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  • Arthur Bispo do Rosario

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    Artiste plasticien brésilien du début du XIXème siècle, né le 20 Février 1909 (ou 1911) à Japaratuba province du Sergipe (Brésil). On interprète aujourd’hui son œuvre comme appartenant au mouvement de l’art brut. Il réalisa plus de 800 œuvres à partir de pièces détachées, objets, vêtements et tissus.

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    Ci-dessous des extraits d'un article paru sur : http://www.journalmural.com/2012/03/arthur-bispo-do-rosario-prophete-de-l%E2%80%99art-contemporain-bresilien%C2%A0/

     

    Depuis son enfance Bispo entend des voix, elles lui dirent le 22 Décembre 1938, de se rendre à l’église de Candelaria pour y juger les vivants et les morts. Arrêté le 24 décembre dans les rues de Rio, il est interné à l’hospice psychiatrique Praia Vermelha pour schizophrénie et paranoïa. Bispo est alors transféré à l’asile psychiatrique Colônia Juliano Moreira, où il s’engage dans un périple artistique qui ne prendra fin qu’en 1989, année de son décès.

    L’auteur décrit son œuvre comme un monde miniature, qui n’est pas à vendre mais qui a pour objectif de se remémorer, une remémoration personnel. Sa mission est donc de trouver la signification de sa vie.

    (...)

    La technique de prédilection de Bispo : la broderie.
    Sa méthode est singulière en ce qu’elle consiste à défiler les uniformes du personnel hospitalier, pour en extraire un fil bleu qui servira à la broderie. En effet, bons nombres de ses productions sont des objets dissimulés sous un fil bleu (photos ci- contre).

    Les œuvres qui se distinguent le plus sont ses bannières, ses bateaux et ses par- dessus créées avec une extrême précision. Son œuvre la plus impressionnante est son « Manto da apresentação » (cf. sixième photo) qu’il devait porter le jour du jugement dernier.

    Il a réalisé la totalité de ses œuvres dans l’hôpital où il a été interné pendant 50 ans. En ces temps-là, les hôpitaux psychiatriques étaient des lieux d’exils pour une population pauvre majoritairement noire, où y étaient internés les malades psychiatriques ou simples alcooliques.

    L’époque de Bispo s’inscrit seulement deux décennies après l’abolition de l’esclavage. Ainsi, cette population noire brésilienne, composée de filles et de fils direct d’esclaves, se trouva héritière de la pauvreté et du trauma de l’asservissement.

    En effet, les anciens esclaves et leur descendance sont entrés dans un cycle de violence inouïe que l’on qualifiait alors de « fou » mais en fait n’était autre que la manifestation d’une forme de syndrome « post- traumatique ». Ce stress post- traumatique est une réaction humaine pour la survie, vécu par certaines personnes incomprises, qui se sont retrouvées dans ces prisons médicales.

    En 1934, Bispo ancien marin, triste héritier de cette extrême fureur, a trouvé en son œuvre un refuge, une intermédiaire aux soins brutaux prodigué dans ces institution vieillies, qui à l’époque usaient de méthodes archaïques dont la lobotomie. Il a donc exercé son savoir de marin en formant toute sorte de cordages, nœuds et bannières mémoratives en souvenir de son monde.

    (...) Le travail effectué par Bispo do Rosario est avant tout un travail de reconstruction et de mémoire. Sur des centaines de draperies, étendards, bannières, bateaux il a brodé des milliers de noms de rue de personnes, de villes, de pays, de lieux.

    De sa vie de navigateur, il en garde un souvenir intact, qu’il scelle alors sur la majorité de ces œuvres. Les critiques contemporains interprètent son œuvre comme un monde qu’il s’est crée pour échapper au réel. Cependant, je pense au contraire que Bispo reconstituait le monde réel à partir de ses œuvres pour de ne pas se perdre dans ce milieu hospitalier aliénant. Chacune des ses œuvres a été créée à partir de pièces du quotidien hospitalier transformées. Il a ainsi transformé ces objets aliénants appartenant au monde psychiatrique en objet réconfortants appartenant à sa mémoire vive. Son travail de reconstruction est encore plus saisissant en analysant l’acte de broder. En effet, il aurait pu choisir d’écrire tous ces noms de villes, de rues…etc. ; mais il a préféré prendre des tissus, des draps ou autres haillons, pour ensuite les effiler un à un et en extraire le fil. De ce fil il a pu rebroder ses souvenirs y répertorier tout ce qu’il sait, en passant des côtes où il a navigué et autres techniques d’amarrage. Il brode le monde réel pour justement garder le fil de son existence. L’art devient alors un moyen de sauver sans médication, l’art c’est créer, créer c’est la vie.
    Donc en soi l’art et la maladie de sont pas opposition mais complémentaire, un sujet atteint de psychose qui produit de la vie est en phase de guérison.

    Inez Olude da Silvaest une artiste peintre brésilienne, réfugiée politique à Bruxelles. Elle témoigne qu’après sa sortie de prison sous la dictature brésilienne et chilienne, elle a commencé à peindre pour sortir la douleur qui l’habitait. Elle souligne notamment le fait que ce n’est pas la souffrance qui rend artiste mais, c’est malgré cette souffrance que l’homme puise en lui la vie pour combattre ces tourments.

    L’Art se définit comme un acte de résistance, à l’ordre établit et dans notre cas, cet ordre est représenté par l’institution psychiatrique. La création est un syndrome de santé limitée par la maladie. La maladie n’est pas un processus de vie mais un arrêt de vie. Tandis ce que l’art est un processus de vie qui se positionne à l’encontre du pouvoir en place, de la folie et de la pulsion de mort. Dans le cas de Bispo, faire de l’art au Brésil à cette époque relève d’un acte de bravoure car les conditions y sont extrêmement difficiles (pas de reconnaissance du gouvernement, marginalisation, pas de carde théorique). La création artistique ne s’établit pas comme un acte de résistance posé par la personne atteinte de psychose, c’est le voyeurisme du publique qui impose ces questionnements de résistance.

    (...)

    Représentation de l’art brut* outsider

    L’art de Bispo se classe dans la branche de l’art brut tout en se plaçant en outsider par son ingéniosité et son altérité propre. La particularité de l’artiste brut est son désintérêt pour la notoriété et la reconnaissance du milieu artistique. Au contraire, ces artistes tout comme Bispo, s’inventent un monde approuvé par eux- même. L’ « art fou » de Bispo caractérisé par la création explosive et intensive sort des cadres communs de création, ce qui pose le problème de la représentation.

    En effet, peut- on présenter cet art outsider dans des musées ? Espaces réglés, instaurés par le pouvoir et les codes de l’art. La représentation de l’art brut dans des cadres « insider » serait alors perçu comme une tentative de domestication.

    La solution trouvée pour la représentation de l’œuvre de Bispo est de garder ses œuvres au sein de l’asile. Aujourd’hui il est possible de contempler son œuvre complète dans l’ancienne institution psychiatrique ouverte au public.

    *Art brutest un terme inventé par le peintre Jean Dubuffet pour désigner les productions de personnes exemptes de culture artistique

     

     

     

  • Arirang de Kim Ki-duk

    Arirang de Kim Ki-duk

    En 2008 survient un accident sur le tournage de Dream, dernier film de Kim Ki-duk. L’actrice principale manque de mourir lors d’une scène de pendaison. Sauvée in extremis par le réalisateur qui la décroche de sa potence, elle n’aura rien mais l’accident traumatisera durablement Kim Ki-duk. S’ensuit une longue traversée du désert, dans lequel il s’interrogera sur sa responsabilité en tant que cinéaste, son rapport à la réalisation et aux autres, sa position en tant qu’artiste contemporain mondialement reconnu. Cette réflexion de trois ans, c’est Arirang, poignant journal intime d’un homme en proie au doute, film qui repousse les limites de l’art cinématographique. Isolé dans une cabane au milieu de nulle part, le metteur en scène s’est fabriqué une machine à café et quelques autres accessoires de survie, mais a surtout emmené avec lui une caméra et des ordinateurs. Kim Ki-duk devient acteur, scénariste, réalisateur, monteur et producteur d’un film qui raconte sa vie reculée à manger peu et boire beaucoup, à méditer et parler à son ombre. Une vie ascétique, à l’instar de celle du moine de Printemps, été, automne, hiver… et printemps, que Kim Ki-duk regarde dans Arirang le temps d’une séquence bouleversante. Pleurs, lamentations, profonde dépression, les confidences du cinéaste pourraient sombrer dans la complaisance ou le voyeurisme ; mais il n’en est rien, Arirang est une œuvre intense et touchante, son réalisateur un homme au courage exemplaire capable de se montrer ainsi fragilisé. Kim Ki-duk est aussi un raconteur d’histoires ; alors, entre deux confidences sur ses peurs et ses envies, il sait aussi parfaitement interroger le spectateur. Comment percevons-nous le cinéma ? Que reflète-t-il : représentation de la réalité ou fiction totale au rôle cathartique ? Kim Ki-duk l’acteur nous emmène avec lui affronter ses démons dans une séquence finale absolument folle destinée à libérer l’homme de ses passions et à questionner le sens même de la vie. Œuvre unique, témoignage rare, Arirang est un exercice d’humilité et de créativité fantastique, riche d’enseignements et de compréhension de l’homme qui s’est caché trois années durant dans la montagne et qui, fort heureusement, revient aujourd’hui parmi nous.

    Arirang de Kim Ki-duk. Corée, 2011. Prix Un Certain Regard 2011.

    Source : http://www.grand-ecart.fr/cinema/arirang-kim-ki-duk/