Jean-Louis Millet - Insomnie
"les chaises dorment toujours debout" jlmi 2005
Avant de plonger
dans les corridors étroits de l’avenir
la chambre se tait.
Dehors,
l’éclat moisi d’un réverbère enlace la nuit
dans l’indifférence sceptique des murs.
De longues ombres à l’odeur violette
traînent sur le trottoir
suivant la pluie,
interminablement,
sans raison apparente pour personne.
D’ailleurs, personne n’est plus là pour personne,
la vie est le tombeau du rêve.
Cauchemar de détails dans le cauchemar plus vaste
de ce quotidien où plus rien ne fait sens
hors les formules complaisantes, minables, pitoyables
qui se métastasent à grande vitesse
dans les viscères chatoyantes des horloges.
Et toi
qui te crois bien à l’abri derrière ton cœur insoumis
tu colles les morceaux
c’est tout.
Rien
que ce que l’émotion vole à la mémoire.
Une fois encore
au bord du matin
la nuit au sourire corrodé s’est fatiguée la première
Sous les arbres, la statue de marbre te sourit
‘’avant que la mort te mortaise à la terre’’
Une idée affreuse, hein ?
En général ce sont les meilleures.
Source : http://jlmi22.hautetfort.com/archive/2013/12/03/l-oeil-la-plume-insomnie-5236925.html?c