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Adolph Gottlieb - Burst

Adolph Gottlieb Burst.jpg

 

LÀ-BAS

 
Le cri du coq jaillit du bord de l'aube
Il y aura des œufs à ramasser

Une gamine dans la cour tire sur sa robe
Et s’en court au pré pas encore fauché
Des nuées d'oiseaux sur son passage
Croassent de sombres avertissements
Là-bas au loin la grande faucheuse
Cogne aux tambours de l’enfer
Mais l’enfant ignore le présage
Elle court et saute les barrières


L'air est suave, pur, ni fumées, ni poudre
La folle fillette papillonne en chantant
Une comptine à conjurer la foudre
Sur ses lèvres rose sang
Elle a les joues rouges et les yeux qui brillent
Quand elle atteint le ruisseau
A son front des gouttes perlent et scintillent
Elle sourit, elle est joyeuse, il fait chaud


A genoux sur le sable au bord de l'eau
Elle ferme les yeux et offre un beau visage
L’oreille aux bruissements des roseaux
Aux fleurs, au soleil nouveau-né
Avec toute la ferveur de son âge
Au vent qui chuchote leurs secrets
Promet d’être sage comme une image
Et envoie au ciel un vœu de paix


Le monde soudain déboule en rafales
L’enfant sans un cri bascule en arrière
Tombe comme tombent aussi les pétales
Des petites fleurs changées en suaire
Pas de place pour l’enfance à la saison des guerres
Et pas de tombeau pour les fillettes inconnues
Seuls des fleuves de haine qui s’en retournent à la terre
Et des fleurs qui saignent sous les balles perdues

 
Le cri du coq jaillit du bord de l'aube
Il y aura des corps à ramasser.

  

   cg, texte original de 1994, paru dan Pandémonium 1 (ed. Clapàs 2001)

version remaniée pour Guerre et autres gâchis (Ed. Nouveaux Délits 2014)

 

 

 

 

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