Marie-Laure Grouard (1822-1843)
Sonnet
A M. L. Ulback.
Vous m'avez dit un jour : Jeune fille poète,
Ne chantez point votre âme et cachez votre cœur;
La femme, parmi nous, doit demeurer muette,
Renier ses amours et garder sa douleur.
Et moi je vous réponds : Dites à la tempête,
Aux grands vents, aux grands flots d'étouffer leur fureur;
Faites taire au vallon l'écho fort qui répète
Ou le cri de souffrance ou le cri du bonheur;
Dites au rossignol, sous la grande ramée,
Que son accent fait peine à votre âme alarmée...
Qu'il se taise toujours... Défendez au reclus
D'invoquer l'espérance et la liberté sainte;
Faites taire tout bruit, tout chant et toute plainte:
Quand tout sera muet, je ne chanterai plus.
Commentaires
Quel envoi !!!