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Éric Barbier - entretien avec Éric Chassefière - Francopolis, déc. 2023

Dans le dernier numéro de l'année de Francopolis, la joie de lire et relire un ami de plume comme Eric Barbier dans un entretien avec Éric Chassefière (quelques extraits ci-dessous) qui a repris la revue et les publications d'Encres Vives de Michel Cosem.

 

 

Le très proche lointain, le vol d’un aigle ou d’un vautour – ‘l’oiseau même seul est un grand peuple’ – une vive lumière sur les adrets, le voyage de la roche immense. Ce qui ainsi par ce souffle rapproche les mots, là où le poème se fait chemin.

 

(…)

la beauté relève de ce qui échappe aux définitions. La beauté, prétention ou réalité, une insurrection au plus près de soi, l’éphémère, le dérobé, l’agitation du temps dans l’image provisoirement immobile.  La beauté, tentation à poursuivre, elle qui devrait nous préserver de l’inattention, nous permettre de reprendre vie.

 

(…) Le poème devrait faire apparaître cette mémoire qui sans vouloir recourir sans cesse au passé, dans un vivifiant tremblement, offre l’histoire à notre présent ; cette mémoire que la beauté éveille, langue singulière parole dénuée d’ornements, pour retrouver ce que les hommes ont en partage.

 

(…) avancer par ses moyens dans les plus sérieuses ombres vers la pointe du dénuement pour voir apparaître une rive différente, pour arpenter un sol qui ne cède pas.

 

Et sont publiés à la suite de l'entretien des poèmes inédits donc voici quelques extraits également :

 

(...)

 

L’entretien infini renverse le crépuscule

se reposer dans un temps éloigné

tout retrouver ne rien reconnaître

tout deviner ne rien apprendre

rester à vue : la main elle

voudrait reprendre le témoignage de

cette jouissance stupéfaite qui épouse

la rousseur de la roche.

 

Le vent après avoir livré

cent-douze histoires à

l’assemblée des carex disperse

l’apprentissage résigné de l’homme.

 

(…)

 

J’ai retiré mes yeux

de la nuit qui s’avançait

peut-être ces cris l’occupaient-elles

splendeur distante

lumière d’après les orages

telle la pierre lancée

dans l’accalmie du ruisseau

ou la graine échappée du fruit

goûté lors d’un songe tumultueux

je tente une présence parmi

l’alphabet en friches

de la commune obscurité.

 

(…)

 

Eaux violentes nouveaux prétextes

elle vivrait déjà en nous

cette charbonneuse patience

la débauche du soleil

débordera les maisons

nous en boirons les mémoires

à gorge primitive

le visage doucement ébréché

par les semblants du crépuscule.

 

 

 

 

Hors de souffle

hors de portée

hors d’atteinte

une saison trompeuse

invite à ne plus rien quitter

au plus près il ne s’agit

ni de peur ni de mort

tout reviendra

dans un jour différent

tout se répètera

pour mieux nous abandonner

hors de souffle.

 

(…)

 

Le soleil s’étend prudemment

dans ta bouche

genévriers bouses sèches

douceur abrupte de la neige tôt venue

évidence qui ne devra être répétée

ni mutisme ni aveux

savoir exactement

ce qui pourra être déclaré

les nuages rabrouent la pâleur nouvelle des versants

lumière rase yeux courbés

au retour s’imposent d’anciennes réponses.

 

*

 

Boire une gorgée pour

saluer les autres saisons

de l’homme ciel

confédération de nuées

la beauté devient un

instant tendu entre

deux absences une mer

somnolente d’orties

peuple plusieurs imaginations

laquets bruyères fleuries

virtuosité herbeuse de l’été.

 

*

 

Eaux blanches

Eaux brunes

écume de mai

la neige tardive reste gardienne de leurs chants

fragile perpétuité arbres sentinelles

près du col

pierres belliqueuses

réconciliées dans le bleu du ciel

Eaux blanches

Eaux brunes

comme tout ce qui difficilement s’énumère

la beauté accueille voluptueusement nos interrogations

reste l’abandon

des guides

nulle distance entre espoir et devenir

Eaux blanches

Eaux brunes

aucune question ne sera retenue

splendeur mal retranscrite

où se rassemblent les

vertus dissipées du jour.

 

*

 

Chaleur incrédule

ciel fou d’exactitude

une fête s’annonce

l’été déjà la sait ultime

dernières rumeurs d’une célébration

reste une promesse dont personne

ne certifiera l’accomplissement

mais

quel corps justement devrait

se donner aux nuages tardifs

mutisme sans réponses

baiser profond sur les lèvres

inattendues du rocher.

 

*

 

Cette lumière

que l’on ne peut nommer

marcher à distance nécessaire

de l’ombre qui me suit

repos fleurs méconnues

ignorance que n’éteindrait

aucun livre

roche sévère comme

une jeunesse sans mensonges

le temps et le sentier

se dérobent sous le pas

longue présence

mémoire que

chaque jour

retrouve.

 

*

 

Ce qui n’était

même ruisseau

prend langue de glace

la mort

ne porte pas un nom fidèle

sur la lente vitre

le jour naissant

confirme

l’indiscipline ouvragée

du temps.

 

*

 

Lumière difficile

la chaleur qui l’épuise

doit provenir des temps

les mieux oubliés

et voilà comme image

celle d’un homme

qui parlerait d’autres saisons

sur le chemin

la poussière de l’été

improvise certains détours.

 

(...)

 

 Source : http://www.francopolis.net/salon2/E.Barbier-NovDec2023.html

 

 

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