Atelier "collage & écriture" du 17 octobre
L.
La plante du pied, racine, enfouie dans la douceur des draperies. Le pied qui touche terre, pied humain dégagé de la matrice pour aller marcher sur la terre, toutes les terres. Voyages, rencontres, traces et empreintes dans tous les sols, chaines humaines liées, tissées sous un seul et même soleil. Couleurs, textures, espoirs. Humains circulant comme le sang dans les veines, pérégrinations, pèlerinages, transhumance, exodes. Tous issus d’une même mère, reliée au cordon ombilical de la Terre. Marcheurs en quête de sagesse, exilés en quête de repos.
Humanité tissée qui trop souvent s’effiloche, dénigrant ses couleurs, sa multiplicité, l’incroyable diversité de ses richesses et la simplicité de ces quelques mots : « Viens, entre, c’est ouvert, qui que tu sois, sois le bienvenu. ».
La plante du pied, résonnance, tambour de la marche qui nous relie d’un bout à l’autre de la trame. Racines nomades qui devraient pouvoir fleurir partout où le sol les accueille.
C.
*
L’homme revient chez lui. Dans la lumière et les dessins des temples, il a retrouvé le chemin. Sa peau a bruni. Sa maison a changé.
Dans son foyer, les draperies du lit et la femme ont faim de la nouvelle peau de l’homme.
L’envie voyage des lèvres aux seins.
Il gravit l’escalier. Son pied est sûr. Il sait, il sent le désir.
Dans l’alcôve, berceau de la vie, les tissus et la peau susurrent.
L’homme sourit.
L.
C.
Pachamama, Terre Mère, te voici en colère. Esprits de la nature qui veillez à l’équilibre, vous voici en colère. Les volcans explosent, les rivières débordent, les sources tarissent, les montagnes et le ciel s’effondrent. Ô vous les Gardiens, esprits totems, vos regards nous foudroient, nous avons réveillé la Santa Muerte, l’avenir est de cendres et de suie, le passage de plus en plus étroit. Puissent les plumes de la sagesse effleurer nos esprits car nos fronts seront marqués par la griffe, la vieille griffe de la Terre, l’antédiluvienne griffe et par la blessure s’engouffreront tous les oiseaux, tous les animaux, toutes les eaux, toutes les flammes. Par la blessure nous ne feront plus qu’un avec toi Pachamama, Terre Mère. Ceux qui survivront seront volcans avec les volcans, lynx avec les lynx, tigres avec les tigres, ceux qui survivront toucheront l’horizon du bout de leurs ailes.
Esprits totems, les enfants de la Terre apaiseront sa colère et berceront la Santa Muerte jusqu’à ce qu’elle se rendorme et reprenne sa place de gardienne des rêves, d’un nouveau rêve, une nouvelle source. Un nouveau pacte de la vie avec elle-même.
C.
*
La terre aux temps premiers.
Pierres, glace, eau
animaux et chaos
frémissements et griffes.
La lune, visage de lait,
douce comme la plume
ne sait pas encore la mort.
Mais tout est là déjà
frôlement d’aile.
C’est la source naturelle
et la porte d’entrée.
Les côtes étincelantes
et le crâne ricanant
disent le chemin à suivre.
Les animaux attentifs
le savent bien, tout recommence
c’est écrit dans le paysage
évident.
L’homme-lune sans regard
flotte au-dessus de l’univers,
confiant.
L.