Cathy Garcia - Lit du Lantouy
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Chemin : bande de terre sur laquelle on marche à pied. La route se distingue du chemin non seulement parce qu'on la parcourt en voiture, mais en ce qu'elle est une simple ligne reliant un point à un autre. La route n'a par elle-même aucun sens ; seuls en ont un les deux points qu'elle relie. Le chemin est un hommage à l'espace. Chaque tronçon du chemin est en lui-même doté d'un sens et nous invite à la halte. La route est une triomphale dévalorisation de l'espace, qui aujourd'hui n'est plus rien d'autre qu'une entrave aux mouvements de l'homme, une perte de temps.
in L'immortalité
Cette jolie idée de Saint-Pol-Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles.
in Journal (7 mai 1894)
Présage n. Signe que quelque chose arrivera si rien ne se passe.
in Le dictionnaire du Diable
Apprendre pour aller vers un mieux, en sachant que la perfection est une étoile filante et qui ne nous est pas demandé d’être parfaits, mais seulement d’être sincères. Il y a des menteurs plus sincères que des diseurs de vérités… Tout dépend de la foi que l’on prête à ses mensonges.
cg in Journal 1998
Tu es assis près d'un ruisseau et tu as soif. Même si tu es idiot, tu sais que l'eau va te désaltérer. C'est ça comprendre...
in Si j'étais Dieu
Extrait de l'émission Les poètes du 20 mars sur Radio Occitania, où les femmes sont à l'honneur, que vous pouvez écouter en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
« Fugitive » de Cathy GARCIA (55 pages, 12 €, illustrations de l’auteure) est aussi un livre d’art du fait de la parfaite mise en page de cet éditeur perfectionniste, et de la qualité des illustrations de cette poétesse qui excelle aussi dans l’art plastique. Une artiste totale ! Celle qui fait paraître cette revue que nous aimons citer « Nouveaux-Délits » et qui a déjà publié 17 livres de poésie, atteint avec ce dernier volume une maturité impressionnante. L’écriture s’est resserrée, gagne en densité. La langue impose son rythme, sans pas superflus, car il s’agit de marcher avant tout.
Je dois marcher. Suivre mon ombre.
Tendue de peaux mortes, elle tangue, la mâchoire rouillée.
Elle tangue sous le couteau et ses cauchemars sont des drones.
Le guetteur lui parle de vie majuscule.
Elle entend funérailles, rubis teinté de mort.
Passe un ogre de désir et elle chavire encore, les flancs fracassés.
Comme l’affirmait MACHADO, le chemin se fait en marchant, il faut donc marcher et peu importe d’atteindre une destination, l’essentiel est de ne jamais quitter le chemin, de ne jamais interrompre la marche, sous peine d’anéantissement.
Je dois marcher.
Voltige de lunes dans les ténèbres tamisées.
Visions éclatées de l’oracle.
Je vois l’ange tatoué d’éclipses.
L’âpre déchirement tellurique.
Du ciel baraté s’échappe une tornade.
Exodes, insurrections, liturgies volcaniques.
Dilution de soufre à la fonte des orages.
J’avance entre déflagration, vertige,
Et le souffle rauque des vents solaires.
Si pour échapper à ce qu’ARTAUD nommait « cette sempiternelle anonyme machine appelée société » dont les impitoyables rouages brisent celle qui tente de s’y soustraire, il ne reste que marcher, alors il faut marcher, et dans cet élan, rejoindre enfin l’unité qui nous unit et nous confond dans un absolu qui nous délivre.
Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.
Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d’épices.
Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre.
Je cours et je danse.
La terre est une et nous sommes un.
Tous de passage, mouvement et empreinte.
Chair de rocaille dans l’herbe maigre où sieste le serpent.
Mais marcher sans cesse, c’est être « fugitive », comme la vie. Un très beau livre !