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Jean Joseph Rabearivelo (1901-1937)

Que nous fera la chute brusque
de ce qui est notre royaume?

Comme ta tour, comme la mienne,
comme la perfide que foulent nos pieds,
cette joie dont pétillent nos yeux,
si elle doit bientôt s’éteindre,
ne nous reviendra-t-elle pas autre et nouvelle?
Sœurs du silence en la tristesse,
les fleurs qui n’ont que leur beauté
et leur solitude,
les fleurs- morceaux de cœur terrien
palpitant à l’unisson des nids-
dorment-elles ici, font-elles des rêves
sur la fin de leur destinée?

Les doigts
qui ne voulaient d’elles que leur jeunesse,
les doigts se sont tous joints
dans la chaude blancheur des draps-
sauf les miens qui sont si frêles
et qui savent tant choyer
les choses délicates.

Mes lèvres aussi frôlent les fleurs,
les fleurs devenues plus mystérieuses,
et plus belles, et brusquement hardies.

Et j’entends,
mêlées à la respiration des herbes,
leurs dernières confidences.
Ah! comme elles seraient douloureuses
sans ces parfums pacifiques, Seigneur,
qui s’évadent avec leur vie!
Écoute les filles de la pluie
qui se poursuivent en chantant
et glissent
sur les radeaux d’argile
ou d’herbes de glaïeuls
qui couvrent les maisons des vivants.

 

in Traduit de la nuit

 

 

 

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