l'oeil & la plume : Juste un peu de poussière ?
Les mouches fermières ronronnent sur la peau de lait. Déguisé en mendiant, un bleuet part en fumée. Sur les toits, une pie s’effarouche et dans les herbes hautes, les cailles s’endorment en rêvant à des nids sur la lune. Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.
Aux portes de la ville, valse de muses infécondes. Cantiques de murailles à faire froid dans le dos. La langue râpeuse de l’étranger, sa langue hachée, servie juste trop cuite à ceux qui pensaient pouvoir l’avaler. Des gorgones, des maux de têtes apparaissent les soirs de grand vent. Ces soirs où les passants passent comme des mortes-feuilles, où les enfants s’accrochent aux lampadaires qui urinent sans façon sur des chiens vêtus de noir.
Dans les jardins publics, qu’il vente ou qu’il pleuve, les mantes non religieuses sucent des fourmis à miel. Cela offusque et excite les vieilles coquettes, chapeau, gants, eau de violette. Diamants concassés dans leurs regards éteints.
Oui, juste un peu de poussière.
cg 2000
in Trans(e)fusées
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