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Sandra Lillo

Je suis à l'avant-dernier étage de
l'échelle sociale

Le dernier étant celui de ceux qui n'ont
pas de maisons donc pas de lits

Je touche les aides sociales

J'aurais préféré un salaire mais les
poètes ne peuvent s'empêcher de viser
l'ailleurs

et même de le visiter

c'est pour ça qu'ils ont des toiles
d'araignées dans les cheveux et qu'ils
sont sourds parfois

à table au milieu du repas

Je vis dans une cité

Quand je venais ici toute petite je rêvais
d'y vivre

Je trouvais qu'il y avait de bonnes
cachettes dans la maison de ma tante
mieux que celles de la cité dans laquelle
je vivais

même s'il y avait le placard dans lequel
on se cachait avec Stéphane

Une fois j'ai entendu ma mère dire
qu'il fallait appeler la police tellement
on avait bien disparu

Heureusement la police n'est pas venue

A cette époque on entendait souvent les
adultes dire Il a été arrêté par la police ou
Il est en prison au sujet des grands

jusqu'à ce que le téléphone sonne en
pleine nuit pour dire

Fabrice est au commissariat

La police était notre ennemie et je n'ai
pas changé d'avis même si je garde dans
un tiroir vide de ma mémoire un policier qui
nous a aidé ou un regard d'homme qui a
peur

pour l'humanité

on ne sait jamais

En fait il y a de bonnes cachettes dans
tout le quartier

au point qu'il n'y a pas d'échos et si on
regarde bien il y a pleins de coins roses

c'est des restes du coucher de soleil
en pleine journée

Comme l'a dit le Président

l'autre

je suis une sans dents

mais j'ai des yeux des oreilles et un
cerveau

et j'entends sourdre le cœur de partout

 

 

 

Commentaires

  • Bouleversant !

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