Revue Nouveaux Délits - édito du numéro 51
C’est un numéro qui sent l’anisette, non ? Et pourtant l’été est loin, le printemps encore frileux, faut dire que ce n’est pas jojo l’ambiance, on s’attendrait presque à ne voir fleurir que des rosettes tricolores … La peur est depuis toujours une arme de persuasion massive. Il y a de la confusion, beaucoup de confusion dans l’air en ce moment, de menteries et de récupérations, tellement que ça donne envie de se taire pour ne pas en rajouter, se taire et prendre suffisamment de recul pour être capable de sourire encore à l’inconnu, de lui faire confiance, de lui ouvrir sa porte et l’inviter à boire un café bien noir ou un thé bien à la menthe, ou un coup de rouge bien biodynamique, ou une anisette tiens, pourquoi pas ? Même si l’été n’est pas encore là, que le printemps retient sa sève, sachant que même le vert, ça ne plait pas, au point qu’on lui fout du lisier plein la face à ce pialut* avec ses clochettes et ses fleurettes et toutes ces couleurs éclatantes, prêtes à s’exhiber sans pudeur. Donc, se taire oui, fermer sa bouche et déployer sa plume, car il y a bien « trop de chefs et pas assez d’Indiens », alors déployer sa plume, son art, sa syntaxe, sa différence et l’afficher bien haut, paf dans la cible-ciel, qu’il en pleure de joie pour arroser tout le monde, même les cons qui eux aussi ont la plume haute, la plume au fion.
c.g.
*un pialut est un terme dérivé de l’occitan pelut « poilu » utilisé dans le Quercy (pelut dans le Tarn) depuis les années 70 pour qualifier sans grande sympathie les babos à barbe et cheveux longs et aujourd’hui les néo-ruraux à tendance écolo quel que soit leur degré de pilosité… et sans forcément plus de sympathie.
L'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi
alors que c'est lui.
Pierre Desproges