Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Murièle Modély, un poème tout frais d'hier soir

nana bon pé kolèr dodan mon tét
in fraz apré lot', zot i grimp, zot i mont 
zot i ensèr mon gorg'
bon pé i dit zot i konpran pa moin
mi doi koz franssé
mi doi embrass la tèr, zot tèr
mi doi embrass lo pié, zot pié
mi doi baiss lo zié, mon zié
mi doi mang mon lang
é mi doi rir pli fort que zot mém
kan zot i crach dessu moin mém
mi doi crach pli for su tout band boug
i vien empli le port, i vient empli la mer
toussa kaf, toussa kafrine i grimp, i monte
in fraz apré lot', i vien empli mon gorg'
rand corail, poisson, tout band zafér au fon la mer
noir
noir
noir com lo san 
mi doi rir pli fort, mi doit crache su zot
sak i parl pas com zot, sak i parl pas com moin
parle franssé ti fille / parl françé / parl franssais
ma bo ékri comme mi veu
tout zafér la lé roug', i rempli mon tét 
tout band marmaille lé roug' kan zot i aval é kan mi aval
la mort la mer ek not koulér

 

 

[traduction :
il y a beaucoup de colères en moi
une phrase après l'autre, elles grimpent, elles montent
elles m'étouffent
beaucoup disent qu'ils ne me comprennent pas
je dois parler français
je dois embrasser la terre, leur terre
je dois embrasser les pieds, leurs pieds
je dois baisser les yeux, mes yeux
je dois ravaler ma langue
et je dois rire plus fort qu'eux mêmes
quand ils me crachent dessus
je dois cracher plus fort sur tous ces hommes
qui viennent emplir le port, qui viennent emplir la mer
tous ces cafres, toutes ces cafrines qui grimpent, qui montent
qui une phrase après l'autre viennent remplir ma gorge
rendre les coraux, les poissons, tout ce qu'il y a au fond de la mer
noir
noir
noir comme le sang
je dois rire plus fort, cracher sur ceux
qui ne parlent pas comme eux, qui ne parlent pas comme moi
parle français petite fille/ parle français / parle français
j'ai beau l'écrire comme je veux 
tous ces mots sont rouges, emplissent ma tête
tous ces enfants sont rouges, quand ils avalent et quand j'avale
la mort, la mer et nos couleurs]

 

 

Commentaires

  • Surprise la reprise, j'ai visité son blog hier a-m, il était en pause !!! Et pas de créole en vue.
    Ce texte est terrible.

Les commentaires sont fermés.