Kamel Yahiaoui
Le murmure des châtaigniers
je dirai ce matin est encore plus curieux que la rosée du verbe
j'éteindrai ma lumière mon fourneau ma voix
je porterai ma plume mon crayon et mes feuilles
j'irai à travers les chemins cueillir un semblant d’arôme des cépages
l'odeur des braises fiévreuses la nuit venant
le murmure des châtaigniers sédatifs
j'écouterai le bruissement d'un rêve courant les champs
je fredonnerai la chanson des labours d'hiver
sur mon chemin un oiseau sifflera l'air du festin des vergers
le soir venu j'irai saluer mon cheval au ruisseau des tendresses justes
sur lui je courrai jusqu'à l’étouffement de ma peur
je partirai loin loin loin des démangeaisons de la gueuse
j'écouterai le feu d'une caresse d'une jouissance d'une peau
la vie porte en elle les biens et les méfaits des hommes
je me réserve à la clarté de l'âme
mon cheval m'a dit la noirceur du cœur humain
mes yeux égarés dévident l’absence de l'humanité
là-bas l'horizon pleure la raison de l'Afrique
ici l'Occident danse la cause de la faim
lune mon amante déhanche le cri de l'ange
nous n'avons pas les syllabes de la marche
un instant juste une virgule pour astreindre l'amour
à mon oreille à mon regard à mon cœur
il sera esclave à mon temps
pour que ma main déboîte l'armure de la mélancolie
l'astre des lueurs se doit d'être au rendez-vous
je signerai pour sûr la flamme du courage
mon chat sur mon dos je creuserai l’abcès du soleil