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  • Deux poings, ouvrez les guillemets - Guillaume Siaudeau

    Un très percutant Mi(ni)crobe (n°35), signé Guillaume Siaudeau, avec des illustrations de Magali Planès.

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    James "quand il sort du ventre

    ses poings sont déjà fermés

    (...)

     

    Son coeur est

    un taureau

    qu'on jette dans l'arène"

     

    "La première fois que James

    voit son père

    trancher le cou d'un gallinacé

    il n'a que 10 ans

    et le corps de l'animal

    traversant la cour

    lui souffle

    "Dans la vie

    il ne faut jamais lâcher"

     

    C'est comme à l'école :

     

    "Pensez à apprendre vos leçons

    pour demain

    pour après-demain

    pour le restant de vos jours

    et jusqu'à ce que

    mort s'ensuive"

     

    Il ya le vieux Sam qui

    "chaque jour

    montre au poteau

    qui est le chef"

     

    Frapper, cogner. parce que "quand les mains n'en peuvent plus d'être seules alors elles deviennent des poings"

     

    Alors "James dompte les rings

    apprivoise la victoire

    la gloire cette bête

    sauvage et volatile

    qui court au fond du coeur"

     

    "Ses gants sont deux montgolfières

    s'échappant dans l'obscurité"

     

    "Combattre

    aimer

    combattre

    aimer

    frapper ou embrasser

    à la chaîne"

     

    "tambouille

    d'alcool

    &

    d'amour

    Les jours qui passent

    ont une odeur de nuit"

     

    et un jour James choisira d'aller "ramper sous les étoiles".

     

    Cathy Garcia

     

     

    LE BLOG DE GUILLAUME SIAUDEAU : http://lameduseetlerenard.blogspot.fr/

     

     

    Les MI(ni)CROBES sont de petits débordements de la revue Microbe. Chaque plaquette propose des textes d'un auteur ayant retenu l'attention de Paul Guiot ou d'Éric Dejaeger. Les exemplaires, tirés à un nombre très limité (une centaine), sont réservés à l'auteur, à un service de presse ciblé et aux lecteurs de Microbe ayant souscrit un abonnement « plus ». Aucune réédition n'est prévue.

    http://courttoujours.hautetfort.com/archive/2012/06/17/mi...

  • Cardère éditeur en tournée !

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    Il s'agit de Villeneuve-les-Avignon. Vous pourrez retrouver Bruno Msika, l'éditeur et les livres (dont Le poulpe et la pulpe et Les Mots allumettes), au festival de poésie de Sète du 20 au 28 juillet et au 7ème salon des petits éditeurs le 23 septembre à Cotignac, dans le Var.

    Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas, Cardère éditeur a une très belle collection d'ouvrages à vous faire découvrir.

    http://www.cardere.fr/index.php

  • Tryptique du veilleur de Louis Raoul

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/tryptique-du-veilleur-lou...

     

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    Cardère, 2012, 58 pages, 12 €

     

     

    Parce que la vie nous pousse de l’avant tout en nous dépouillant, vient ce temps où il nous faut prendre de la hauteur, de cette nécessité-là peut-être est né Triptyque du veilleur. Une tour, une barque et une archère. Non pas un, mais une, selon le choix de l’auteur. Une archère, qui est aussi la flèche envolée, et la cible invisible de l’au-delà.

    Il y a donc une tour dans la première partie, intitulée L’approche de la hauteur. Une tour de pierre, de chair et de vent.

     

    « Prisonnier et gardien

    Tu n’habites pas la tour

    Tu es ses assauts et sa défense

    Le poème qui la fonde ».

    Mais voilà, « Entrer dans la tour n’est pas tout, il faut se faire accepter de la hauteur ».

    Et qui dit tour, dit sentinelle, celle qui veille quand tout le monde dort.

     

    « Les tours fécondent la nuit

    Les sentinelles oubliées. »

     

    Il est question de solitude dans ce recueil à l’écriture très concise, dépouillée, polie comme les pierres qui doivent s’ajuster parfaitement pour former une tour et on songe au Désert des Tartares de Buzzati. Au cœur de cette solitude, qui est le lot de chacun d’entre nous dans le voyage de l’existence, l’auteur se raccroche au poème, pierre de fondation, point d’ancrage et nous embarque dans la seconde partie du recueil, la Barque. C’est au lecteur qu’il s’adresse, un autre lui-même.

     

    « Il faut rester là longtemps

    Jusqu’à que ce que cette barque qui est vous

    Prenne âge de toute part

    Et le chant cèdera

    Qui vous retenait au monde »

     

    Qui dit barque dit traversée, se détacher des rives, du connu, se préparer à la grande fonte du soi.

     

    « Il reste à mettre de l’ordre

    Dans cette débâcle du dire

    Vous n’êtes pas encore

    De ceux qui signent d’une noyade

    Au bas de l’eau ».

     

    Il y a alors récapitulation, souvenance.

     

    « Un portail

    Vous attendait

    Au bout de l’enfance

    Que vous ne saviez pas

    Tous ces temps d’orage

    À jouer

    Quand le ciel perdait ses clés

    Sur les toits ».

     

    Et puis,

     

    « Vous entrez dans un autre pays

    Une autre saison

    La parole se fait maintenant plus lente

    Elle peut dire ce bruit de paille

    Dans le vent

    D’une pluie coupée ».

     

    Et c’est cette barque qui conduit

     

    « Au pied de la tour

    Qui est vous

    Il vous faut rejoindre la hauteur »

     

    S’ouvre alors la troisième partie du triptyque, l’Archère. Ce terme évoque la tension qui vise un ailleurs plus vaste, « cette nuit je me suis inventé une rupture », qui cherche à percer peut-être un secret, celui qui ne peut nous être dévoilé de ce côté-ci.

     

    « J’ai attendu

    Un improbable retour

     

    (…)

     

    Enfermé

    Dans l’épaisseur

    D’une vitre ».

     

    Il est question de « cette quête du passage », de « rêve de voyage », un appel d’air, on pense à la symbolique du sagittaire, mais il nous faut redescendre de la tour et « Reprendre taille humaine »

     

    « Avec la soif

    Qui un des lieux du poème ».

     

    Une solitude que l’auteur désire et ne désire pas, hantée par le manque.

     

    « Je te cherche encore

    Sachant l’inutile

    J’interroge les rues de tes pas

    J’essaie des portes

    Dans la chambre-seconde

    Où ton souffle habitait ».

     

    L’auteur voudrait sans doute trouver une issue à cet enfermement dans le temps, se libérer des frontières.

     

    « J’aimerais bien partir d’ici

    Retrouver l’empreinte d’une crinière

    Dans le vent

    Un galop d’avant la parole

    Il me suffirait pour cela

    De siffler

    Lascaux

    Un cheval y manquerait ».

     

    Il y a beaucoup de noblesse et de fierté dans ce recueil, taillé par un verbe d’artisan, quelque chose d’intemporel justement, l’ombre d’un chevalier qui demeure droit et digne, le regard fixé sur l’horizon et Louis Raoul le ponctue d’un final à la hauteur.

     

    « Puis vient l’heure

    D’une lance claire

    Et haute

    Saison d’orgueil

    Et de victoire

    Avec le vent

    C’est une offrande de feuilles

    Au pied de la tour ».

     

    Cathy Garcia

     

    louis-raoul.jpgLouis Raoul est né en 1953 à Paris où il réside toujours. Il a publié une quinzaine de recueils et a obtenu en 2008 le Prix de la Librairie Olympique pour son livre Logistique du regard publié chez N&B/Pleine Page. Parmi ses autres publications : Par peur de l’équilibre (L’Harmattan), Préface aux confins (Opales/Pleine Page), Sources du manque (Ex Aequo), Démantèlement du jour (Éclats d’encre).

  • Visage vive de Matthieu Gosztola

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    Ed.Gros Textes, photographies de l’auteur, 2011, 96 p. 7 €

     

     

    Visage vive n’est pas de lecture aisée, car derrière une langue qui semble s’égarer, s’éteindre avant de se rallumer à nouveau, un peu comme des soubresauts, il y a cette tentative de dire l’indicible.

     

    Il faisait un froid terrible

    Dans le visage

    De cet enfant là

     

    Il n’y a pas de mots assez vastes, assez puissants pour contenir la douleur, sans doute la plus insupportable, de la perte d’un enfant. Aussi, par petites touches, ce texte se remémore, parle à l’enfant qui n’est plus, lui imagine même un futur, le tout accompagné de très belles photos de l’auteur, prises en Inde, pays de grande intensité spirituelle. Des photos dont toute la lumière et les vives couleurs aident peut-être à transcender la souffrance. Visage vive est un livre tendu comme une main au-dessus du vide et qui s’adresse aussi à tous ces autres « parents-funambules », qui subissent cette épreuve.

     

    Ce n’est pas toi qu’on

    Enterre

    C’est moi dans ma vie de toi

     

    Visage vive est un recueil qui avec amour, avec pudeur, tient en fragile équilibre entre l’écorchement du « pourquoi ? » et une difficile tentative d’acceptation de ce qui est, de ce qui a été et qui n’est plus.

     

    Tu n’as jamais vu la mer

    Tu es ce qui retourne à sa

    Réception d’étoile

     

    Mais, l’amour ne s’arrête pas aux frontières de la mort. Des êtres aimés qui les franchissent, demeure le souvenir, la présence intangible mais si puissante du souvenir. Ici l’écriture est comme une catharsis, les mots sont parfois comme retenus ou égarent leur sens dans la vacuité, ils tâtonnent comme des mains dans le noir et soudain ils se déversent à flots précipités, avec cette obsession du visage.

     

    La peinture du visage n’a pas eu le

    Temps

    De sécher

     

    Tout finalement tient dans le visage.

     

    Tout est là dans le visage

    Et je prends tout

    Avec mon souvenir

     

    Mon souvenir est déjà là même

    Dans le présent du regard

     

    Il y a vie dans visage, et la peur sans doute que la mémoire des traits ne finisse par disparaitre elle aussi.

     

    Ton visage est identifiable à ce qui

    Ne viendra jamais

    Même avec les décibels des cris

    Diminuer le silence

     

    Alors par delà l’intolérable déchirure, les mots viennent pour divorcer du silence, tisser un fil auquel se raccrocher.

     

    Je crois que c’est possible

    De vivre car on est deux

    Et ça a duré

     

    Des mots que l’on voudrait magiques.

     

    Je ferai si c’est

    Nécessaire

    Dans toute la pièce des

    Moulinets

    Avec les bras en récitant

    Des incantations mais

    Malheureusement je me réveille

    La vie n’est pas un conte de fée

     

    La mort est sourde à nos questions, elle est juste une réponse. Une réponse à la trop vive douleur du corps. Peut-être se fait-elle ainsi pardonner, elle vient apaiser les souffrances de l’enfant aimé, qui sont tout autant, sinon plus insupportables qu’elle. Reste alors un amour indéfectible et le pinceau des mots pour que visage vive.

     

    Cathy Garcia

     

     

    M_Gosztola.jpg Matthieu Gosztola, né le 4 octobre 1981 au Mans. Doctorant en littérature et sciences humaines, il enseigne la littérature au Mans et à Paris. Il a écrit des critiques dans les revues Europe, Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Histoires Littéraires, La Main millénaire, remue.net, Poezibao, Terre à Ciel, La Cause littéraire, Contre-allées, ainsi que dans les revues de la Comédie-Française, des Presses Universitaires de Rennes et des éditions Du Lérot. Pianiste et compositeur de formation (sous la direction de Walter Chodack notamment), il donne des récitals, en tant qu’interprète ou improvisateur, qu’ils soient ou non reliés à la poésie comme lors du festival international MidiMinuitPoésie.

     

    Publications :

     

    Sur la musicalité du vide, Atelier de l’agneau, 2001

    Travelling, Contre-allées, 2001

    Les Voitures traversent tes yeux, Contre-allées, 2002

    Sur la musicalité du vide 2, Atelier de l’agneau, 2003, Prix des découvreurs 2007

    Matière à respirer, Création et Recherche, 2003, Livre d’art en collaboration avec le photographe plasticien Claude Py

    Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin, Éditions de l’Atlantique, 2008, Photographies et poèmes agrémentés d’un dessin à l’encre de Chine de Zuzanna Walas

    J’invente un sexe à ton souvenir, Minuscule, 2009

    Une caresse pieds nus, Contre-allées, 2009

    Débris de tuer (Rwanda 1994), Atelier de l’agneau, 2010

    Un seul coup d’aile dans le bleu, Fugue et variations, Editions de l’Atlantique, 2010

    Ton départ ensemble, La Porte, 2011

    Un père (Chant), Encres Vives, 2011

    La Face de l’animal, Éditions de l’Atlantique, 2011, Photographies et poèmes

    Visage vive, Gros Textes, 2011, Photographies et poèmes

    Contre le nihilisme, Éditions de l’Atlantique, 2011, Essai

    Le génocide face à l’image, Éditions L’Harmattan, collection Questions contemporaines, 2012, Essai de philosophie politique

    Traverser le verre, syllabe après syllabe, La Porte, 2012

    Ariane Dreyfus, Éditions des Vanneaux, 2012, Essai

     

     

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/visage-vive-matthieu-gosztola.html