Jean de Lattre de Tassigny
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
tout ce qui vit enseigne à qui sait entendre
in Ma Patagonie
Oubliez-moi, oubliez mon personnage, il n'est rien d'autre que le vent quand rien ne bouge.
Je m'absente pour vivre pleinement, comprenez-vous? Et si je dois quitter mes mots pour cela ou plutôt ceux qui les lisent, je le ferai. Il y a un piège dans les personnages que nous créent les mots, ces personnages peuvent à chaque instant se refermer sur nous comme des vierges de fer. Ensuite, on ne nous entend plus, embrochés, pris au piège.
Aussi, je m'absente, afin que si mon personnage se referme, il ne se referme que sur le vide. Et je est ailleurs, je est nulle part, je est partout. Dans les nuages en transhumance, dans la langue infatigable de mon enfant, dans le chant du coucou, dans l'avion qui troue le ciel, dans les arbres en attente de l'orgasme printanier et le couple d'oiseaux qui se chamaille; dans le trésor des buis agités par le vent, la mousse qui veloute les murets, dans ce morceau sec de genévrier, dans la crête rouge vif de Cerridwen, dans le jaune d'or du grain de maïs qu'elle vient de gober, dans les pelures de mandarine qui tranche sur le délavé des pelouses sèches, dans la croix du corbeau à l'aplomb de ma tête.
I celebrate myself, and sing myself,
And what I assume you shall assume,
For every atom belonging to me as good belongs to you.
Walt Whitman “Songs of Myself”, Leaves of Grass
28 pages agrafées
ISBN : 978-2-919162-05-5
tirage limité et numéroté
sur papier 90g - couverture 250g
100 % recyclé
10 € +2 pour le port
à commander à
Association Nouveaux Délits
http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/
Tu es l'éclat de verre
Du miroir où se cachent
Les défunts
Qui te rêvent
Sans voir
Eux qui songent
Au miroir des miroirs
Où se sont engendrés
Les mensonges du rien
Et l'image d'un corps
Que l'absence
A creusé
Dans les débris du feu
Et la fuite
Utérine des astres
Tu es l'ombre
De l'ombre d'une nuit
Comme soudain
Fleurit le sable
Sous l'averse ou l'ozone
A la suite de l'éclair
Uluru
T'as rêvé
Et tu rêves
Uluru
Ici à Paris
Où les hommes pèsent si peu
Qu'ils ne rêvent jamais
Les longs rêves patients
De la pierre
Là-bas dans la grande île sèche
Uluru dort
Et tu dors
Dans Uluru la porteuse
Maternelle de l'ocre semence
Des crépuscules
Où tu agites
Ton ombre
Là-bas sur la Grande Terre
Où tu n'es pas quelque chose
D'isolé mais un morceau non détaché
Du cordon ombilical
Des millénaires en cours
Là-bas Uluru dort
à ta place
et remplit le contrat initial
de rêver l'essentiel
Et son nombril est un tunnel d'étoiles
Vers l'âme unique de la matière
Et l'œil humide de l'amour
Alors écoute ici à Paris
Où les hommes sont tellement sourds
Qu'ils ont besoin de livres
comme des bouées qu'on lance dans le bruit
Ecoute
Ce que là-bas
Dit le didjeridoo
Quand l'homme à la peau
Peinte en rouge
Pour la danse féconde des jours
Arrache de sa bouche
Le grand brame doux
Et la giclée sonore
Du sperme de son souffle
Ecoute ce que disent
Les talons bien rythmés
De tes frères et soeurs
Dans la chaîne de la genèse
Et la poussière qui retombe
En silence sur leurs pas
Comme d'un tambour à l'autre
Des galaxies
Quand les tambourinaires de la lumière
Se répondent par-dessus
La forêt des ténèbres
in Uluru