Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

RÉSONNANCE & COPINAGES

  • Friedrich Nietzsche

     

    Il se dresse fièrement tout en haut de la pyramide du progrès universel, et en posant dessus la clé de voûte de sa connaissance, il a l’air d’apostropher la nature soumise alentour : “Nous sommes au but, nous sommes le but, nous sommes la nature achevée.” Européen superfier du dix-neuvième siècle, tu as la tête qui fume ! Ton savoir n’achève pas la nature, mais il tue la tienne. 

     

    in Utilité et inconvénient de la connaissance historique pour la vie, 1874

     

     

  • Entetien avec Caroline du Saint

     

    Un-Deni-francais-Enquete-sur-l-elevage-industriel-2039841350.jpgDans cette interview puissante et éclairante, Caroline du Saint, autrice et réalisatrice du documentaire L’Usine des animaux (Arte) et du livre Le Déni français, démonte méthodiquement les mécanismes qui empêchent de voir la réalité de l’élevage industriel en France. Ce grand mensonge, à base d’images rassurantes de vaches dans les prés et de récits de petites fermes familiales, est largement relayé par l’industrie, les politiques, la publicité… mais aussi par notre propre désir de croire que tout va bien. Caroline du Saint s’appuie sur son enquête internationale, son expérience de terrain (France, Pologne, Vietnam, États-Unis…), et une analyse historique, politique, économique et psychologique, pour révéler un déni collectif aussi puissant que dévastateur.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Shrouq Aila : « Mon regard est une fenêtre sur Gaza »

    "Le 3 septembre paraîtra le numéro 19 de La Déferlante intitulé « S’informer en féministes ». À cette occasion, cet été, nous donnons la parole à des personnes qui s’engagent pour une information fiable et indépendante. Premier d’une série de quatre : le témoignage de Shrouq Aila, journaliste palestinienne à Gaza qui, dans des conditions extrêmement difficiles, couvre le génocide en cours pour de nombreux médias français, dont le groupe France Télévisions ou Mediapart"

     

    Shrouq Aila a 31 ans, elle est journaliste, productrice et réalisatrice, mère d'une petite fille, son mari, le journaliste Rushdi Sarraj a été tué dans un bombardement israélien en octobre 2023.

    Il faut lire son témoignage, ici : https://revueladeferlante.fr/shrouq-aila-mon-regard-est-une-fenetre-sur-gaza/

     

     

     

  • Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd'hui

    60641593-2454990064.jpg

    Paru chez Points, coll. Point poésie, éd. 2022

     

     

    Un de ces jours
    j’arracherai la porte
    et me mettrai debout à sa place
    afin de m’interdire de sortir
    vers la fosse du monde

    Mazen Maarouf

     

    Cette anthologie pose un acte fort : réunir les plumes les plus prometteuses de la nouvelle poésie palestinienne, rompre le silence en redonnant une voix à celles et ceux qui vivent aujourd’hui dans la pénombre de l’impasse, presque invisibles, en tout cas inaudibles. S’y révèle un champ poétique entièrement renouvelé, espace sans limites où tout est encore possible : écrire, aimer, rêver, voyager loin, penser librement.

     

    « Jamais auparavant nous n’avions eu, venant de l’aire culturelle à laquelle ces femmes et hommes appartiennent, une poésie s’inscrivant avec autant de naturel dans ce qui se fait de plus pertinent, de plus percutant en matière de poésie contemporaine. »

    Abdellatif Laâbi

     

     

  • Naomi Klien & Astra Taylor - La montée du fascisme de la fin des temps

    Dans la revue Terrestre, traduction réalisée par Nicolas Haeringer de « The rise of end times fascism », un long article de Naomi Klein et Astra Taylor paru dans The Guardian le 13 avril 2025.

     

    "La mouvance des cités-États privées n’en croit pas ses yeux1. Pendant des années, elle a défendu l’idée radicale que les ultra-riches, rétifs à l’impôt, devraient créer leurs propres fiefs high-techs – qu’il s’agisse de pays entièrement nouveaux sur des îles artificielles dans les eaux internationales (des « implantation maritimes ») ou de « villes libres » dédiées aux affaires, telles que Próspera, une communauté fermée adossée à un spa de l’ouest sauvage sur une île du Honduras2.

    Pour autant, en dépit du soutien de figures majeures du capital-risque telles que Peter Thiel et Marc Andreessen, leurs rêves libertariens radicaux ne cessaient de s’enliser : il semble que la plupart des riches qui ont un peu d’estime d’eux-mêmes ne souhaitent en réalité pas vivre sur des plateformes pétrolières flottantes, même s’ils y paieraient moins d’impôts. Quand bien même Próspera serait un lieu de villégiature agréable, propice à des « améliorations » physiques3, son statut extra-national est actuellement contesté devant les tribunaux.

    Ce réseau autrefois marginal se retrouve aujourd’hui brusquement à frapper à des portes grandes ouvertes, au cœur même du pouvoir mondial.

    Le premier signe que la chance tournait remonte à 2023, quand Donald Trump, alors en pleine campagne, sortait de son chapeau l’idée d’organiser une compétition, qui déboucherait sur la création de dix « villes libres » sur des terres fédérales. À l’époque, ce ballon d’essai est passé inaperçu, noyé dans le déluge quotidien de déclarations outrancières. Mais depuis que le nouveau gouvernement a pris ses fonctions, ceux qui aspirent à créer de toutes pièces de nouveaux pays mènent une campagne de lobbying intense, déterminés à ce que l’engagement de Trump devienne réalité.

    « À Washington, l’ambiance est vraiment électrique », s’est récemment enthousiasmé Trey Goff, le secrétaire général de Próspera, après s’être rendu au Capitole. La législation ouvrant la voie à de nombreuses cités-États privées devrait être finalisée d’ici la fin de l’année, affirmait-il alors.

    Inspirés par leur lecture tronquée du philosophe politique Albert Hirschman, des personnalités comme Goff, Thiel et l’investisseur et essayiste Balaji Srinivasan promeuvent ce qu’ils appellent « l’exit » – soit le principe selon lequel ceux qui peuvent se le permettre auraient le droit de se soustraire aux obligations de la citoyenneté, en particulier aux impôts et aux réglementations contraignantes. En remodelant et renouvelant les vieilles ambitions et les anciens privilèges des empires, ils rêvent de briser les gouvernements et de diviser le monde en havres hyper-capitalistes. Ceux-ci seraient dépourvus de démocratie, sous le contrôle exclusif des ultra-riches, protégés par des mercenaires privés, servis par des robots intelligents et financés par les cryptomonnaies.

    On pourrait penser qu’il y une contradiction à ce que Trump, élu sur son programme-étendard « l’Amérique d’abord », accorde du crédit à cette vision de territoires souverains dirigés par des milliardaires rois divins. De fait, on a beaucoup parlé des luttes de pouvoir que mènent Steve Bannon, porte-parole du courant MAGA [Make America Great Again, ndt], fier populiste patriote, contre les milliardaires ralliés à Trump qu’il traite de « technoféodalistes » qui « n’ont rien à foutre de l’être humain » – et encore moins de l’État-nation. De fait, les conflits au sein de la coalition bancale et bizarroïde montée par Trump sont à l’évidence légion, et ont récemment culminé à propos des droits de douane4. Pourtant, les visions sous-jacentes ne sont pas forcément aussi incompatibles qu’elles n’en ont l’air.

    Pour le dire crûment, les personnes les plus puissantes au monde se préparent pour la fin du monde, une fin dont elles accélèrent frénétiquement l’arrivée.

    Le contingent des « aspirants créateurs de pays » envisage très clairement un avenir défini par les chocs, les pénuries et l’effondrement. Leurs domaines privés, ultra-modernes, ne sont rien d’autre que des capsules de sauvetage fortifiées, conçues pour qu’une petite élite puisse profiter de tout le luxe imaginable, et bénéficie de chaque opportunité d’optimisation humaine susceptible de leur offrir, ainsi qu’à leurs enfants, un avantage décisif dans un avenir de plus en plus barbare. Pour le dire crûment, les personnes les plus puissantes au monde se préparent pour la fin du monde, une fin dont elles accélèrent frénétiquement l’arrivée.

    En soi, ce n’est guère différent de la vision, plus orientée vers les masses, de « nations forteresses », qui définit la droite dure partout dans le monde, de l’Italie à Israël en passant par l’Australie et les États-Unis. À l’ère des périls permanents, les mouvements ouvertement suprémacistes de ces pays veulent transformer ces États relativement prospères en bunkers armés. Des bunkers dont ils sont déterminés à brutalement expulser et emprisonner les êtres humains indésirables (même si cela passe par un confinement à durée indéterminée dans des colonies pénitentiaires extra-nationales, à l’instar de l’île de Manus5 ou de Guantánamo). Leurs promoteurs sont également sans pitié dans leur volonté de s’accaparer violemment les terres et les ressources (eau, énergie, minerais critiques) qu’ils estiment indispensables pour absorber les chocs à venir.
    Pawel Czerwinski sur Unsplash.

    Au moment où les élites de la Silicon Valley, autrefois laïques, découvrent Jésus, il est remarquable que ces deux visions – l’État-privé à pass-priorité et la nation-bunker à marché de masse – partagent tant avec l’interprétation fondamentaliste Chrétienne de l’Enlèvement biblique, soit le moment où les fidèles sont censés être élevés au paradis, vers une cité dorée, tandis que les damnés seront abandonnés ici-bas, pour endurer la bataille apocalyptique finale.

    Si nous voulons être à la hauteur de ce moment critique de l’histoire, nous devons admettre que nous ne faisons pas face à des adversaires similaires à ceux que nous connaissons. Nous faisons face au fascisme de la fin des temps.

     

    (...)

     

    Suite à lire ici : 

    https://www.terrestres.org/2025/07/16/la-montee-du-fascisme-de-la-fin-des-temps