Georges Bataille
Je rêvais de toucher la tristesse du monde au bord désenchanté d’un étrange marais je rêvais d’une eau lourde où je retrouverais les chemins égarés de ta bouche profonde j’ai senti dans mes mains un animal immonde échappé à la nuit d’une affreuse forêt et je vis que c’était le mal dont tu mourais que j’appelle en riant la tristesse du monde une lumière folle un éclat de tonnerre un rire libérant ta longue nudité une immense splendeur enfin m’illuminèrent et je vis ta douleur comme une charité rayonnant dans la nuit la longue forme claire et le cri de tombeau de ton infinité.
in L’Archangélique et autres poèmes