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Rechercher : il pleuvait des oiseaux

  • Angela Bacon-Kidwell - Narrow escape (16 avril 2013)

     angela bacon-kidwell narrow esacape 16 04 2013.jpg

    Tout homme dans la terre pétrit ses rêves et ce qui reste des dieux que nous n’attendons plus.

     

    Devant la beauté grave des femelles, les désirs se font crépusculaires.

    Elles portent l’automne comme un fétiche, dans la paume noire du corps brûlé des villes.

     

    Oubli des sources folles, des paroles d’oiseaux.

     

    La houle du sillon ventral tâtonne dans la bouche obscure. Se fraye un passage. Anges, couteaux et satin. Dans l’embrasure, ne pas céder à la panique.

     

    S’y résoudre. Erosion, usure de l’éros.

     

    Kabuki, peau, entailles.

    Je vous laisse l’obscure extase de l’effroi.

     

     

    Cg in Le Poulpe et la Pulpe (Cardère 2011)

  • Vénus Khoury Ghata

    Qui a dit qu’il était mort

     On a simplement clos les volets de ses paupières

     Et allumer un cierge pour rassurer son ombre

     

    Son nom gravé dans la pierre ?

     C’est pour apprendre aux oiseaux la dictée

     Et ce trou de cimetière ?

     C’est pour compter les orteils du cyprès

     Pour l’abriter puisqu’il pleut dans sa maison

      

    Qui parle d’enterrement ?

     Il a déménagé dans la terre

     Pour percer avec un chardon 

     

      in la Voix des arbres

     

     

     

     

  • Comte R. de Dalmas - Le vent - 1926

    Comte R. de Dalmas • Le vent, 1926_n.jpg

     

     

    Aussi, je m’absente, afin que si mon personnage se referme, il ne se referme que sur le vide. Et je est ailleurs, je est nulle part, je est partout. Dans les nuages en transhumance, dans la langue infatigable de ma fille, dans le chant du coucou, dans l’avion qui troue le ciel, dans les arbres en attente de l’orgasme printanier et le couple d’oiseaux qui se chamaille, dans le trésor des buis agités par le vent, la mousse qui veloute les murets, dans ce morceau sec de genévrier, dans la crête rouge vif de Cerridwen, dans le jaune d’or du grain de maïs qu’elle vient de gober, dans les pelures de mandarine qui tranchent sur le délavé des pelouses sèches, dans la croix du corbeau à l’aplomb de ma tête.

     

    cg in Calepin paisible d'un pâtresse de poules

    (Ed. Nouveaux délits, coll. les délits vrais n°2, 2012)

     

     

     

  • TR Ericsson - Untitled from ‘Étant Donnés’, Powdered graphite on paper, 2011

    TR Ericsson Untitled from ‘Étant Donnés’, Powdered graphite on paper, 2011.jpg

     

    S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les fous, les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception en résonance avec  le monde des formes, mais totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie.

     

    Premier grondement de tonnerre, haut dans le ciel.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

     

  • André Laude

    Quand tu seras devenue très belle

     A force de souffrir

     Quand tu seras devenue très belle

     Je m’approcherai sur la pointe des ailes

      

    Je toucherai tes paupières

     Ton torse tes seins

     Et surtout tes jambes

     Je toucherai aussi tes blessures

      

    Je tendrai l’oreille vers ton cœur

     Comme si la nouvelle saison

     Devait surgir du sud de ton être brûlé

     J’écouterai car dès aujourd’hui je crois aux oiseaux de ton sang

     

     In Riverains de la douleur

     

     

     

     

  • Bing Wright

    Bing Wright 4_n.jpg

     

    Dans le Simurgh, devant le palais vide, les oiseaux comprennent qu’ils sont eux-mêmes chacun le propre roi de tous et chacun.

     

    Dieu se reflète et son reflet est fragmenté. Chacun de ses fragments a donné naissance à une création, une séparation, une division et la multiplication infinie des possibles. Tout se résume à la souffrance. Dieu est amnésique, Dieu égaré dans ses milliards de reflets ne se souvient plus de lui-même mais une étincelle en chacun de nous se souvient de ses origines. Celles antérieures à la séparation, à la temporalité, à la mort car nous y sommes, c’est maintenant que nous vivons notre mort.

     

    Nous mourrons depuis le premier jour de notre conception, c’est inscrit dans nos cellules.

     

    cg in Journal 1999

     

     

  • Marlène Tissot

     

    Il punaisera la lune en haut d’un building

    pêchera des sourires dans une rivière orange pulpeuse

    il fera sonner son réveil à trente-deux heures soixante-six

    pour observer la pluie de rêves filants

    il picorera l’amour dans la gorge des oiseaux

    (…)

    Et puis un soir il épousera une colombe en robe d’été

    à la lueur d’une catastrophe nucléaire ou boréale, il hésite encore à ce sujet

    mais pour l’instant, il doit

    se raser

    se doucher et

    arriver à l’heure au bureau

     

    in Celui qui essayait d’être un homme comme les autres

    Microbe n°75

     

     

     

  • André Laude

     

    En traversant le pays des morts

     

    En traversant le pays des morts

    en route vers Aden les terres d’Arthur Rimbaud.

    Je suce mes doigts à cause de la soif

    de la malaria, du cancer des os.

    Je songe à la Bretagne,

    aux femmes aux hautes coiffes.

    Je songe aux piroguiers du fleuve Zaïre.

    Je songe aux oiseaux bariolés d’Amazonie.

    Je songe au sexe chaud de l’indienne

    à la tombée de la nuit.

    Je songe à une espèce de poème

    déclamé par un fou de génie

    qui ferait taire les perroquets verts.

     

     

     

  • Heptanes Fraxion

     

    masque qui rend célèbre
    masque qui rend invisible
    masque qui permet d'accéder à d'autres réalités
    pantins poupées personnages

    morceaux du monde qui tombent à travers un ciel troué
    l'obscurité se fait et ce n'est pas la nuit

    fou comme la maladresse devient habile
    fou comme les impasses deviennent parfaites pour un nouveau départ
    promis
    quand la fatigue remplace la peur il y a des chutes qui ne font pas mal
    l'obscurité se fait et ce n'est pas la nuit

    ville chaude lubrifiée par la violence
    ville chaude séchée par la méchanceté
    tandis que certaines peaux font du bruit
    certaines caresses blessent
    le sol lui semble toujours prêt à m'avaler
    fleurs mortes qu'emportent les oiseaux pragmatiques
    l'obscurité se fait et ce n'est pas la nuit

     

     

  • Inna Kapustenko

     

    Inna Kapustenko_n.jpg

     

    Veuillez, je vous prie, me laisser procéder à ma défragmentation. Laissez-moi me rassembler, me ressembler, contempler le temps qu’il faudra la belle couleur orangée de cette tisane qui n’a rien coûté si ce n’est le gaz pour amener l’eau à ébullition. Il y a encore quelques sources buvables et gratuites. Il y a encore des fleurs sur des arbustes qu’on débroussaille au tractopelle. Il y a cette incroyable faculté du monde végétal de continuer à germer, à jaillir, à grandir, à pousser sans qu’on ne le lui demande. Quelques boutons de pissenlit, quelques feuilles de mélisse et le corps jouit d’être compris, tandis que les oiseaux cherchent ce qu’il faut pour faire leurs nids.

     

    cg in (c)Ourse bipolaire

     

     

     

  • Winslow Homer - Sunshine and shadow

    Winslow Homer_ Sunshine and shadow.jpg

     

    Le hamac, à mi-chemin entre la chenille et l’oiseau, se balance accompagné des percussions à bec de la sittelle.

     

    Le vent froisse les ramures, frissons de feuilles, chute des glands où dorment les rêves d’arbres futurs. C’est l’heure du goûter des oiseaux.

     

    Un papillon blanc agite ses pages, la douceur y inscrit un poème éphémère.

     

    Je tangue sereine entre terre et ciel, le ciel aussi sous nos pieds, on l’oublie trop souvent.

     

    cg in Chroniques du hamac, à tire d'ailes 2008

     

     

     

  • Elfi Cella

     

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    Ici l’obscurité a des reflets. Au fond des puits précieux, gisent des clés, mais rien ne se dit, tout se tait.

     

    Ici s’achèvent les cycles, grande mer minérale, sa longue chevelure agitée d’oiseaux.

     

    D’ici on ne repart plus, les jambes prises, langueur ensorcelée que seul le vent sait rompre. Pour partir il faut des ailes, les ailes sont si lentes à pousser et la nuit exhibe ses étoiles, si vous saviez, il y en a tant, étranges cristaux rivés au triangle obscur du ciel.

     

    Ici est le pays des mondes souterrains, méandres secrets, sources blanches, tanières où veille le gibier des rêves.

     

    Ici est le pays où on est seul ensemble.

     

     

    cg in Chroniques du hamac, à tire d'ailes 2008

     

     

     

  • Graciliano Ramos

     

    Dans les mois de sécheresse les rares habitants de ces pays perdus étaient occupés à creuser des abreuvoirs dans le sable, à couper des branches de mandacaru pour les troupeaux qui s’épuisaient sous les piqûres des tiques. On doublait les filets. Les mains saignaient à ce dur travail, on soignait les pieds blessés avec du suif fondu sur la braise. Aucun nuage n’assombrissait les jours sans fin ; des vols sinistres d’oiseaux migrateurs déchiraient le bleu du ciel ; les branches des arbres n’étaient plus que des brindilles noires, les feuilles se desséchaient ; sur le sol blanc et lisse du potager s’ouvraient de grandes crevasses. 

    in Enfance

     

     

     

  • Octavio Paz

     

    Tu as tous les visages et aucun,
    Tu es toutes les heures et aucune,
    Tu ressembles à l'arbre et au nuage,
    Tu es tous les oiseaux plus un astre,
    Tu ressembles au tranchant de l'épée
    Et à la coupe de sang du bourreau,
    Lierre qui avance, enveloppe et déracine
    L'âme et la divise d'elle-même,
    Écriture de feu sur le jade,
    Crevasse dans la roche, reine des serpents,
    Colonne de vapeur, source dans le roc,
    Cirque lunaire, pic des aigles,
    Grain d'anis, épine minuscule
    Et mortelle qui donne des peines immortelles.


     

     

     

  • Donal Boyd

    Donal Boyd 0de.jpg

     

    Dans l’œil du pachyderme se reflète la mémoire de la Terre, sa peau est comme l’écorce de l’arbre, on peut y lire en braille. L’ange écarlate a révélé aux hommes qu’un seul œil d’éléphant contient tout le cosmos, que sa marche puise aux racines communes à tout le vivant, qu’il est un roi paisible et plein de sagesse qui montre le chemin. Celui qui voyage sur la piste de l’éléphant trouvera plénitude et douceur, son âme sera légère comme le vol des oiseaux-nuages et son cœur empli de lumière. Il sera un baume d’amour pour tous ceux qui croiseront sa route.

     

    texte d'atelier, 25 février 2020