Théodore Monod
(…) en ce qui concerne la chasse en Europe. il faut admettre que c'est une pratique parfaitement anachronique. On ne chasse plus pour se nourrir ou pour se défendre, on chasse pour s'amuser! Et là, intervient une question de morale: il est inacceptable de faire souffrir des êtres vivants par simple plaisir. Si encore ces animaux étaient tués de manière instantanée, mais il y a ceux qui sont blessés, aveuglés par des décharges de plombs, qui ont perdu une aile ou une patte, et vont agoniser misérablement des jours, des nuits durant.
Nos lointains ancêtres ne pouvaient se passer de chasser, soit. Les chasseurs se réclament de la tradition, mais ce recours à l'ancienneté justifie-t-il les pratiques actuelles? Cela me paraît philosophiquement intenable. Ce n'est pas parce qu'une chose est ancienne qu'elle est bonne, sinon, faisons la guerre, elle est ancienne! Pratiquons la torture, elle est ancienne, l'esclavage aussi! Il faut que l'homme se débarrasse de ces horreurs s'il veut "s'hominiser". Mais il n'en a pas l'air: il continue à aimer la guerre, la violence et la cruauté.
Des lois existent. Pourquoi les chasseurs peuvent-ils les bafouer avec une telle désinvolture?
Nous savons bien que tous les partis politiques sont favorables aux chasseurs parce qu'ils représentent un puissant électorat. De ce fait, ils jouissent d'une tolérance tacite. C'est interdit mais on ferme les yeux, que ce soit sur la chasse de nuit, ou sur le massacre de la tourterelle au printemps.