Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis de Luis Sepulveda
illustrations de Joëlle Jolivet, Métailié avril 2013
80 pages, 11 €
Vous vous souvenez de L’histoire d’une mouette et du chat qui lui a appris à voler ? Et bien, Luis Sepúlveda nous revient avec une nouvelle histoire de chat aussi belle que la première. Une histoire sensible, pleine de douceur et de bons sentiments, qui font du bien au cœur et à la tête.
« Je pourrais dire que Mix est le chat de Max mais je pourrais aussi indiquer que Max est l’humain de Mix. Cependant, comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit le propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre ».
Max et Mix vivent à Munich, dans une rue bordée de grands et beaux marronniers. Max est un petit garçon et Mix un chaton. Chacune de leurs aventures est l’occasion d’une leçon d’amitié et les deux amis grandissent heureux ensemble. Mix devient un beau chat « adulte, fort et vigoureux », et Max « un adolescent qui se rendait chaque matin à l’école à bicyclette », tandis que Mix allait courir sur les toits et chacun veillait sur la liberté de l’autre, comme le font les vrais amis.
Puis Max devint « un jeune homme plein de projets et de rêves » et Mix commença à vieillir. A dix-huit ans, quand Max prit un appartement, il prit Mix avec lui. « Mix s’habitua très vite à la nouvelle maison, tout en haut d’un immeuble de cinq étages, et il prit l’habitude de s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre, avec l’attention des chats pour tout ce qui se passait de l’autre côté des vitres ». Max lui avait aussi aménagé une trappe pour qu’il puisse se rendre sur les toits, et ainsi la vie s’écoula sans heurts. Max et Mix étaient bons l’un pour l’autre comme le sont les vrais amis.
Hélas, un jour Max s’aperçut que Mix n’y voyait plus comme avant, pire, qu’il n’y voyait pas du tout. « Le diagnostic fut cruel, dur, inattendu, Mix était aveugle ». Aussi, Max fit en sorte que plus rien ne bouge dans l’appartement, afin que Mix sache s’y retrouver, car ainsi sont les amis, ils s’entraident, même et surtout dans les grandes difficultés de la vie. Max se mit à travailler de plus en plus, Mix était seul toute la journée, son ouïe devint de plus en plus fine, il passait son temps à écouter les sons, dedans, dehors, des autres appartements… Un jour « il entendit des pas menus, très menus mais rapides s’approcher, s’arrêter et se rapprocher de nouveau (…) avec la rapidité de ses plus belles années, Mix lança une de ses pattes de devant et sentit un petit corps tremblant sous ses coussinets ». C’est ainsi que Mix fit la connaissance et vice et versa, d’une souris du Mexique, échappée d’un appartement du dessus. La souris n’a pas de prénom, aussi elle s’appellera Mex.
C’est donc la plus étonnante amitié que fait naître Luis Sepúlveda sous sa plume, qui une fois encore nous enchante. Une grande et profonde leçon de générosité et d’humanité, dont paradoxalement, les animaux sont loin d’être exempts, surtout quand on les aime comme Sepúlveda, comme il nous le confiera à la fin du livre en racontant comment lui est venue l’inspiration de cette histoire. L’Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, à lire pour soi ou en famille et se faire du bien au cœur et à la tête.
Cathy Garcia
Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l'engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/histoire-du-chat-et-de-la-souris-qui-devinrent-amis-luis-sepulveda