O.
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Aux commandes du sous-marin : Capitaine Mouton et Enseigne Plume
Le lapin, maitre du temps, est prêt pour la manœuvre. Le sous-marin-maison est paré à plonger. La météo est mauvaise. Des moutons se sont formés sur la mer houleuse. Mais déjà les balises du quai s’éloignent, le vaisseau va s’enfoncer dans les abysses. La biche, légère comme une plume, a juste le temps de sauter pour s’embarquer dans l’aventure. Elle est clandestine, elle paiera la traversée avec son diadème…
L.
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Des moutons dans le sous-marin à plume
- Raconte, Mamie, raconte l’histoire d’Alice au pays des merveilles !
- Oh, mais c’est qu’il est tard, il serait plutôt l’heure de compter les moutons…
- Allez, Mamie, s’il te plait, raconte un petit peu, je n’ai pas sommeil !
- Bon d’accord, alors écoute bien car cette histoire-là, personne ne la connaît. Ce n’est pas l’histoire d’Alice mais une histoire qui parle du lapin blanc, tu sais, celui qui est toujours pressé.
- Oh oui, Mamie, raconte, raconte !
- Et bien, s’il est si pressé ce lapin blanc, c’est qu’il doit prendre le sous-marin à plume qui part toujours en avance sur son heure. Personne ne sait que c’est un sous-marin, seulement le lapin blanc et l’équipage, il ressemble à une maison, une belle maison bleue à colombages mais dès que le lapin est à bord, un mécanisme se déclenche sous la maison et celle-ci plonge dans les abysses. C’est la Reine immortelle des biches qui en est le capitaine et c’est elle qui commande le sous-marin grâce à une plume de l’Oiseau d’Or. Et sais-tu pourquoi le lapin blanc doit monter à bord tous les jours sans exception ?
- Non, Mamie…
- Pour aller chercher des moutons qui nagent sous la mer et les ramener à temps pour la nuit afin que les enfants qui n’ont pas sommeil puissent les compter, veux-tu les compter avec moi ?
- un… deux… trois… … …
Et Mamie de souffler sur la bougie et de partir sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller l’enfant endormi. Voilà, l’histoire est finie !
C.
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Un mouton à plumes dans un sous-marin
En apparence c'est une histoire enfantine, un lapin en feutrine sorti tout droit des abysses pour faire croire aux enfants que le monde est joli. Ce pourrait être un mouton, une oie blanche, ou tout autre bestiole… tout est permis quand on se sert de sa plume pour écrire des histoires qui n'ont ni queue ni tête ! Quant à la maison bleue, déposée sur un engin sous-marin, elle flotte au milieu de l'océan en compagnie des méduses… une Arche imprenable pour abriter les rêves !
O.
L.
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Le lendemain : l’énergie d’un zèbre
L'explosion a eu lieu un matin de septembre. Du monde, c'en était fini, quand vers midi le soleil est réapparu avec un improbable zèbre qui bondissait dans sa lumière. D’une énergie phénoménale, il a franchi le mur des lourds nuages de poussière, propulsé dans un lendemain inattendu où les capteurs solaires, déjà en action, redonnaient couleur et vie à chaque chose. Un oiseau rescapé observait le changement, intrigué par un canapé bleu. Colette est revenue du jardin comme chaque jour avec des légumes frais. Seul, un hippopotame est resté immuable, une image perdue entre deux mondes… Pour combien de temps ?
O.
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Énergie zèbre du lendemain
Il s’apprêtait à préparer son souper — avec trois betteraves et quelques radis du jardin, ce serait un festin d’hippopotame ! — quand il entendit à la radio la nouvelle ! Elle a fusé comme un zèbre dans l’espace ! Une nouvelle source énergie venait d’être découverte : propre, gratuite, illimitée, le monde entier allait en profiter, ce n’était pas l’énergie de demain mais celle de l’instant présent, celle d’ici et maintenant, déjà là, insoupçonnée… Grâce à elle, tous les problèmes de la planète allaient être réglés, une aube de paix et des lendemains sereins pour toutes et tous ! Il s’était assis sur son canapé bleu électrique avec sa passoire de légumes à la main qui lui paraissaient soudain plus brillants. Il restait là, tout ouïe, se demandant ce que pouvait être cette découverte si extraordinaire et puis soudain la radio fût coupée ! Plus rien , grand silence ! Le plus total et le plus absolu silence.
C.
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L’énergie du lendemain est un zèbre
Le cosmos dans une explosion inimaginable a craché des soleils, des couleurs, des matières que l’on peine à se représenter… à part assis dans son canapé devant un bon doc de vulgarisation scientifique. Ce grand chambardement a créé, dans une orgie d’énergie, les zèbres, les oiseaux, les hippopotames, l’homme … et les radis. Et comme les lendemains sont un éternel recommencement, l’homme scrute le ciel des fois qu’un grand trou noir finisse par tout reprendre. Enfin, on mate surtout pour voir si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs vu qu’ici ça commence à sentir le roussi.
L.
C.
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Cages penchées en strates
L’homme se balance dans sa cage dorée. Il se languit de son pays aux mille maisons blanches. Il est seul et déambule entre les strates de sa pensée décousue. Il sent encore le parfum des femmes au teint d’albâtre et à la peau douce. Il prie parfois, un peu, mais les tourments de la perte du paradis sur terre le consument. Il se balance, penché sur son passé. Tel un singe prisonnier rêvant d’espace, il pleure.
L.
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Une cage penchée sur les strates
Enfermés dans leurs cages, les grands singes postés en observateur, penchés sur leur bonheur oublié racontent :
La ville était lumière mais le danger partout. Combien de fois le monde aurait basculé s'il n'y avait pas eu la vigilance de leurs frères ? Ils ont su éviter la catastrophe, soutenant les immeubles condamnés, cependant quelques femmes ont été emmurées ou changées en statues de marbre et certains hommes ont été condamnés à périr au pilori… Ils ont vu les strates des âges perdus se superposer par vagues successives d'espoirs ou de malheurs… Que reste-t-il de tout ce charivari ?... Une maison bleue accrochée à la colline et une bassine pour se rafraîchir les pieds douloureux !
O.
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Se pencher sur les strates de la cage
Pin-up rupestre, homme au bûcher, des vagues sur les toits du monde avant que le théâtre ne s’en écroule. Petite maison dans la prairie, couple improbable du futur, penseur perché sur sa chaise de cirque, strates sur strates penchées sur leurs reflets, millefeuille d’un monde qui bouillonne et se glace, se fige et se consume. Tristesse, incarnée en grands singes dans la cage de mon mental qui se contorsionne pour en sortir tandis que mes pieds prennent un bain d’eau froide parfumée au cyprès. Si près, si près de quoi ? Du ciel ou de l’abîme ?
C.
Merci à toutes !