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Alexo Xenidis

 

ET SI JE PARLAIS DE MOI POUR UNE FOIS

 

Je
Regarde

Avec des sentiments mélangés
Découragement colère beaucoup de lassitude et la sensation de mes vanités
Cet énorme tas de papiers ce vomi de mots qui s’incruste
Le monde que je mâchonne et qui ne passe pas
Cette voix de l’habitude parce que j’écris le matin tous les matins
Comme si c’était hygiénique je me lève je pisse je fais un café j’écris
Je ne trouve pas la paix
Je ne trouve pas la paix
Je
Regarde
L’énorme tas de papiers cette bouillasse de sentiments mélangés
Le découragement la colère qui s’enfuit la lassitude qui prend la place
Toute. Toute la place.
Dis Il faut corriger
Enlever tailler couper refaire casser que la fin plaise à Tartempion Que le début soit agréable à Ducon
Foutre aux poèmes des corrections qu’ils chialent un bon coup s’en souviennent
Qu’ils te regardent comme si tu leur faisais peur
Miskin les poèmes comme tout aujourd’hui
Et puis être guerrière et martiale et belliqueuse parler des combats sacrés
Sauf dans la vie bien sûr
In real life tu t’écrases tu lèches ta peine à l’abri des regards
Et tu nettoies derrière
Je
Regarde
Ma vie on dirait l’avant-guerre qui était déjà l’après d’un autre bordel
Les années quarante que je n’ai pas connues
Les fêtes décaties la fièvre des bons mots qui s’empare des foules
On se congratule on moque on se déclare déprimé mais pas dépressif
J’ai envie d’appuyer sur le bouton marche rapide en avant voir
Les fêtes sombrer dans le noir les foules devenues muettes le silence
La terreur soudaine entendre les Si j’avais su
Cesser d’être Cassandre
Ne plus dire je vous l’avais bien dit en pensant je ne l’ai pas assez bien dit
Justement
Je ne trouve pas la paix
Je ne trouve pas la paix
Je ne sais pas où la chercher ni même si elle existe ailleurs que dans mes contorsions
Ces cabrioles de mots ces vieilles grammaires du malheur décaties agitées qui font des phrases
Au Guignol du jardin du Luxembourg quand j’étais petite je me souviens de ma terreur
Il y avait une marionnette qui chaque fois perdait la tête on savait qu’elle allait la perdre
Elle était faite pour cela, son cou s’étirait s’étirait puis sa tête sautait hors du corps
Poupée décapitée je hurlais de peur et je continue à hurler
Le long des sabres qui se soulèvent et des pleutres qui les acceptent en cadeau
En remerciant pour l’honneur qui leur est fait
Je ne trouve pas la paix
Non je ne trouve pas la paix
Juste par instant un répit un moment bref dans un coin du ring sur le tabouret
On me passe une éponge sur le visage et des mains me recousent prestes
Avant que ne sonne le gong pour la reprise pour tituber une fois encore
Les mains brisées sous les gants la bouche qui saigne les yeux qui ne voient plus
Juste un répit le temps que je croie encore à la douceur avant d’oublier
Et que tu me dises que toi et moi ce n’est qu’un intermède une façon de passer le temps
En attendant des amours sérieuses des vraies des qui font rêver et pleurer
Je boxe des fantômes, shadow boxing, jusqu’à l’épuisement, le corps se dérobe
Se défait, s’effiloche, part en fumées en souvenirs s’effondre tombe
Puis repart prendre sa ration de coups dans la gueule et en redemande
Alors la paix
La paix, pourquoi la trouver,
Pourquoi vivre autrement qu’un enfant qui commence un dessin
Puis insatisfait arrache la page et recommence sur une belle page neuve
Le même gribouillis qui soulève le cœur
Je ne me soucie plus d’en être aux dernières pages presque à la couverture
Presque au moment de refermer le cahier
Je marquerai à la place du mot fin
Ceci est recyclable Je recommencerai
Et, de nouveau,
Je ne trouverai pas la paix

 

A.X.

 

 

 

 

 

 

 

 

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