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* MA REVUE : NOUVEAUX DÉLITS *

  • Revue Nouveaux Délits - Numéro 77 - mon édito

     

     

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    Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager.

    CGC

     

     

     

     

    Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.
    Edgar Morin

     

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits - Numéro 76 (extraits)

     

     

    Quelques extraits de ce numéro sorti en octobre 2023, avec des textes de Sandrine Davin, Jean-Louis Clarac, Amandine Gouttefarde-Rousseau, Alain Nouvel, Josette Soulas Moyes, Bruno Giffard, Cathy Garcia Canalès & un poème d'Abdellatif Laâbi. Morceaux choisis et lus par Cathy Garcia Canalès.

    En savoir plus : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

     

     

     

     

  • Mon édito pour la revue Nouveaux Délits n°76

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    Nous venons de passer le mois dit de la rentrée : bonne rentrée ! souhaite-t-on… Et la sortie, bonne sortie ? Nous usons au sens littéral de formules, elles finissent par être très polies mais que signifient-elles vraiment ? Formule, c’est joli ce mot si on n’y colle pas de chiffre après, genre formule 1 ou l’air renfermé d’un formulaire…

    Et si nous profitions de la rentrée donc pour rentrer oui, véritablement, en nous-mêmes ? C’est ce que nous enseignent les cycles des végétaux qui en cette saison — de notre côté du monde en tout cas —, après avoir tout donné pour se perpétuer, laissent tomber leurs derniers fruits, dernières graines sur le sol où chacun sait ce qu’il à faire puis ralentissent le rythme, laissent redescendre la sève aux racines… Les animaux se préparent aussi pour la saison froide donc ce serait bien le moment de rentrer en soi, voir la rentrée comme un ralentissement, un approfondissement plus qu’une agitation, une accélération…

     

    On l’oublie trop souvent : la majeure partie de ce qui se passe dans le monde, se passe d’abord en chacun de nous et on revient à la formule — abracadabra, que le feu de Dieu tombe sur toi ! — et quelle autre déité ici-bas que nous-même, qui décidons et créons, éludons ou provoquons, prévenons ou aggravons ? Sommes-nous déité de la discorde ou des récoltes ? De l’argent ou du soin ? De l’avidité ou du partage ? Ladite nature est imprévisible, oui, mais nous sommes une espèce dite intelligente et nous pouvons concevoir l’imprévisible et protéger l’essentiel. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui est essentiel... Nous parlons de cultiver notre jardin intérieur : est-il jardin ou terrain vague plein d’ordures ? Jardin ou terre exsangue et saturée de pollution ? Jardin ou zone commerciale ? Jardin ou bunker ?

     

    Que formulons-nous dans nos intériorités ? Quelles pensées, quelles intentions laissons-nous se densifier en nous jusqu’à ce qu’elles se matérialisent et agissent à l’extérieur ? Abracadabra ! La magie est un art du quotidien ordinaire, c’est faire bien attention à ce à quoi nous donnons formula, c’est-à-dire « forme », en latin.

     

    La poésie est une façon de formuler le monde, qui nous imprègne, nous traverse, nous façonne et nous ensemence de l’intérieur. Un art du quotidien ordinaire.   

    CGC

     

     

     

    (…) le chaos du monde n’est que la projection du chaos régnant dans chaque individu.

    Jiddu Krishnamurti in L’origine de la pensée

     

     

    En savoir plus :   http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2023/09/26/numero-76-6463051.html

     

     

     

  • Regina José Galindo, poète artiviste

    Grande admiration pour cette poète et artiste qu'on a pu lire entre autre dans le numéro spécial Guatemala, de la revue Nouveaux Délits, réalisé en collaboration avec Laurent Bouisset, voir ici :

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2017/09/13/numero-58.html

     

     

     

    Voir aussi "Rage ; rabia" paru en 2020, poèmes traduits par Laurent Bouisset, éd. des Lisières : http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2020/11/05/rage-rabia-de-regina-jose-galindo-6274775.html

     

     

     

  • La revue Nouveaux Délits a 20 ans !!

     

    Je n'aurais jamais pu le prévoir, mais voilà  :

    la revue Nouveaux Délits a eu 20 ans le 1er juillet ! Dingue !

    Merci à toutes celles et ceux qui la soutiennent et y ont contribué d'une façon ou d'une autre !

     

     

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    NOUVEAUX DÉLITS

    Revue de poésie vive et dérivés

    – Numéro zéro -

    juillet 2023

     

      

    Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?

    Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

    Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.

    Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.

    Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.

    Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.

     

     

     

    "Un poète doit laisser des traces de son passage, non
    des preuves. Seules les traces font rêver"

    René Char

     

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    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

     

  • J'irai Cracher Sur Vos Ondes - Émission du mercredi 31 mai 2023

     
    Où il est question entre autre de la revue Nouveaux Délits et avec une très belle lecture d'un ensemble de Danielle Quérol publié dans le dernier numéro, par Rafaëlle Gandini Miletto, elle-même publiée dans le n°74, c'est beau ces résonances !!
     
    à écouter ici :
     
  • Revue Nouveaux Délits - Numéro 75 (extraits)

     

    Un audio un peu plus en forme radiophonique, j'innove pour ce n°75.

    Voici donc quelques-uns des poèmes & textes de Marie-Florence Ehret, Alain Simon, Marie-Françoise Ghesquier, Pierre Gondran dit Remoux, Marie Tavera, Daniel Quérol Bonhomme et Cathy Garcia Canalès, publiés dans ce n°75 sorti en avril 2023 et présentation de ce numéro. Extraits choisis et lus par Cathy Garcia Canalès. Illustrations de ce numéro : Anouk Rugueu.

     

     

  • Mon édito pour Nouvaux Délits n°75

     

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    Quelle époque épuisante, collectivement et puis pour beaucoup individuellement ! Tellement qu’écrire un édito pour ce numéro semble au-dessus de mes forces et puis il y aurait tant à dire que ce n’est pas une petite page qui y suffirait. Quelques mots résonnent : colère, absurdité, injustice, paix, changement, radical, urgence, catastrophe, confusion, bêtise, mépris, inhumanité, aveuglement… Mais j’ai trop usé ma langue sur les bords amers et tranchants de ce monde modelé par quelques fous qui prennent toute l’humanité et son futur en otages. Je préfère laisser ma langue non pas aux chats mais à toutes celles et ceux qui œuvrent à alimenter le feu des consciences, à élever l’imaginaire, à semer des graines de sens là où rien ne pousse, à parler la langue du vrai, aussi noire que nécessaire mais qui ne triche pas, qui n’enrobe pas de vernis, de sucre de séduction ; à celles et ceux qui savent la langue de soin qui tend vers l’autre des mots de secours, langue bonne et belle des naïfs qui refusent de jouer dans la cour des cruels et des prétentieux, langue du sage silence aussi quand la cacophonie rend tout contact explosif. Tant de langues, tant de possibles. Car « Nous sommes arrivés à un moment de l’histoire où nous devons d’urgence redéfinir le sens de la civilisation », a dit très justement Hayao Miyazaki et clairement cette langue qu’on nous assène depuis les hauteurs des palais et des étincelants buildings n’a plus rien à voir avec une quelconque idée de civilisation.                          cgc

     

     

    Je sais pourquoi

    autant se taire

     

    Ne pas crier dans le désert

    quand c’est chaque grain de sable qui souffre

    ne pas parler aux vieux murs qui radotent

     

    Passer en silence

    avec la petite escorte d’insouciance

    qu’on aura un temps séduite

     

    Lionel Mazari

     

     

     

     

    En savoir plus : 

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2023/03/30/numero-75-6435879.html

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits - n°73, octobre 2022 (extraits)

     

     

    Quelques textes et poèmes parmi ceux publiés dans ce numéro paru en octobre 2022 des auteurs suivants : Yvan Robberechts ; Kiko Christian Moroy ; Alain Guillaume ; Isabelle Garreau ; Thierry Desbonnets ; Georges Cathalo et une présentation de "Calepins voyageurs et après ? – Tome 1" de Cathy Garcia Canalès, paru en juillet 2022 et rappel de la sortie de "La cloche a sonné" d'Aline Recoura, délit buissonnier n°6, juillet 2022 également. Illustrations de ce numéro : Corinne Pluchart. Lecture par Cathy Garcia Canalès.

     

     

     

  • Mon édito de la revue Nouveaux délits n° 74

     

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    Un kilo de plomb ou un kilo de plume ? Qu’est ce qui est le plus lourd, me demandait-on, enfant… J’avais déjà ma petite réponse et aujourd’hui encore, je sais : ce n’est pas au poids qu’on juge l’équivalence alors vive les plumes ! Plus il y en a et plus on s’envole, plus il y en a et plus on plonge dans la douceur, la chaleur et peu importe quels drôles d’oiseaux nous sommes ! La noirceur du corbeau peut caresser nos mélancolies mais gardons-nous du plomb… À moins d’être de très talentueux alchimistes, laissons-le là où il est, bien profond sous la terre dans son berceau de cuivre, il y a son rôle à jouer, équilibre d’une terre à terre, yeux dans les yeux des ouragans. Du monde, n’en parlons pas, il nous assourdit trop déjà, chacun-e devrait être en mesure de savoir ce qu’elle-il doit faire pour ne plus se faire plumer ni additionner le plomb et surtout laissons l’amour au-dessus de ça. L’amour ne nous appartient pas, nous sommes ses oisillons et s’il veut bien nous prendre sous ses ailes, ce n’est pas pour y rester mais pour apprendre à donner aux autres plus de légèreté. Plus d’air, plus de lumière à respirer. Ni cage, ni chaînes, ni boulet. Tout s’écroule mais ne perdons pas de temps à nous lamenter sur les pertes, aiguisons notre attention pour percevoir ce qui en nous gagne en légèreté, ne nous laissons pas abattre mais sentons ce poids de plume dans nos poches : plus on le partage et plus il est doux et léger et réconfortant.

     

    Que cette année dite nouvelle nous soit douce, tendre et réconfortante.

     

    et là

    autour

    sens tes bras qui s’allègent

    la terre sous tes pieds

    tu danses

    tes mains comme des plumes

    légères

    l’oiseau

    tu l’entends ?

    ça pulse

    ça palpite

    ça pépite…

     

     

    CGC

     

     

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits n° 73, l'édito

     

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    Adepte pratiquante depuis longtemps de la secte des décroissants, alias les khmers verts et autres terroristes en herbe de la simplicité joyeuse et volontaire, je ne devrais que me réjouir du très soudain engouement des zélites pour la sobriété… Enfin, pour notre sobriété, à nous les gens très zordinaires. Un bon nombre d’ailleurs n’a pas été consulté pour être énergétiquement et financièrement sobres depuis longtemps ou toujours — et le picrate bon marché pour l’oublier ne dira pas le contraire. Je dois avouer que je perds vite mon calme devant les énormités proférées actuellement (déjà que…), ce qui est mauvais pour mon évolution spirituelle.

    L’art du greenwashing n’a d’égal que celui du brainwashing… et autres anglicismes à la mode (and God took the queen !). En mai dernier, je tapotais sur mon clavier : « Hier j'ai entendu à la radio le terme "écologie pragmatique" sans doute en opposition avec une écologie qui serait utopique, l'un et l'autre ne veulent strictement rien dire, comme 95 % de ce qu'on entend actuellement venant des "autorisés à parler", civilisation du blablabla aux multiples méfaits (…). J'ai souvent eu honte de faire partie d'une espèce qui se laisse ainsi mener par le pire d'elle-même et par ses roquets en chef et qui en redemande de l'hypnose séductrice d'influences en tout genre — et surtout du plus mauvais — mais là ça devient irrespirable. Pour moi il n'y a plus de judicieuse radicalité assez radicale pour stopper cette folie et elle sera de toutes façons étouffée, écrasée par ce besoin de continuer encore et encore à sucer tout ce qui est suçable, à pomper ce qui est pompable. Nous sommes toutes et tous complètement incohérents ! (…) J'ai toujours au fond de ma poche un peu de poudre de perlimpinpin d'espoir — pas de celle qui se jette aux yeux, plutôt celle à diluer jour après jour dans la citerne grise du découragement  — l’espoir que quelque chose va faire ding ou bing ou clash soudainement et en même temps dans la tête de chacun-e d'entre nous, partout sur cette planète ! Et je dois dire qu’un certain nombre de personnes, et notamment des jeunes, mettent de la couleur dans ma poudre mais je n'oublie jamais que des hurluberlus de notre espèce sont bien plus (ir)responsables que d'autres : ceux et celles qui se prennent pour des hurluberélu-e-s pour toutes sortes de déraisons et puis nous autres habitants des pays qui se gavent depuis des siècles, des millénaires même » et je finissais ce coup de gueule trop long pour le mettre ici par « Nous n'avons plus beaucoup de temps et toutes celles et ceux qui ont compris depuis trop longtemps déjà sont fatigué-e-s de tenir la torche allumée, vraiment, je peux le voir, l’entendre et moi-même à ma propre mesure et déception après déception, je n’en peux plus. Alors voilà, aujourd'hui même, tout ce qui nous tue, tout ce qui tue, oppresse, manque de respect à cette planète et à toutes les formes de vie doit tomber, aujourd'hui même, maintenant, là, de suite !!! »

    Et bien ce sera là mon édito pour ce numéro d’automne !

     

     

    Ne leur pardonnez pas. Ils savent ce qu'ils font.

    Claire Séverac (1948-2016)

     

     

    Voir sommaire et plus ici :

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2022/09/27/nouveaux-delits-n-73-6403351.html

     

     

     

     

  • édito de la revue Nouveaux Délits n°72

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    Il y a des poètes voyants, des poètes pythies, des poètes monstres qui reçoivent en flots continus des données qui — s’ils ne trouvent moyen de les transcrire — peuvent les submerger, les rendre fous. Le flux est tel que la respiration elle-même ne trouve plus sa place, un essoufflement comme une transe dans laquelle tout lecteur sera emporté car il n’aura rien à quoi s’accrocher. Des eaux tumultueuses mais pas glaciales, car le feu ardent de la poésie brûle sans interruption. Possédée, incantatoire, opératoire, comme le chaman qui souffle sa fumée sur le corps du malade. Ici lecteur, c’est toi le malade. C’est nous. C’est l’humanité.

     

    Ce genre d’écriture n’est pas à la mode, on l’a dite maudite, elle fait peur, elle inquiète, elle dérange les conforts, agresse les quiétudes organisées, fait sauter les verrous, les défenses, donne le vertige, la nausée, touille nos tripes sans permission. Elle puise à la source même du Verbe tout autant ravageur que créateur. Pauvre poète traversé et sommé de délivrer le message, c’est un écartèlement permanent : s‘il se tait, il devient fou ; s’il parle, on le prend pour un fou. Ce poète est excessif et peu vendeur, on préfère attendre quelques siècles avant de le lire. Pourtant, il voit là où nous sommes aveugles et ce qu’il voit le foudroie, le brutalise : la laideur sans fard, ni masque, la lumière aussi éblouissante que crue, la beauté qui renverse et les ténèbres sans sas de protection. Il ressent vivement là où nous sommes commodément désensibilisés, il se souvient de ce qui est effacé par nos amnésies quotidiennes. Il entend l’effroi, l’écho du gouffre. Il sait ce que nous étions et ce que nous deviendrons si nous ne nous rappelons pas ce que nous sommes.

     

    Il sait et il ne sait rien. Il est l’ignorant qui ne peut jouir de son ignorance, il est parcouru, pénétré, transpercé de toute part et chaque mot qui passe par lui est un trou par où nous pourrions apercevoir une fraction de la réalité originelle.

     

    Il a appris cependant depuis le temps que ce torrent le traverse, le retourne, le traîne, le broie et le suffoque, à prendre appui dans l’œil des vortex, à trouver des points d’accroche, l’issue en soi incessible. Il est un vivant mort autant de fois qu’il aura fallu pour se dépouiller jusqu'à l’os, voir son âme nue et il nous tend la main, grimpeur aguerri aux chutes, il nous désigne une brèche par où se hisser. Il partage ses visions, se fait conteur, éclaireur, compagnon.

     

     Il y a un sens à trouver à tout ce que nous vivons ou craignons de vivre : il s’agit de guérir. Et le poète-guérisseur trace des chemins de mots comme autant de formules pour briser les maléfices. Du latin malefacio : faire du mal.

     

    CGC