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Jules Supervielle

 
 
 
Les chevaux du Temps

Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
 J’hésite un peu toujours à les regarder boire
 Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
 Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
 Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
 Et me laissent si las, si seul et décevant
 Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
 Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
 Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
 Je puisse encore vivre et les désaltérer.


 in  Les Amis inconnus, 1934

 

 

 

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