Aurélien Barreau - L’hypothèse K
"Dans un nouvel essai percutant, l’astrophysicien Aurélien Barrau défend une science libre et poétique pour faire face à la destruction du monde.
La science est tout sauf neutre. Elle n’est pas «le camp du bien». Après avoir largement dénoncé les responsabilités des sphères politiques et économiques dans les crises écologiques, Aurélien Barrau passe à la loupe son propre milieu. Partant du principe que «critiquer la science, c’est lui faire l’honneur de ne pas l’extraire du monde», l’astrophysicien et chercheur met en doute sa communauté, qui s’est mise au service d’un progrès technologique aveugle. Cette techno-science «investie d’un caractère quasi religieux» serait même «l’un des moteurs les plus dévastateurs de la catastrophe en cours». C’est «L’Hypothèse K.» pour «karkinos» – crabe en grec, le cancer.
Performance, pullulement technique, logique comptable… Aurélien Barrau met en garde contre les préoccupations actuelles de la science qui se focalise, entre autres, sur le fait de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables pour endiguer le réchauffement climatique. Pour lui, le problème n’est pas le carburant utilisé pour alimenter le progrès mais la direction même de ce progrès. Avec une énergie propre et illimitée, l’humanité n’en courrait que plus vite à sa perte.
Dès lors, que faire ? Dans ce texte philosophique et révolutionnaire qui se savoure autant qu’il se médite, le physicien défend une science oblique, fertile et libre, qui se mettrait au service du vivant. Face à une catastrophe «civilisationnelle», il suggère à la communauté scientifique de recouvrer son autonomie et d’«affronter le cancer technique» en habitant poétiquement le monde car, conclut-il en revisitant Rabelais : «science sans déviance n’est que ruine de l’âme»." Juliette Quef
L’hypothèse K, La science face à la catastrophe écologique, Aurélien Barrau, Grasset, octobre 2023, 224p, 18€.