Miguel Gómez Losada
D’être comme déjà morte, lui a ouvert une voie spirituelle et le feu caché est si ardent, la source si vive que le plus tenace ennui n’a pas raison d’elle, que le vide loin de l’anéantir la concentre en un noyau toujours plus vif et incorruptible. Ou presque. Et dans ce presque se cache la fêlure. Dangereuse fêlure.
Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques. Le ciel aura beau s’obscurcir, le froid pourra l’étreindre, silence et désespoir n’auront pas raison d’elle. Elle crache du sang dans vos noirs chaudrons, elle mettra le feu à vos bûchers de glace. Elle jouera du marteau sur vos bornes de verre opaque, elle trouvera toujours la faille par où passe la lumière.
Faille, fêlure, ce n’est pas la même chose.
cg in Le baume, le pire et la quintessence
Commentaires
Oui, c'est ça la poésie, "mettre le feu (aux ) bûchers de glace"...