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Judith in den Bosch

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Quarante ans d’écriture pour dire une seule et même chose, tenter de dire. Empêchée de vivre, empêchée d’être, bonzaï abandonné. La forme n’a pas plu, le fond sera et pour toujours, délibérément ignoré. Le reste ne sera que la même et minable pièce jouée et rejouée devant une salle vide. Pas qu’une impression, pas une illusion. Quarante années de tentative d’intégration et l’ombre qui n’a cessé de me grignoter : l’araignée avide de ma non-existence. J’ai beaucoup essayé, différemment essayé, je suis épuisée. Asséchée, non, des océans de larmes encore disponibles et un amour, amputé de tous ses membres mais pugnace. J’ai le cœur tabassé, la peur jusque sous les ongles, respirer devient de plus en plus laborieux. Je suis une cible parfaite et je rage et déteste pour le mal que ça me fait. I’m lost since ever. Une cible idéale pour conforter la normalité. Je n’ai jamais été protégée, balancée molle et nue dans ce monde de marteaux, de pilons, de masques ricaneurs, de rouleaux compresseurs. Mais quelque chose en moi cependant terrifie, quelque chose à bâillonner, à détruire. Je n’ai jamais été protégée. J’ai tout pris de plein fouet, l’âme trouée comme une lune, martelée. Et comment ne serais-je pas polie avec autant de coups ? Miroir. Je vous renvoie ce que vous êtes, pas ce que je suis. Je n’ai jamais été. Juste dépouillée continuellement de l’intérieur, par l’ordre de ne pas être. Rebelle pourtant, oui rebelle de toute mon âme, le cœur en miettes.

 in Ourse bipolaire

 

 

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