Otto Dix
1924
MADEMOISELLE GUERRE
Sa main de gaze
Aux ongles aiguisés
Se chauffe à l’extase
Au feu du massacre
Dans les champs de lys
Ce sont des brassées d'âmes
Qu'elle cueille en souriant
Sur des brancards en larmes
Et elle fauche heureuse
Hommes femmes et enfants
La pâle moissonneuse
Aux longs jupons sanglants
A la guerre comme au bal
Valse au rythme des bombes
Vous jure qu'il n'y a pas de mal
A faire pousser des tombes
Cette Cendrillon vous cuisine
Si l’envie la chatouille
Bien avant minuit
Purée de citrouille
Ah messieurs cette maîtresse
Vous couche mieux qu'aucune femme
À cette fielleuse ogresse
Vous rendrez corps et âme.
cg 1995
in Guerre et autres gâchis,
éd. Nouveaux Délits 2014