Vikram Kushwah
J’attends et je verrai, j’entendrai, je sentirai, je toucherai et quoiqu’il arrive ce sera vivant !
cg in Journal 1999
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J’attends et je verrai, j’entendrai, je sentirai, je toucherai et quoiqu’il arrive ce sera vivant !
cg in Journal 1999
Photographe slovène.
Cet homme est comme une forêt, il se croit tout obscur, il est partout troué de rayons de soleil.
in L'Expédition
Vladimir Vasilev, est né à Stara Zagora, Bulgarie. Vit en France depuis 2001, photographe indépendant depuis 2008.
http://www.vladimirvasilev.com/
Le monde est infini non seulement dans toutes les directions de l'espace, mais aussi dans ses vérités.
in La faim du tigre
N’attendez pas de voir des bidonvilles, ni des taudis sur les photos de Vladimir Vasilev. Le ghetto n’est pas constitué de logement insalubres. Il n’est pas entouré de murs en béton non plus. Un ghetto n’est pas tangible : il est avant tout une construction imaginaire. Encore faut-il affirmer que le ghetto existe parce qu’il est hanté par des être humains.
Pour comprendre ce terme réducteur trop usité, mais peu usé, Vladimir Vasilev emprunte la seule voie possible : suivre et photographier les habitants des ghettos. Parce que la VIE d’un ghetto, ce sont ses habitants et leur existence. Mais leur vie, est-elle une vie à part entière ?
Le cycle « Les fantômes du ghetto » essaie de faire allusion exactement à cette problématique-ci. Vladimir Vasilev a photographié pendant une décennie les populations défavorisées en Europe de l’Est et a suivi les habitants des ghettos dans leur environnement citadin, mais aussi dans leurs désirs et émotions. Sans prétendre qu’une vision commune peut être totalement constituée et rendue, l’auteur affirme encore une fois que l’imaginaire est l’avatar et la préjudice des fantômes des ghettos.
Je ne veux pas recevoir d'argent pour avoir entravé un homme
Jo le forgeron,
in l'adaptation cinématographie des Grandes Espérances, de Charles Dickens
Illustrations d’Yves Budin
Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, 2013.
78 pages, 11 euros.
Démolition de Jean-Christophe Belleveaux se lit une fois puis se relit, en espérant cette fois en ressortir moins essoufflé. Démolition aurait pu aussi bien s’intituler débordements et suffocation, car il s’agit principalement ici d’évacuer un trop-plein, comme annoncé dans la première phrase du recueil, en italique, comme l’auteur se citant lui-même :
Le monde est trop plein, ma poitrine en déborde
Pas de majuscule, on y entre de plein pied ou comme un de ces pavés dans la mare et les retours à la ligne n’ont rien de convenu, mais donnent le ton saccadé qui nous place d’emblée dans la tête de l’auteur, comme à bord d’un véhicule à embarquement immédiat. Nous voilà secoués, soubresautés, subissant des embardées avec toutefois quelques moments où le trajet semble s‘apaiser mais pas pour longtemps. Le chemin n’a rien d’une autoroute, mais bien plutôt un de ces chemins de terre, pleins de trous et de bosses, qui mènent on ne sait où, l’idée même d’une destination étant hors de propos.
faire bonne figure, s’accommoder
d’infinitifs qui ont le style
d’une serpillière
je suis fatigué
comme tout le monde
tout le monde trop-plein
de trop de choses
Et la plume de l’auteur contredit sa fatigue en étant ici pareille à un moteur qui s’emballe et qui chercherait à se faire taire lui-même. Des sentiments de vanité et désenchantement prennent le lecteur à la gorge et lui donnent envie à lui aussi, de recracher le trop-plein, la dégueulasserie qui frôle souvent le dégoût de soi.
je ne vais pas continuer à écrire
« les vaches se tiennent debout sous la pluie »
par exemple
je ne vais pas non plus
sortir sous la pluie
ni me taire ni mourir tout de suite
Il y a au départ de l’écriture une plaie, impossible à refermer. Les mots en guise de cautérisation, autant verser de l’eau dans un trou de sable.
Je lèche ma plaie
J’écris avec ma langue
Celui qui écrit ne peut que continuer à écrire, dans une vertigineuse mise en abîme, une toile dont on finit par voir la trame à force de l’user, écrire même pour dire rien.
mais plus pur que le rien
pourquoi en voudrais-je
de cette baudruche
pureté brûle, viole,
met des fils de fer barbelés
Pour interroger le silence. Deux mots déjà, deux mots de trop. À devenir fou. Les mots sont à la fois le fond où l’auteur se noie et le radeau qui le sauve.
seulement voilà
ça s’effrite dedans, ça craque
et l’écriture jette ses oiseaux noirs
sur la page étale
(…)
je ne peux plus compter
sur le mauvais ficelage
de ce radeau
Les mots, filet balancé au néant, pour y pêcher quoi ?
Donnez-moi de l’amour
à cause de mes phrases
beaucoup d’amour anonyme
non prononcé
(…)
j’aligne les mots les signes
les hameçons
Qui ne pêchent rien
j’aligne
(…)
c’est un tango absurde avec le manque
une posture à foutre en l’air
à coups de revolver
Et puis il y a tous ces voyages, ces échappées dont les images restent gravées, des mots encore et cette atroce certitude qu’ils ne réparent rien, que les mots ne résolvent rien, ne ressuscitent rien.
je me suis bagarré avec tout ça, j’ai fait du doute un habit à peu près supportable
la grande fatigue, elle, me jette au bord de l’impudeur : tout déballer, faire le tri ou alors foutre le feu tout de suite à l’entière baraque
Démolition, c’est le poète qui se débat avec sa solitude.
sommes-nous
l’ange et moi
symétrique aussi
sommes-nous
l’ange de l’autre
(…)
puis–je étrangler
au nœud coulant de mon blabla
ma solitude
Car celui qui se construit de mots en vient à douter de sa propre consistance.
et puis ça se fissure
on ne sait pas bien
on n’a plus
qu’une vapeur d’âme
un crachin
(…)
RIEN
Se débrouille pour me dissoudre
Reste à rire de soi, que ce soi de maux soit de mots, soit ! Le pied de nez de celui qui ne saurait vivre sans eux, même s’il est tenté de les démolir, comme un taulard voudrait casser les briques des murs qui l’enserrent.
et pas de pioche encore
pour les briques du mur
mais ça viendra
ça va casser futur proche
ça s’éboulera langue et sourire
boomerang.
Et le lecteur en reprendra bien encore une fois.
A noter aussi, les superbes illustrations d’Yves Budin.
Cathy Garcia
Jean-Christophe Belleveaux naît par hasard en 1958 à Nevers-en-France. Se prolonge par faiblesse, notamment dans la vaine animation d'une revue de poésie, "Comme ça et autrement" durant sept années, dans de vagues études de Lettres et de langue thaï, en résidence d'écriture et lectures publiques, dans de tenaces errances à travers les fuseaux horaires et le labyrinthe existentiel. Mourra par rencontre, comme tout un chacun.
Quelquefois je me demande ce que nous sommes en train d'attendre. Silence. - Qu'il soit trop tard, madame.
in Océan Mer
Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses ! O Soleil ! toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont !
in Chantecler
« Je fus créée dès le commencement et avant les siècles », L’Ecclésiaste
Notre-Dame-des-Orties
Notre-Dame-des-Ronciers
Sexe vient de sectionner
Clito signifie magnifique,
la déesse mère crétoise de Knossos.
Aphrodite et son sanglier
Artémis et son ours
Héra du jour
Hécate de nuit
Déméter entre deux
Mystères d’Eleusis
Neuf jours
A la croisée de trois chemins
Initiale initiée, voyelle nuptiale.
Beauté de la rose ancestrale
Dans son berceau de vent.
Voilà la clé.
Elle a toujours était là.
Vierge Noire de Rocamadour
Et l’antique Mère Noire
Sulevia ou Soulivia
Sulèves, divinités féminines des terres incultes et sauvages.
Village des Alysses en bord de l’Alzou, dans le Lot.
Fondée dit-on par une mystérieuse dame qui continue à rôder la nuit
au lieu-dit « Combe de la Dame »
cg in Universelle