Les stigmates de la froideur se posent sur les vitres qui me séparent de l’autre. Je ne me livre jamais complètement malgré mon apparente facilité à dire les choses telles qu’elles m’apparaissent, et non comme on m’a dit qu’elles devaient apparaître. Les gens aiment peut-être ce que je fais, je voudrais qu’ils aiment ce que je pense. Je pense donc je suis. Je pense donc je fuis, ça c’est la mienne. Je pense donc j’écris. J’écris ce que je ne sais pas dire. Le gouffre entre le semblant et le réel. Réel morcelé, multiplié par un coefficient inconnu, un prisme, un miroir à mille facettes. Toute parole est attaquable, transformable, critiquable. Toute parole pourrait être vaine et pourtant nous avons besoin de ce moyen imparfait de communication, nous sommes des êtres communiquant, nous sommes même des vases communiquant. La réalité est absurde. Parler de réalité est absurde. Alors, se raccrocher à quoi ?
À une fleur, à la graine qui va peut-être germer, au nuage qui passe. A un rayon de lune ou de soleil. C’est ça la poésie et pas autre chose, c’est trouver une réalité à laquelle s’accrocher. La nature, la douleur, l’amour, la haine. La possibilité d’échapper à sa propre carcasse.
cg 7 avril – 2h21
in Journal 2001