Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

J’ai les ailes de l’aigle blanc de Christian Saint-Paul

Encres Vives éd. n°384, Juillet 2010

J'ai les ailes de l'aigle blanc



Ce long poème, qui commence ainsi :

« En moi j’ai découvert
ce miroir noir
qui dissout l’inutile »


se lit d’un seul coup, sans presque reprendre souffle, tellement il nous tient suspendus à la beauté et à la fluidité des mots, à ce langage qui est lui-même souffle. Le chevalier dont il est question n’ignore pas dans sa quête que la vie et la mort puisent à la même source, et l’homme qui écrit, fait de ses mots des ailes, qui le portent, le transportent, tel l’aigle blanc et noir. Et alors même que l’esprit connaît le moyen de s’élever, l’homme reste lucide cependant à sa condition de tâtonneur terrestre.


Il sait les masques, et le nécessaire dépouillement.


« Simplement sans trop chanceler
s’arrachant aux rêves suicidaires
des mauvaises journées de la ville
détruire sa propre identité
étreindre son ennemi
soulever les sarcophages
et vider la mort de ses masques


livrant les os au bec
De l’aigle blanc et noir »


Il sait la vanité, la fragilité.


« La destinée petit à petit s’installe
cœur de fer
brisant la nuque de la sagesse
à cet endroit vide
non couvert par l’armure des certitudes »


Il sait la lumineuse exaltation du don et les chutes inévitables, il sait la nécessité de la confrontation avec l’ombre.


« Il retourne à l’oppressante
Conjuration des ombres et du fleuve »

Il sait le doute et l’esquive, et surtout, surtout, il sait que rien n’arrête la roue du temps.


« Et l’aigle ne compte plus son âge
son vol crisse
dans la misère osseuse »


Nul besoin d’analyser ce que Christian Saint-Paul nous révèle ici, sinon qu’il s’agit tout simplement de la vie, nul besoin de creuser les symboles, simplement entrer dans le fleuve du recueil et en ressortir à la fin lavé, illuminé de l’intérieur et en imaginant l’auteur comme en paix avec lui-même.

 

Cathy Garcia

 


Christian Saint-Paul, est un poète véritablement passionné de poésie, de la poésie qui met l’humain et la relation à l’autre au premier plan. Il anime depuis plus de 25 ans l’émission, « Les Poètes » (le jeudi de 20h30 à 21h) sur Radio Occitanie (98.3 Mhz) avec son compère Claude Bretin et de nombreuses émissions ont été consacrées à la poésie du monde. On peut les réécouter ici :
http://www.lespoetes.fr/emmission/emmission.html

Il avait créé sa revue, « Florilège », avec un autre poète, Michel Eckhard, dans le courant des années soixante. Brel avait accepté de les parrainer. Nous sommes encore avant 68, Christian Saint-Paul entre alors à Sciences Po, mais s’engage aussi activement dans la lutte antifranquiste. Il créera une autre revue, « Poésie toute » et plus tard encore en 1983, « Le Carnet des Libellules » où il publiera de nombreux auteurs.

Christian Saint-Paul a aussi publié :
Les peupliers (Jeune Force Poétique Française éd., 1966)
Les murènes monotones (Jeune Force Poétique Française éd., 1967)
L’homme de parole (Caractères éd., 1983), préface de Michel Eckhard
Prélude à la dernière misogynie (De Midi éd., 1984), avant-propos de Jean Rousselot, couverture illustrée par Gil Chevalier et illustrations intérieures de Jean-Pierre Lamon et de Lucie Muller.
Les murènes noyées (Carnets des Libellules éd., 1985)
Les murènes monotones (De Midi/Poésie Toute éd., 1987)
Transgression (Carnets des Libellules éd., 1987), préface de Claude Vigée
A contre-nuit (La Nouvelle Proue éd., 1988), préface de Jean-Pierre Crespel
Tendre marcotte (Carnets des Libellules éd., 1988), avant-propos de Michel Eckhart
Les ciels de pavots (Encres Vives éd., 1991)
Pour ainsi dire (Encres Vives éd., 1992), préface de Jean Rousselot
Akelarre, La lande du bouc (Encres Vives éd., collection Lieu N°108, 2000)
L’essaimeuse (Encres Vives éd., 2001)
Ton visage apparaît sous la pluie (Encres Vives éd., collection Encres Blanches N°61, 2001), couverture illustrée par Patrick Guallino, postface de Alem Surrre-Garcia
L’unique saison (Poésies Toutes éd., 2002), préface de Gaston Puel, postface de Monique-Lise Cohen
Des bris de jours (Encres Vives éd., 2003), couverture illustrée par Christian Verdun, postface de Michel Cosem
L’enrôleuse (Encres Vives éd., 2006), postface de Georges Cathalo
Tolosa melhorament (Encres Vives éd., collection Lieu N°184, 2006), édition bilingue occitan/français, postface de l’auteur.
Entre ta voix et ma voix, la malachite noire de la voix d’une morte (Multiples, 2009)
Les plus heureuses des pierres (Encres Vives éd. N°361, 2009)
Vous occuperez l’été (Cardère éditions)
Hodié mihi, cras tibi (Encres Vives éd., Collection Lieu n°217, 2010)

 

Les commentaires sont fermés.