Serge Wellens
" MA NUIT " DIT LE VIEUX
A présent
j'entre dans ma nuit
non plus par l'ombre stérile
du figuier que l'Ombre efface
mais par les yeux grands ouverts
de mon frère le hibou
Nuit hérissée
nuit d'insomniaque
les mots qui l'inventent
courent dans les taillis
brouillant leurs traces
intraduisibles autant
que ces abois qui roulent
dans de lointaines cours
de fermes éteintes
Ainsi va ma nuit
qui ne s'encombre pas d'étoiles
qui sent la pomme fatiguée
tombée de l'arbre
Ma nuit où je suis seul
et chez moi parmi mes tombes
je l'aime et je la cherche dans le noir
j'y cultive mon chiendent.
in Il m'arrive d'oublier que je perds la mémoire