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Alfred Kubin

Alfred Kubin 0.jpg

 

EN NERFS ET EN BOSSES

BIEN EN CHAIR

COMBLER LA FOSSE

 

 

Mordre

Les grappes de nuit lourdes amères

Mordre

Jusqu’au sang le soleil

Mordre la peau

Punir les marques

Du temps irrespectueux

 

 

Abîmer pour abîmer

Creuser le vertige

Sculpter un scalpel

Dans le silex des os

 

 

Fendre le fruit

Profaner sa chair

D’un rite animal

D’un rire rupestre

 

 

Injecter au cœur

Un virus de vie

 

 

Clarté sereine

Éblouissement

Orageuse beauté

De l’entraperçu

 

 

Gravir un bout d’éternité

Était-ce bien la peine ?

 

 

Plaie obscure de la nuit

Dans nos paumes accolées

Rêve bu au carreau du destin

 

 

Est-ce en creusant que l’on ouvre un espace ?

 

 

À coup de langues de pioche

Tirer du sensible un semblant de sens

Ou tout au moins l’essence

Le sacre du réel

 

 

L’homme qui brûle

Dit à l’homme qui pleure :

 

Elève-toi !

 

Jette la dépouille du monde

Et danse !

 

 

cg in Mystica perdita, 2009

(in Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique 2010)

 

 

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