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  • Vladimir Vasilev - série Les fantômes du ghetto

    N’attendez pas de voir des bidonvilles, ni des taudis sur les photos de Vladimir Vasilev. Le ghetto n’est pas constitué de logement insalubres. Il n’est pas entouré de murs en béton non plus. Un ghetto n’est pas tangible : il est avant tout une construction imaginaire. Encore faut-il affirmer que le ghetto existe parce qu’il est hanté par des être humains.

    Pour comprendre ce terme réducteur trop usité, mais peu usé, Vladimir Vasilev emprunte la seule voie possible : suivre et photographier les habitants des ghettos. Parce que la VIE d’un ghetto, ce sont ses habitants et leur existence. Mais leur vie, est-elle une vie à part entière ?

    Le cycle « Les fantômes du ghetto » essaie de faire allusion exactement à cette problématique-ci. Vladimir Vasilev a photographié pendant une décennie les populations défavorisées en Europe de l’Est et a suivi les habitants des ghettos dans leur environnement citadin, mais aussi dans leurs désirs et émotions. Sans prétendre qu’une vision commune peut être totalement constituée et rendue, l’auteur affirme encore une fois que l’imaginaire est l’avatar et la préjudice des fantômes des ghettos.

     

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  • Démolition de Jean-Christophe Belleveaux

    Illustrations d’Yves Budin

    Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, 2013.

     

     

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    78 pages, 11 euros.

     

      

    Démolition de Jean-Christophe Belleveaux se lit une fois puis se relit, en espérant cette fois en ressortir moins essoufflé. Démolition aurait pu aussi bien s’intituler débordements et suffocation, car il s’agit principalement ici d’évacuer un trop-plein, comme annoncé dans la première phrase du recueil, en italique, comme l’auteur se citant lui-même :

     

     

    Le monde est trop plein, ma poitrine en déborde

     

      

    Pas de majuscule, on y entre de plein pied ou comme un de ces pavés dans la mare et les retours à la ligne n’ont rien de convenu, mais donnent le ton saccadé qui nous place d’emblée dans la tête de l’auteur, comme à bord d’un véhicule à embarquement immédiat. Nous voilà secoués, soubresautés, subissant des embardées avec toutefois quelques moments où le trajet semble s‘apaiser mais pas pour longtemps. Le chemin n’a rien d’une autoroute, mais bien plutôt un de ces chemins de terre, pleins de trous et de bosses, qui mènent on ne sait où, l’idée même d’une destination étant hors de propos.

     

      

    faire bonne figure, s’accommoder

    d’infinitifs qui ont le style

    d’une serpillière

     

    je suis fatigué

     comme tout le monde

      

    tout le monde trop-plein

    de trop de choses

     

     

    Et la plume de l’auteur contredit sa fatigue en étant ici pareille à un moteur qui s’emballe et qui chercherait à se faire taire lui-même. Des sentiments de vanité et désenchantement prennent le lecteur à la gorge et lui donnent envie à lui aussi, de recracher le trop-plein, la dégueulasserie qui frôle souvent le dégoût de soi.

     

      

    je ne vais pas continuer à écrire

     « les vaches se tiennent debout sous la pluie »

     par exemple

     

    je ne vais pas non plus

    sortir sous la pluie

    ni me taire ni mourir tout de suite

     

     

    Il y a au départ de l’écriture une plaie, impossible à refermer. Les mots en guise de cautérisation, autant verser de l’eau dans un trou de sable.

     

    Je lèche ma plaie

    J’écris avec ma langue

     

     

    Celui qui écrit ne peut que continuer à écrire, dans une vertigineuse mise en abîme, une toile dont on finit par voir la trame à force de l’user, écrire même pour dire rien.

     

    mais plus pur que le rien

    pourquoi en voudrais-je

    de cette baudruche

     

    pureté brûle, viole,

    met des fils de fer barbelés

     

     

    Pour interroger le silence. Deux mots déjà, deux mots de trop. À devenir fou. Les mots sont à la fois le fond où l’auteur se noie et le radeau qui le sauve.

     

     

    seulement voilà

    ça s’effrite dedans, ça craque

    et l’écriture jette ses oiseaux noirs

    sur la page étale

     

     

    (…)

     

    je ne peux plus compter

    sur le mauvais ficelage

    de ce radeau

     

    Les mots, filet balancé au néant, pour y pêcher quoi ?

     

    Donnez-moi de l’amour

    à cause de mes phrases

    beaucoup d’amour anonyme

    non prononcé

     

     (…)

     

    j’aligne les mots les signes

    les hameçons

    Qui ne pêchent rien

    j’aligne

     

     

    (…)

     

    c’est un tango absurde avec le manque

     une posture à foutre en l’air

     à coups de revolver

     

     

    Et puis il y a tous ces voyages, ces échappées dont les images restent gravées, des mots encore et cette atroce certitude qu’ils ne réparent rien, que les mots ne résolvent rien, ne ressuscitent rien.

     

    je me suis bagarré avec tout ça, j’ai fait du doute un habit à peu près supportable

    la grande fatigue, elle, me jette au bord de l’impudeur : tout déballer, faire le tri ou alors foutre le feu tout de suite à l’entière baraque

     

      

    Démolition, c’est le poète qui se débat avec sa solitude.

      

    sommes-nous

    l’ange et moi

    symétrique aussi

    sommes-nous

    l’ange de l’autre

     

     

    (…)

     

    puis–je étrangler

    au nœud coulant de mon blabla

    ma solitude

     

    Car celui qui se construit de mots en vient à douter de sa propre consistance.

     

    et puis ça se fissure

    on ne sait pas bien

    on n’a plus

    qu’une vapeur d’âme

    un crachin

     

     

    (…)

     

    RIEN

     

    Se débrouille pour me dissoudre

     

     

    Reste à rire de soi, que ce soi de maux soit de mots, soit ! Le pied de nez de celui qui ne saurait vivre sans eux, même s’il est tenté de les démolir, comme un taulard voudrait casser les briques des murs qui l’enserrent.

     

    et pas de pioche encore

    pour les briques du mur

    mais ça viendra

    ça va casser futur proche

    ça s’éboulera langue et sourire

    boomerang.

     

      

    Et le lecteur en reprendra bien encore une fois.

    A noter aussi, les superbes illustrations d’Yves Budin.

     

      

    Cathy Garcia

     

     

      

    belleveaux2.jpgJean-Christophe Belleveaux naît par hasard en 1958 à Nevers-en-France. Se prolonge par faiblesse, notamment dans la vaine animation d'une revue de poésie, "Comme ça et autrement" durant sept années, dans de vagues études de Lettres et de langue thaï, en résidence d'écriture et lectures publiques, dans de tenaces errances à travers les fuseaux horaires et le labyrinthe existentiel. Mourra par rencontre, comme tout un chacun.

     

     

     

     

  • Edmond Rostand

     

     Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses ! O Soleil ! toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont !

     

    in Chantecler

     

     

  • Victor Karlovich Shtemberg

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    « Je fus créée dès le commencement et avant les siècles », L’Ecclésiaste

     

    Notre-Dame-des-Orties

    Notre-Dame-des-Ronciers

     

    Sexe vient de sectionner

     

    Clito signifie magnifique,

    la déesse mère crétoise de Knossos.

     

    Aphrodite et son sanglier

    Artémis et son ours

     

    Héra du jour

    Hécate de nuit

    Déméter entre deux

     

    Mystères d’Eleusis

    Neuf jours

    A la croisée de trois chemins

     

    Initiale initiée, voyelle nuptiale.

    Beauté de la rose ancestrale

    Dans son berceau de vent.

     

    Voilà la clé.

    Elle a toujours était là.

     

    Vierge Noire de Rocamadour

    Et l’antique Mère Noire

    Sulevia ou Soulivia

     

    Sulèves, divinités féminines des terres incultes et sauvages.

     

    Village des Alysses en bord de l’Alzou, dans le Lot.

    Fondée dit-on par une mystérieuse dame qui continue à rôder la nuit

    au lieu-dit « Combe de la Dame »

     

    cg in Universelle