Zhen Zhiming
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Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie.
in Le Prophète
Cardère éditeur - poésie - Mars 2014
Un livre de 60 pages au format 140 x 210 imprimé en noir sur bouffant ivoire 80g
illustrations originales de l’auteur
prix public 12 euros
ISBN 978-2-914053-74-7
Publié avec le soutien du Centre National du Livre
Fugitive est un ouvrage en vers libres qui nécessite une lecture chronologique. Comme dans les deux premiers recueils de Cathy Garcia que nous avons publiés (Le poulpe et la pulpe en 2011, Les mots allumettes en 2012), on est dans un récit abstrait, avec un axe fort, de l’action, et ici une exhortation quasi externe : je marche, je dois marcher ! En miroir, le lecteur pourrait/devrait entendre : reconstruit ton propre récit, avance ! Ce texte court tire sa force de sa cohérence essentiellement.
Le vocabulaire est riche, « brut », plutôt terrestre (pollen, étoiles, silex, transhumances, tourbe, loups, humus, rosée, glaise, vendanges, jachères, sources, rapace, moisson, rocaille, granit…) Les expressions sont souvent violentes, de l’ordre du tragique ou de la tragédie (Les bêtes désarticulées ; Visions éclatées de l’oracle ; Un corps de femme à lapider ; sinistres bouillies de chimères) ; on respire toutefois avec de rares mots tendres (la douce chair des roses ; la nacre d’un ange).
On est parfois au bord de la provocation, de l’outrance sulfureuse (La meute aime le rut ; Je suis la sorcière parfumée d’épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre ; Allongée. Au bord de la jouissance ; ouvrir mes cuisses libère mes odeurs de femme). On y trouve quelques constructions originales mais parlantes (liturgies volcaniques ; je panthère avec la mort).
La situation de fuite, de traque, donne à ce recueil-récit une grande énergie où transpirent la colère, la frustration, la hargne, la révolte, mais aussi la soif de (sur)vie, l’animalité, une sorte d’optimisme quasi atteint. Nous avons avec l’écriture de Cathy Garcia, le côté féminin de celle de Serge Bec, en particulier dans Psaume dans le vent.
Moissons de silex dans les épaves des siècles.
Les vertiges de la faim scandent l’espérance et les couteaux.
Bleu des corps exhumés. Sinistre bouilli de chimères.
Fleurs révulsées, filets de sang.
Je mords la douce chair des roses.
Dans le delta de lumière, la nasse trouée de lune, retient les racines et les rêves broyés des errants. Toutes les frontières sont des plaies mal cicatrisées.
chaque homme aussi est un dieu déguisé qui contrefait le fou
Je suis pulvérisée depuis le début. Le mental éclaté, le psychisme criblé d’éclats. Une longue ligne d’apprentissage, une ligne qui trace une drôle d’écriture, avec des retours en arrière, des grands bonds en avant, des calligraphies sauvages et c’est moi, avec ma fierté de manouche et ma peur aux tripes.
cg in Journal 2005
L'amour est comme un peintre qui oublierait - chaque matin, dans son atelier - la vieille histoire du monde, pour saisir une fleur éternelle dans le tremblé de l'air.
in Lettres d'or
LA FIÈVRE
cascade des reins
lombes serpents
sous les paumes lisses
du suc de l’insomnie
la toile se tisse
doigts de fièvre
draps froissés
douce agonie
du plein éveil
deux émeraudes
percent l'obscurité
cg 1996
in Des volcans sur la lune
Appelons la femme un bel animal sans fourrure
dont la peau est très recherchée.
in Journal 1887