Hannah Arendt
L'objet de ces réflexions est un lieu commun. Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien ou de démagogue, mais aussi d'homme d'État. Pourquoi en est-il ainsi ? Et qu'est-ce que cela signifie quant à la nature et à la digité du domaine politique d'une part, quant à la nature et à la dignité de la vérité et de la bonne foi d'autre part ? Est-il de l'essence même de la vérité d'être impuissante et de l'essence même du pouvoir d'être trompeur ?
in "Vérité et politique", in La Crise de la culture (1954)
Commentaires
Trompeur, sans aucun doute...