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André Laude

 

Ne m'enlevez pas la vivante coupée de mon sang par une distance plus terrible encore
que cet espace vaste où rugissent mes mots plaintifs mes mots fous mes mots de métal enragé
Quelque part peut-être dort-elle
caressant encore le corps traversé par les rudes lames des solitudes
Quelque part peut-être gémit-elle
à nouveau reprise par la chaude clarté de mes paumes bavardes
tandis qu'ailleurs une chair bouleversée écrase un cri
d'agonie et de fureur
tandis qu'ailleurs deux yeux se posent comme des blessures sur la grande plaie visible
O Dieux – parce que cette nuit je suis un petit enfant innocent comme l'haleine du fleuve et désarmé –
Ne m'enlevez pas la vivante
qui s'en est retournée au pays sien avec ma terrifiante douceur touchée à mort
enracinée dans son ventre bleu au fond duquel hurle un visage
abordant la nuit de biais
sachant qu'elle mord
Qu'elle fait mal
Qu'elle ne pardonne pas.

 

in 19 lettres brèves à Nora N.

 

 

 

 


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