Raviver les braises du vivant, un front commun, du philosophe-pisteur Baptiste Morizot
Sortie officielle le 16 septembre 2020
Une co-édition DOMAINE DU POSSIBLE – ACTES SUD / WILDPROJECT
"Face à la crise écologique actuelle, à la fragilisation du vivant, nos actions semblent impuissantes. Mais c’est peut-être qu’on protège mal ce qu’on comprend mal. Et si nous nous étions trompés sur la nature de la “nature” ? La biosphère n’est pas un “patrimoine” comparable à un monument qu’on détruit. Le vivant – l’ensemble des processus éco-évolutifs – est une force de régénération et de création continue. Le vivant n’est pas une cathédrale en flammes – c’est un feu qui s’éteint. Le vivant est le feu lui même. Un feu créateur. Un feu qui n’est pas en notre pouvoir, mais qui est à défendre ; fragilisé par nos atteintes, mais plus puissant que nous. Ce n’est pas nous qui l’avons fait, c’est lui qui nous a faits. Le défendre, ce n’est donc pas le rebâtir, c’est l’aviver. La biosphère est un feu vivant qui peut repartir, si nous lui restituons les conditions pour qu’il exprime sa prodigalité. Comment attiser les braises ? À partir d’une étude de cas sur une initiative de défense des forêts en libre évolution, il s’agit de montrer ce qui fait un “levier d’action écologique” d’envergure – afin de pouvoir en imaginer des milliers. Nous ne sommes pas des Humains face à la Nature. Nous sommes des vivants parmi les vivants, façonnés et irrigués de vie chaque jour par les dynamiques du vivant. Nous ne sommes pas face à face, mais côte à côte avec le reste du vivant, face au dérobement de notre monde commun. Tout l’enjeu est là : que devient l’idée de “protéger la nature” quand on a compris que le mot “nature” nous embarquait dans une impasse dualiste, et que “protéger” était une conception paternaliste de nos rapports aux milieux ? Cela devient raviver les braises du vivant, c’est-à-dire lutter pour restituer aux dynamiques de l’éco-évolution leur vitalité et leur pleine expression. Défendre nos milieux de vie multispécifiques. L’ancienne protection de la nature était confisquée par les experts et les États, cet ouvrage se penche sur des initiatives qui révèlent un mouvement puissant, qu’il faut accompagner et nourrir : la réappropriation, le reclaim citoyen de la défense du tissu du vivant, du soin des milieux de vie. Nous sommes le vivant qui se défend."