Robert Auer et La femme que tu cherches
LA FEMME QUE TU CHERCHES
je suis une mère une sœur
énergie lumineuse enveloppante
je suis l’étoile charnelle chaude et vibrante
je suis la mer la lune tiède
le pansement doux de tes blessures
je suis un courant continu
la soie d’une chair appétissante
le calice de tes soupirs
je suis le corps toi naufragé la rive
où tu ne cesses de buter
je suis une bête de lit miauleuse jouisseuse
une arche de tendresse une manne une nef
je suis un souffle une fièvre une fente à polir
la danseuse sur l’arbre le creux dans la terre
je suis la visqueuse
créature de ton âme
l’émeraude fendue
de ton crâne
je suis l’amazone de tes égarements
la cavalière de tes orages
je suis le sable la vase
la bauge noire de tes sens
je suis la vague la langue
le vampire et pire encore
je suis l’oiseau blanc qui boit
le sang des astres
je suis le matin qui découd tes paupières
poisson qui glisse entre tes doigts
le jus que tu tires de moi
le sucre sur tes lèvres
ma morsure à tes rêves
adolescents
je suis le chat qui guette
la douce impasse la ruelle
le délice à lécher
recrudescence enténébrée
de ton sexe je suis
je suis depuis longtemps
la femme que tu cherches
cg in Salines
(In Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique, 2010)