Barbara Weldens - Les Oies Blanches - FOL
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Depuis cinquante ans, le taux d'incidence de l'asthme et des allergies a explosé dans les pays industrialisés : il était de moins de 5 % dans les années 1970 ; il est aujourd'hui de 35 %. Si rien n'est fait pour endiguer cette tendance, il pourrait atteindre les 50 % avant 2050 d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les causes de cette augmentation spectaculaire, encore largement ignorées des responsables de la santé publique, ont été élucidées par les scientifiques qui témoignent dans ce livre, après de longues recherches en Europe, en Asie, en Afrique et aux États-Unis. Leurs travaux ont montré que l'absence d'exposition précoce à une grande diversité microbienne (bactéries, virus et parasites, comme les vers intestinaux), liée à l'aseptisation des aliments et l'artificialisation des lieux de vie, a des conséquences dramatiques : elle appauvrit le microbiote intestinal des enfants, ce qui contribue à l'affaiblissement de leur système immunitaire et fait le lit des pathologies inflammatoires, y compris l'obésité, le diabète, la maladie de Crohn et même des troubles psychiatriques comme la dépression. À l'inverse, leurs études démontrent que les enfants nés dans des milieux ruraux traditionnels ne souffrent guère de ces maladies. Or celles-ci constituent les facteurs de comorbidité de la Covid-19, ce qui explique pourquoi les victimes du Sars-CoV-2 sont massivement plus nombreuses dans les milieux urbains des pays du Nord que parmi les populations rurales africaines et asiatiques. Un constat – étayé scientifiquement – qui a d'énormes incidences politiques.
Grâce à cette nouvelle enquête, aussi limpide que documentée, Marie-Monique Robin confirme l'importance de la biodiversité végétale, animale et microbienne. Sa protection constitue un indispensable outil de santé publique.
Le documentaire lui est visible sur Arte jusqu'au 6 janvier 2025 :
https://www.arte.tv/fr/videos/115633-000-A/vive-les-microbes/
Plasma, cornées, tumeurs de foies, ovules, lait maternel, cellules souches, sperme… sont devenus en toute légalité des marchandises. Ces échantillons biologiques s’échangent sur des marchés, à l’échelle mondiale ; les uns pour lutter contre le vieillissement ou des maladies chroniques, les autres pour combattre l’infertilité ou augmenter la masse musculaire.
Ce livre retrace le passage d’un « corps-cosmos » à un « corps stock » qui aboutit à la création d’un grand bazar de pièces détachées disponibles pour la bioéconomie. À grands coups de biotechnologies, les éléments du corps sont transformés en ressource génératrice de croissance. Pour le montrer, l’auteur s’appuie notamment sur les enquêtes qu’il a menées sur les biobanques et sur la transformation du plasma en médicaments.
Elles permettent de comprendre pourquoi cette marchandisation passe inaperçue grâce, notamment, au coup de bluff d’une bioéthique orchestrée par l’État. La bioéthique crée l’illusion qu’institutions et experts constituent un rempart au développement effréné de la technoscience et du capitalisme. Alors qu’elle accompagne ce processus de mise en pièces du corps par un capitalisme proprement cannibale.
https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/le-capitalisme-cannibale
Une enquête de quatre années, édifiante, sur la collecte, l’utilisation et le commerce du plasma, matière première de l’industrie pharmaceutique.
Un liquide précieux coule dans nos veines : le plasma. Sans lui, certains médicaments essentiels n’existeraient pas.
Le marché mondial de cet or fluide pèse 31 milliards d’euros.
En France, le don de plasma est encadré, bénévole, et limité à 24 fois par an. Aux États-Unis, ce don est géré par des entreprises privées, rémunéré, permis deux fois par semaine.
Résultat : deux tiers de ces médicaments utilisés en France proviennent du plasma américain. À la faveur d’un système vampiriste, où les plus pauvres ont les bras percés par les seringues. Et au détriment d’une souveraineté pharmaceutique européenne, dont la pandémie de Covid a pourtant montré la nécessité.
Clara Robert-Motta a mené l’enquête durant quatre années sur ce plasma autant sauveur de vies qu’instrument de domination. Son investigation inédite enjambe les pays et les siècles pour révéler, enfin, cet impensé de l’histoire scientifique.
https://www.editions-jclattes.fr/livre/de-lor-dans-le-sang-9782709671965/
Comment réagissez-vous face aux animaux non-humains qui vous entourent ? Un frelon provoque-t-il une aversion ou admirez-vous sa forme aérodynamique ? Ressentez-vous de la fascination ou du dégoût à la vue d’un rat surmulot ?
Il n’existe pas de réponses universelles à ces questions. Que l’on soit écologue, animaliste, spécialiste ou simplement citoyen.ne, nous pensons toutes et tous différemment. Pourtant, il est nécessaire aujourd’hui de rationaliser et d’apaiser nos relations avec les êtres vivants. Les connaissances scientifiques prouvent constamment que l’humanisme n’a plus de frontière : la notion d’autrui s’élargit désormais à tous ceux qui ressentent le monde comme nous.
En apprenant à mieux les connaître, nous pouvons dépasser la notion d’espèce pour considérer celle d’individu et ne plus condamner des groupes entiers à l’exclusion. Comme nous, ces êtres uniques, sentients, veulent vivre dans le bien-être et le plus longtemps possible.
François Lasserre, entomologiste animaliste, propose une plus grande compassion envers tous les autres animaux. Également vice-président de l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et administrateur de Traces (médiation scientifique).
Maud Junguené est diplômée des Arts Appliqués à Paris (ENSAAMA) depuis 2000. Graphiste, artiste et illustratrice, elle s’inspire des animaux et des paysages pour mettre son art au service de la nature.
https://www.belin-editeur.com/facettes-fascinantes-de-belles-betes
"Dans un nouvel essai percutant, l’astrophysicien Aurélien Barrau défend une science libre et poétique pour faire face à la destruction du monde.
La science est tout sauf neutre. Elle n’est pas «le camp du bien». Après avoir largement dénoncé les responsabilités des sphères politiques et économiques dans les crises écologiques, Aurélien Barrau passe à la loupe son propre milieu. Partant du principe que «critiquer la science, c’est lui faire l’honneur de ne pas l’extraire du monde», l’astrophysicien et chercheur met en doute sa communauté, qui s’est mise au service d’un progrès technologique aveugle. Cette techno-science «investie d’un caractère quasi religieux» serait même «l’un des moteurs les plus dévastateurs de la catastrophe en cours». C’est «L’Hypothèse K.» pour «karkinos» – crabe en grec, le cancer.
Performance, pullulement technique, logique comptable… Aurélien Barrau met en garde contre les préoccupations actuelles de la science qui se focalise, entre autres, sur le fait de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables pour endiguer le réchauffement climatique. Pour lui, le problème n’est pas le carburant utilisé pour alimenter le progrès mais la direction même de ce progrès. Avec une énergie propre et illimitée, l’humanité n’en courrait que plus vite à sa perte.
Dès lors, que faire ? Dans ce texte philosophique et révolutionnaire qui se savoure autant qu’il se médite, le physicien défend une science oblique, fertile et libre, qui se mettrait au service du vivant. Face à une catastrophe «civilisationnelle», il suggère à la communauté scientifique de recouvrer son autonomie et d’«affronter le cancer technique» en habitant poétiquement le monde car, conclut-il en revisitant Rabelais : «science sans déviance n’est que ruine de l’âme»." Juliette Quef
L’hypothèse K, La science face à la catastrophe écologique, Aurélien Barrau, Grasset, octobre 2023, 224p, 18€.