur faim, ils voudraient jouer au foot avec un vrai ballon, avoir des vêtements, des chaussures, apprendre des métiers, ils voudraient réapprendre à rêver, être aimés et respectés.

    Ce livre est donc salutaire pour que les jeunes lecteurs, mais aussi leurs parents, puissent prendre conscience de réalités trop souvent ignorées, occultées, car on ne peut se targuer de vouloir faire découvrir le monde à nos enfants sans leur dire la vérité de ce monde. Et ces témoignages ne sont pas simplement un étalage de faits tragiques, mais aussi de très belles histoires, de solidarité, d’entraide, de projets réussis, de bonheurs partagés, une leçon contre l’indifférence et l’égoïsme. Elles permettent de prendre conscience que même un tout petit geste compte, lorsqu’il est fait pour aider l’autre.

    Une double-page à la fin de chaque récit – des récits datés qui s’étalent entre 1996 et 2011 – est consacrée au pays concerné, permettant ainsi au lecteur d’en savoir plus sur sa situation, son emplacement géographique et sa culture. Cela renforce la pertinence de cet ouvrage, égayé aussi par de chouettes illustrations de Guillaume Reynard, façon croquis de carnets de voyage. Bref, un livre à mettre dans toutes les mains et qui pourrait servir de solide support pour un travail en milieu scolaire.

     

    Cathy Garcia

     

    Marie-José Lallart est directrice de la collection Exclamationniste aux éditions de L’Harmattan, et s’intéresse particulièrement aux œuvres pluridisciplinaires. Elle-même auteur aux goûts éclectiques, elle aime mélanger les genres. Elle a étudié la psychologie et la philosophie avant de travailler pour l’UNESCO. Elle publie des recueils de poésie et de nouvelles en collaboration avec des photographes et des illustrateurs.

     Bibliographie : Ombres de femmes (avec Nelly Roushdi et Gaël Toutain), Éd. Du Cygne, 2006 ; Petit fil de soi, L’Harmattan, 2006 ; Il suffit de…, L’Harmattan, 2009.

     

    Olivier Villepreux a été journaliste au sein du journal L’Équipe et rédacteur en chef du magazine Attitude rugby. Il est aussi l’auteur de L’Histoire passionnée du rugby (éd. Hugo & Cie) et anime le Blog Contre-Pied :

    http://contre-pied.blog.lemonde.fr/

     

  • Édito du numéro 43 de la Revue Nouveaux Délits

    Voici donc un numéro spécial. En plus des auteurs que j’ai, comme toujours, le grand plaisir de vous présenter, il s’agit donc d’un spécial Tarn en Poésie. Tarn en Poésie est une manifestation annuelle autour de la poésie et des revues de poésie qui se déroule sur Albi, Carmaux et Gaillac depuis 1983. Des poètes de renom y sont invités tels Pierre Gamarra, Jean-.Marie Le Sidaner, Eugène Guillevic, Jean Rousselot, Léopold Sedar Senghor, Andrée Chedid, Joseph Joubert, Michel Deguy, Lorand Gaspar, Bernard Noël, Salah Stétié, Christian Hubin, Pierre Dhainaut, Gérard Engelbach, Frédéric Jacques Temple, Pierre Oster, P.A. Tâche, Jeanine Baude, Charles Juliet, Charles Dobzynski, André Velter, Guy Goffette, Vénus Khoury-Ghata, Jean-Michel Maulpoix, Lionel Ray, Adonis, Jean-Baptiste Para... C’est l’occasion chaque année de faire des rencontre entre le public et une œuvre poétique en présence de son auteur, et de sensibiliser à la poésie les élèves des écoles, collèges et lycées du département, par la mise en place de projets pédagogiques soutenus et coordonnés par ARPO. Cette année l’invité était Kenneth White. J’étais donc chargée de suivre cet évènement, ce que très malheureusement, et pour des raisons indépendantes de ma volonté comme on dit, je n’ai pu faire. Ce fut donc Alain Curato qui s’est proposé pour me remplacer au pied levé ou plutôt donc à la main levée, pour rendre compte, et avec talent, de tous les riches moments qui ont ponctué les journées bien pleines de ce 30ème Tarn en Poésie. Je l’en remercie encore.

     

    CG

     

     

    Le champ de conscience de la poésie,

    c'est l'infiniment ouvert à l'intérieur de la langue

    comme un "trou" dans la langue

    Michel Camus
    in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2012/10/01/numero-43.html