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Eva Antonini

Eva Antonini - Tutt'Art@ - (37).jpg

 

Le chant de La Vieille

 

corps tordu

incendie

calcinée

je suis

 

soumise

tel fut mon satori

ma beauté demeure

hors de ta portée

 

vie et mort

j’ai la connaissance

des profondeurs

c’est pour cela

que le serpent m’a aimée

 

toutes les bêtes

m’ont apprivoisée

pattes griffes

plumes toisons

ma flèche touche au cœur

tout prédateur nommé homme

je règne animale

sur toute la création

 

j’ai initié bien des peuples

qui m’ont nommée lunaire

de la génisse à la brebis

pour m’asservir

nombre de lois

ont été dictées

mais joug après joug

je demeure l’indomptée.

 

je parle la langue des oiseaux

qui lisent dans mon cœur

les mauvais augures

ne portent pas de plumes

mais des bâtons cracheurs de feu

des couteaux et des bombes

 

au commencement des temps

j’étais déjà penchée

sur le berceau de l’humanité

en moi était contenue

l’empreinte de toute forme

et la mémoire des abysses

 

ma puissance est immense

je suis la porte des mondes

je suis le cobra

prends garde humain

si tu ne respectes pas l’équilibre

tu seras balayé pulvérisé

 

à genoux homme

ferme les yeux

ouvre ton cœur

ton sexe est sacré

l’as-tu donc oublié ?

 

allez viens danser avec moi

sens-tu sous tes pieds

le frisson des racines ?

sens-tu le rythme du vent

les tourbillons de la sève ?

viens danser avec moi

viens sentir l’étreinte

et la lune dans nos veines

 

je connais les partitions du frisson

et les passes secrètes

qui font du plaisir

un art sacré

 

je connais les paysages intérieurs

des quêtes et des illuminations

vers le nord hypothétique

je vois au loin sur les plaines

la lente pérégrination des hommes

 

pour se connaître

il leur faut pénétrer la terre

ériger des totems

pour ensemencer les cieux

mais ils se trompent

et n’encensent

que faux dieux.

pour me connaître

qu’ils suivent la piste

féline.

 

ils pourront me trouver aussi

nue et lisse au creux des pierres

s’ils posent leur oreille

contre les os de la terre

ils entendront battre

mon cœur

 

je suis l’innocence faite chair

mais ne te laisse pas bercer

par la douceur de mes courbes

une part de moi ne dort jamais

sous le regard de l’éveillée

tu es nu comme un nouveau né

 

mystère et magie

art des saltimbanques

depuis le début des temps

j’accompagne les nomades

car mon nom est mouvement

 

je suis la première et la dernière

sœur amante mère épouse

je suis toutes en une

et une en toutes

je suis la voie du cœur

la voix enchanteresse

 

j’ai pouvoir de vie et de mort

tant de fois j’ai enfanté les ténèbres

huilé la nuit de mon corps

je suis le serpent primordial

qui enlacera le monde

 

après tant de siècles à m’humilier

comprendras-tu enfin ?

 

 

cg, 2009

in Universelle

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Quel bel ensemble

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