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Vladimir Holan, poète tchèque (1905-1980 )

SOUVENIR

Après avoir combien d'heures en long et en large
sans en trouver des pimprenelles, nous sommes
sortis des bois,
et nous nous sommes arrêtés à midi juste dans les
bruyères.
L'air était sec jusqu'au fer blanc. Nous regardions
vers l'autre pente, couverte d'une épaisse végétation,
de différents buissons et arbres. Ils étaient stupéfaits
comme nous.
Je voulais justement demander quelque chose,
quand parmi cette masse immobile, droite, ensorcelée
jusqu'à frémir de froid,
un arbre,
et cela dans un seul endroit,
commença soudain à frissonner,
comme un accord de sixte, mais qui n'eût émis aucun son.

Tu aurais dit un cri de l'allégresse du cœur,
et donc l'aventure elle-même,
mais cet arbre se mit ensuite à murmurer,
comme murmure l'argent parce qu'il noircit,
comme tressaille la jupe d'une femme qui touche
les vêtements d'un homme en lisant des livres dans un asile.

Mais cet arbre se mit ensuite à trembler et à s'agiter,
mais comme s'il était tremblé et agité par quelqu'un
qui eût regardé jusqu'au fond de l'abîme aux yeux 
noirs de l'amour ...
c'était pour moi
comme si j'avais dû mourir à l'instant même ...

"N'aies pas peur," dit mon père, " c'est un tremble ! "
Mais encore aujourd'hui je me souviens comme il a pâli
quand nous y sommes arrivés un peu plus tard
et quand nous avons aperçu sous lui une chaise vide ....

 

Traduction : Dominique Grandmont

 

 

 

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