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La revue du mois par Jacmo (Décharge), parle d'Yves Artufel

Chiendents n° 116 : Yves Artufel

publié le 2 mars 2017 , par Jacmo dans Accueil> Revue du mois

 

C’est Georges Cathalo qui a coordonné cette livraison consacrée à notre ami Yves Artufel. Comme souvent dans ce genre de cas précis et spécifique, il est difficile de distinguer l’éditeur du poète.

En effet, Yves Artufel, ça « parle » en poésie comme l’éditeur de Gros textes (200 auteurs, 400 livres). (Son aventure de revuiste est demeurée plus erratique, avec Gros textes, plusieurs séries, et Liqueur 44, et s’est achevée pour l’heure en 2011).

Il y a donc aussi, à part égale, le poète, qui s’est édité lui-même pour 4 recueils (alors que c’est Polder qui publiait son premier recueil en 1999, n° 101). Et quelque part, tout est dit, Yves Artufel qui se met au service des autres (et comment !) pousse la modestie et la discrétion à ne pas solliciter lui-même d’autres éditeurs et préfère ne déranger personne pour se publier tout seul.

Les divers auteurs sollicités hésitent souvent entre l’hommage à l’un ou à l’autre de ce Janus moderne. Une façon d’éviter le hiatus, c’est de célébrer l’homme, le bonhomme qui n’est pas coupé en deux. Roland Nadaus fait la synthèse : Cher Poèteéditeurami… Jean-Pierre Lesieur titre son article : « Yves Artufel, homme à tout faire de la poésie » et conclut plus laudateur : …homme à tout faire et seigneur de la poésie de notre temps. Christian Bulting écrit une critique élaborée de son dernier recueil Il faut repeindre le moteur et souligne son côté « sauvagement libre ». Jean-Claude Touzeil donne trois qualités cardinales et voisines du personnage : « douceur, discrétion et humilité ». Ce que reprend à son compte Georges Cathalo : « Humilité, patience et modestie ». Thomas Vinau offre un poème : ...Il est le cœur battant / saignant / puant / vivant / de la poésie. Ses plus proches insistent sur l’aspect humain, comme Dominique Oury qui écrit : Yves c’est mon ami, ou bien Alain Sagault en écho : Yves, mon ami. Il conclut sa page : … la création la plus authentique consiste à voguer, modestement mais sans concession, à la découverte de l’essentiel tel qu’il peut s’incarner à travers chacun de nous. Jean-Claude Touzeil et François-Xavier Farine insistent sur l’inlassable militant de la poésie ou le militant des autres poètes.

Georges Cathalo a intercalé entre les hommages des auteurs Gros textes des pages tirées des recueils d’Yves Artufel. Christian Bulting et Jean-Claude Touzeil donnent quelques clés de cette poésie qu’on peut qualifier de mineure dans le sens où, comme on l’a compris, il ne s’agit pas d’une poésie sonore, tonitruante et tapageuse, qui prendrait tout le devant de la scène, mais toute la personnalité d’Yves Artufel s’y trouve. Sa fibre libertaire sait domestiquer la vanité qui entrave plus d’un poète. On peut parler de dérision, d’humour fin. Le poète à présent monte sur son cheval à bascule. Il espère qu’il va faire chavirer le monde. On peut parler de désillusion, de désenchantement, mais jamais d’amertume. Les déceptions qui nous sont communes dans le quotidien demeurent souvent l’objet de ses réflexions et de ses écrits. Et il sait en sourire, parfois âprement et nous en faire sourire de même, avec distance. Enfin, autre manière de ne pas se prendre au sérieux, c’est la longueur de plus en plus resserrée de ses poèmes. Et une véritable prédilection pour l’aphorisme, art compliqué de la densité qui doit faire mouche, sans concession, ni au style ni à l’impact sémantique. Conseil valable : fais ce que tu peux. Aux dernières nouvelles, il semblerait que Dieu en soit là. Par ailleurs, Yves sait trouver des métaphores inattendues qu’il file de même façon : Je vais penser à me refaire l’intérieur. Ca fait longtemps que je n’ai pas changé la tapisserie du cerveau, la moquette de l’âme, ni repeint le cœur. Cette façon de comparer deux domaines, de mélanger deux univers peut aboutir au court-circuit créatif et hallucinant : Mon ombre sur le mur se mit à saigner. En outre, Yves Artufel est commerçant-libraire, colporteur, comédien, lecteur…

Artisan-militant, et poète avant tout, poète à la base, poète primordial. Je vais jusqu’à l’horizon pousser ma brouette de décombres. Après on avisera.


Chiendent Yves Artufel : 6 €. 20, rue du Coudray – 44000 Nantes.

Editions Gros Textes, chez Yves Artufel, Fontfourane, 05380 - Châteauroux-les Alpes.
Rappelons que la collection Polder est une collection Gros Textes (en coédition avec la revue Décharge).

 

 

 

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