Benjamin Béchet
Spiderman, 36 ans, nettoie les pare-brise, de la série "Je suis Winnie L'Ourson"
Les rhétoriques populistes qui se nourrissent du mécontentement et de la peur généralisée identifient des ennemis et cultivent les graines de l’intolérance et de le xénophobie ; elles ressortent du tiroir de vieux idéaux territoriaux en instrumentalisant un concept qui a pris une place toujours plus grande dans le discours politique et les discussions de comptoir : l’identité. Construction historique et culturelle, l’identité, comme nous l’enseigne les anthropologues, est fluide, multiple, ouverte et contextuelle. Chacun de nous peux en posséder plusieurs jusqu’à l’infini : une, aucune et cent mille pour citer Pirandello. Mais l’identité est avant tout relationnelle : la définition du Nous passe toujours par la négation de l’Autre. Quand elle tombe dans les mains d’ambitions politiques, les identités se rigidifient sous forme de régionalisme, de fanatisme religieux, politiques ou territoriaux. Et quand l’autre est marginal ou précaire, les conséquences immédiates sont l’exclusion et la violence. A travers une manipulation ironique de l’identité, Je suis Winnie l’Ourson veut susciter une réflexion sur la stigmatisation de l’Autre mettant en scène les peurs et les contradictions qui y sont liées. Rome, la ville où est née le projet, est un vivier de micro identitarisme qui ne manque pas de se référer à une romanitude ou à l’empire romain ; la ville est le théâtre d’une vague d’intolérance et de violence ouverte contre une partie de la population qui incarne une altérité crainte et refusée. Figures marginales, travailleurs au noir, sans papiers… Personnes invisibles ou montons noirs; sur leurs identités complexes et variées, on colle une étiquette qui simplifie et dénigre l’autre. Dans leurs vêtements, nous avons mis des super-héros, des icones, des célébrités connues de tout le monde globalisé. Pour se rappeler qu’une personne n’est jamais ce que nous en voyons, mais toujours quelque chose de plus complexe, que chaque identité est partielle, que nous sommes tous un, aucun et cent mille.
Benjamin Béchet
Après une licence d’histoire, il se forme à la photographie au Centre Iris à Paris.
Benjamin Béchet travaille sur l’identité et sur la représentation de l’autre. Soit qu'il parte d'une situation qui déshabille littéralement une personne de son fantôme social (Les Baigneurs), ou qu'il habille artificiellement des modèles de costumes les transfigurant (Je suis Winnie l’ourson), Benjamin nous interroge sur les codes et les signes que porte un individu en en société et sur la construction de la personne en relation aux autres.
En 2008, il gagne le prix Parole photographique.
Il vient de recevoir une bourse du CNAP pour travailler sur des micro territoires urbains.
Commentaires
Son texte est plus fort que sa photo, il donne envie d'aller à sa rencontre.
oui, en fait niveau photo, il y a mieux.... mais son travail et ce qui le motive, ses thématiques sont très intéressantes d'où la présentation plus accès sur le photographe ;-)