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La divine terrienne de Walter Ruhlmann

A Cathy G.

 

Bien sûr que je la vois! Dans la caverne, la grotte peut-être, une cave naturelle où les humains dessinaient des formes et des lignes en soufflant du carmin, de la poussière de charbon, de la poudre d'ailes de papillons, où les pollens restèrent collés et où ils suçaient quelques os de proies chassées toute la journée.

 

La poitrine de la déesse est lourde et son bassin large, elle a les pieds sur terre et dessinée ou modelée d'argile terrestre. Le mâle porte des cornes, cette silhouette un peu bestiale a aussi un pénis gigantesque.

 

Quelque part, sous un arbre, derrière un abri, où les gouttes de rosée s'attardent après la bruine de l'aube, je peux aussi voir une forme imprécise, comme si la femelle elle-même voulait se cacher du reste du groupe, comme timide, ou cachant quelque secret honteux dans les replis de sa mémoire. A-t-elle de longs cheveux? Peint-elle son corps avec les pigments offerts par cette terre splendide, cette terre de richesses, salie et dévastée par leurs descendants? Me verra-t-elle caché dans un coin, derrière un buisson, caché dans les arcanes de son cerveau, caché mais visible à quiconque voudrait me voir?

 

Qu'elle soit Mélusine, Lilith, Morgane ou Pele – peu importe – eau, terre, air, feu, les quatre éléments sont en elle.

Elle peut les tailler en artefacts, mots, oeuvres d'art, paroles de chansons, poèmes, cartes de voeux ou impressions, sans aucun artifices ou pétarades.

Elle les détient simplement quelque part dans les profondeurs de son cerveau reptilien, cette reine lézard qui ne porte rien que sa peau rose.

Elle a hérité du pouvoir de la déesse Minoéenne aux serpents et des Amazones: fille de la sorcellerie, sagesse incarnée, sage femme, soigneuse, nourrice et nouricière, attentive mère.

 

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(c)Cathy Garcia

 

 

The Divine Earthling

for Cathy G.

 

Why, yes! I can see her in the cavern, the cave maybe, a natural cellar where humans drew shapes and lines blowing carmine, coal dust, powder from the wings of the butterflies, where pollens stuck and where they sucked the bones of some prey they hunted all day.

 

The goddess has heavy breasts and a large womb, she has been drawn to earth, drawn or modelled with earthling clay. The male wears horns, the beast-like figure also has a gigantic penis.

 

Somewhere, under a tree, behind the shed, where dew drops linger after the dawn drizzle, I can also see some unclear shape, as if the female herself wanted to hide from the rest of the people, as if she was shy, or sheltered some shameful secrets within her. Has she got long hair? Does she paint her body with pigment offered by this land of beauty, land of plenty, stained and fouled by what their heirs will do? Will she see me hiding in a corner, behind a bush, hidden in the corner of her brain, hidden but visible to whoever wants to see me?

 

Whether she is Melusine, Lilith, Morgan or Pele – no matter – water, earth, air, fire – the four elements are hers.

She can carve them into artefacts, words, art, lyrics, craft, poems, cards or notes, not using artifices or fire-works.

She just has them somewhere deep in her reptile brain, lizard queen wearing nothing but pink skin.

She has the powers the Minoan Snake Goddess and the Amazons transmitted to her – daughter of witchcraft, wise woman, midwife, nurse, nurturing and catering, caring mother.

 

Walter Ruhlmann

 

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