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Jules Supervielle

 

Encore frissonnant

Sous la peau des ténèbres,  

Tous les matins je dois  

Recomposer un homme  

Avec tout ce mélange  

De mes jours précédents  

Et le peu qui me reste  

De mes jours à venir.  

Me voici tout entier,  je vais vers la fenêtre.  

Lumière de ce jour,  je viens du fond des temps,

 Respecte avec douceur  

Mes minutes obscures,  

Épargne encore un peu  

Ce que j'ai de nocturne,  

D'étoilé en dedans  

Et de prêt à mourir  

Sous le soleil montant  

Qui ne sait que grandir. 

 

in La fable du Monde

 

 

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