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Le cueilleur d'arbres de Steven Artels (2009)

 

Si vous êtiez à la vallée de Joux et que vous vous baladiez dans la forêt du Risoud, il se pouvait bien que vous tombiez nez à nez avec un véritable troll, un personnage fantastique aux mains de géant et aux yeux d'enfant. Cet homme de 80 ans qui grimpait encore aux arbres comme un écureuil s'appelle Lorenzo Pellegrini. Bûcheron à la retraite depuis 15 ans, il continuait à arpenter quotidiennement les bois pour s'occuper de ses compagnons de toujours : les arbres. Des milliers d'arbres avec lesquels il avait tissé une relation si intime qu'elle semblait magique... Steven Artels avait rencontré le cueilleur d'arbres pour nous faire partager son univers empreint de poésie.

Le retraité savait comment parler aux arbres, il les enlaçait et leur parlait presque avec les yeux. Ses journées étaient consacrées à dénicher les «bois de résonance», ces épicéas rouges aux propriétés si recherchées par les luthiers et fabricants de guitares. Les arbres devaient être droits, répondre au toucher: il n’y en aurait qu’un sur dix mille. L’homme du Brassus s’en est finalement allé dans sa 85e année, sans doute pour vérifier si les épicéas du paradis étaient bien entretenus.

Il devait sa silhouette voûtée et ses incroyables mains à toute une vie passée dans les bois. Lorenzo Pellegrini est né dans une famille pauvre de Lombardie, au milieu de onze frères et sœurs. Il est placé dans une famille à l’âge de sept ans, et envoyé faire la saison dans les bois des Abruzzes. Le travail se fait à la hache, les mulets sont rares et le premier village à cinq heures de marche. Mais ses racines, il les prendra en arrivant à La Vallée dans les années 50, découvrant les épicéas quatre fois centenaires du Risoux qu’il entend jardiner et transmettre aux générations futures. «Il parlait peu, mais il a transmis beaucoup à ceux qui ont eu la chance de l’accompagner dans les bois, raconte le luthier Jeanmichel Capt. Il nous laisse ses coins à épicéas, mais nous a surtout appris à ne pas regarder seulement la réalité, aussi les informations non objectives de cette forêt.»

 

Lorenzo Pellegrini est décédé en 2014 à l'âge de 84 ans.

 

 

 

 

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