Isaac Ilich Levitan - Meadow on the Edge of a Forest - 1898
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J'ai eu l'immense joie de découvrir à Glasgow dans les années 90, le travail de ce mécanicien et sculpteur autodidacte underground russe, installé à Glasgow en 1993.
Eduard Bersudsky (né en 1939 à Saint-Pétersbourg en Russie – alors Leningrad, URSS) a commencé à sculpter à la fin des années 20, tout en travaillant modestement comme ouvrier métallurgiste, électricien, skipper sur barge, veilleur de nuit et chauffeur. Il a fait ses études dans des musées, des bibliothèques, des expositions et des cours du soir de sculpture.
En 1974-80, Bersudsky participe à des expositions d’art « non-conformiste » : un mouvement d’artistes qui voulait éviter le contrôle de l’idéologie soviétique officielle.
En 1974, il trouve un emploi dans le département du parc pour sculpter des personnages géants dans des arbres tombés pour les terrains de jeux pour enfants. En même temps dans sa seule chambre dans un appartement communal il commence à créer les kinemats : sculptures cinétiques actionnées par des moteurs électriques et commandées par des dispositifs électromécaniques sophistiqués, incorporant des morceaux de vieux meubles, ferraille et figures grotesques sculptées. Jusqu’en 1989, ses kinemats ne pouvaient être vus que par quelques amis et connaissances.
SHARMANKA (mot russe pour « orgue de Barbarie ») est une collaboration entre le sculpteur-mécanicien Eduard Bersudsky, la directrice du théâtre Tatyana Jakovskaya et le designer de lumière et son Sergey Jakovsky.
En 1993, Sharmanka a été chassée de Russie par la dépression économique et le manque de soutien pour l’art. À cette époque, Glasgow Museums acheta certaines de ses expositions pour la Glasgow Gallery of Modern Art et l’invita à faire un spectacle. En 1996, la galerie / atelier Sharmanka Kinetic a été inaugurée à Glasgow Merchant City. C'est à cette époque que je l'ai vu.
Site officiel : http://www.sharmanka.com/Home/The_Works.html
Vidéos de l'historique :
Glasgow, 2010
Le Jardin de Bernadette Calméjane évoque le « Palais Idéal » du Facteur Cheval. On y est accueilli tout d’abord par d’étranges individus : un couple enlacé, un randonneur, un ours dressé. On devine qu’il s’agit de statues de bois mais lorsqu’on s’en approche, on remarque qu’elles ne sont pas dissociées de leur socle qui lui même n’est pas dissocié du sol. Il s’agit bel et bien de sapins encore enracinés que leur propriétaire jugeant souffreteux a transformé en personnages par la magie de ses mains comme on change une citrouille en carrosse. Plus loin se dresse un champignon géant, vestige d’un cyprès moribond. Ça et là, d’autres figures de bois parsèment l’endroit : un aigle au bec acéré, une chouette perchée au coin d’une fenêtre qui vous fixe de ses yeux grands comme des soucoupes, un globe lumineux serti dans sa gangue ligneuse, un arbre dénudé aux fruits étranges, boules en rameaux de châtaigner semblables à des entrelacs de méridiens célestes. Ces tiges souples et solides qu’on utilisait autrefois pour lier les fagots de petit bois ramassés dans la forêt, Bernadette en a gardé une maîtrise impressionnante. Témoin ces trois taureaux monumentaux, chefs d’œuvres de vannerie, qui semblent vous observer depuis la prairie en surplomb du bâtiment et dont la ramure imite à ce point leur anatomie qu’on les dirait prêts à charger.
Car l’artiste, bien que totalement autodidacte, maîtrise de nombreuses techniques. Dernière d’une longue lignée de cultivateurs éleveurs lotois, elle en a hérité certaines d’anciennes traditions dont elle est l’ultime dépositaire. Ce jardin qu’elle peaufine un peu chaque jour entoure la maison qui l’a vue naître. Témoin privilégié des changements qu’a connus la région, elle n’éprouve pas de nostalgie particulière. D’ailleurs, dans sa boulimie de création, elle n’hésite pas à se tourner vers des matières résolument modernes. Ainsi elle sculpte le béton cellulaire, à la fois tendre et résistant. C’est que le mari de Bernadette avait une entreprise de maçonnerie et disposait de toute sorte de matériaux. Elle en a perçu les possibilités et les a détournés de leur fonction d’origine. Fidèle à la tradition autarcique de la paysannerie locale, elle n’utilise que ce qu’elle peut glaner : souches, bois façonné par les intempéries, restes de ciment, fil de fer, fonds de peintures… Influencée par l’art primitif, elle réalise des tableaux à partir de ces reliquats et, miracle de la sérendipité qui est le don de faire par hasard des découvertes fructueuses, elle se rend compte que les différents diluants des pigments, acryliques, glycérophtaliques, mats, satinés, laqués qu’elle n’hésite pas à mélanger refusent de s’amalgamer de façon fluide et produisent d’étonnants effets moirés.
Artiste complète, peintre, sculpteur, plasticienne, Bernadette en refuse pourtant le titre. Elle ne recherche pas la notoriété. Ses œuvres sont souvent intransportables, comme ces sculptures encore enracinées. Elle est semblable à ces chasseurs cueilleurs du paléolithique qui ont orné les grottes de sa région sans se soucier d’y apposer leur signature.
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Marc-Antoine Gallice