Lionel Mazari - La côte et le pompon -
Poème de Lionel Mazari inspiré par la photo de Cathy Garcia Canalès et mis en musique et interprété par l'auteur.
Mars 2023
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Poème de Lionel Mazari inspiré par la photo de Cathy Garcia Canalès et mis en musique et interprété par l'auteur.
Mars 2023
Le cadeau du jour, magnifique cadeau, le cocon de grand paon de nuit que j'avais trouvé à l'automne dernier et mis à l'abri sur ma terrasse, et bien il devait abriter une fille, car aujourd'hui deux mâles sont arrivés, le premier on l'a trouvé en piteux état, j'étais très triste, et je suis donc vite allée voir le cocon et voilà ce que j'ai trouvé - ô émerveillement - et que j'ai mis sur la fenêtre de ma chambre à l'abri des chats.... Ils ont fricoté toute l'aprem, la descendance est assurée :-) étrange d'ailleurs car ce sont des papillons de nuit.
20 cartes différentes, printemps oblige
Format 10x15 en papier finition laminée brillante, 350g fabrication sans chlore élémentaire (ECF)
série très limitée, 12 exemplaires de chaque
Sont disponibles sur commande
et à la boutique Fourmillard, 60 rue du portail d'Alban à CAHORS
cg "Fugitives"
"poésie : des signes et des sons sur des sensations, du souffle pour tisser des échelles et des passerelles, tentative de toucher au-delà des limites convenues, créature libre et sauvage, peut percer le coffre du cœur, peut mordre si besoin "
Après une première série de cinq cartes comprenant les quatre "Gardienne des rives" et "La petite pêcheuse de la Rauze", voici donc cinq nouvelles cartes pour une deuxième série, toujours au format 10x15 en papier finition laminée mate 350g, fabrication écolo sans chlore élémentaire (ECF). Chaque carte est en série limitée - et ce sont donc mes photos bien-sûr !
la plume
Le chapeau de magicien
L'ïle
Le pont
I see you
Disponibles ainsi que la première série sur commande et à la boutique Fourmillard, 60 rue du Portail d'Alban à Cahors (Lot).
Voir la première série :
Et pour la lancer, une première série de cinq cartes "Magie, poésie, beauté du Lot", comprenant les quatre "Gardienne des rives" plus "La petite pêcheuse de la Rauze", format 10x15 en papier finition laminée mate 350g fabrication écolo sans chlore élémentaire (ECF), série limitée - et ce sont donc mes photos bien-sûr ! - les scans ci-dessous rendent mal mais ça vous donne une idée....
... jusqu'au prochain...
Les paradis me poursuivent ; je veux dire
qu'à chaque nouveau malheur, mon cerveau
se reconfigure à l'heure de mon dernier bonheur.
Outre cette fonction "reset", je possède encore
un accumulateur charnel d'énergie qui stocke,
chacune de mes bouffées délirantes ; et plutôt
que de la dispenser en une brève extase,
la diffuse, couleurs soufflées sur ma matière grisée,
en un fin, durable, équanime filet d'alacrité.
... jusqu'à la suivante...
...
© l'impossible séjour de lionel mazari
© Photo Cathy Garcia
Quand l’orage vient, précédé comme toujours de son souffle chaud de bête prête à en découdre, le géranium déjà rouge devient fluorescent. On entend la bête galoper sur le plancher du ciel, ça craque, ça résonne et toujours en moi cette exaltation, cette palpitation, cette excitation qui me garde dehors, face à elle. Les feuilles du citronnier se mettent à briller elles aussi, tout semble électrisé à l’approche de cette force brute et magnifique. La chatte reste avec moi, posée sur une chaise et voilà les gouttes qui se précipitent, crépitent. Les chênes entament la danse, le balancement nerveux de leurs branches.
Le crayon est mon antenne, la peau est mon antenne, mes poumons avalent le vent, le cœur fait tambour avec le tonnerre. La bête est rusée, elle tourne, ne s’approche pas directement, elle a pissé à peine et tout reste sur sa soif. Un avion, ridicule moucheron, vient la narguer, son moteur résonne comme un chant de cathédrale, ça énerve la bête qui souffle des naseaux, gronde. Pour l’accueillir comme il se doit, avec respect, je lui offre de mon vin de gaillet et nous buvons ensemble, elle tourne plus vite, rugit sourdement mais je sais qu’elle tiendra sa grêle loin de mes plantes. Nous avons un pacte. Je laisse sa respiration s’unir à la mienne, l’air est un élément avec qui je partage de grandes affinités. La bête me répond avec force et douceur à la fois, le vin de gaillet répand sa saveur légèrement amère dans ma gorge. La bête est tout près, elle bouscule les objets, courbe les arbres, elle ne va pas tarder à mordre, mais elle est lumineuse et la voilà qui pisse sa joie sans retenue. Les gouttières recueillent, eau d’orage, le plus euphorisant des parfums. La bête me couve maintenant, tout s’est assombri, ma peau frissonne et je sens à quel point elle retient sa force pour ne rien détruire. Je reste dehors, un peu à l’abri sur la terrasse, entourée des chevaux de vent qui diffusent leurs prières. Je tiens un galet poli dans ma main, gris sombre et dense, comme si je tenais l’orage lui-même. La lumière est incroyable, la bête m’a prise à l’intérieur d’elle-même et tout est calme.
La chatte est toujours là, partage ma confiance, elle est belle comme tout ce qui m’entoure et même ma peau devient phosphorescente, nous sommes bercées par la bête, son haleine est chaude, la chatte s’endort assise. Elle attend des petits, et la bête a tout d’une mère elle aussi, qui berce et nourrit la nature. Quand son expiration se fait plus fraiche, je sens des choses dans mon bas-ventre. La bête est guérisseuse aussi, suffit de lui demander. La lumière est éblouissante, le souffle monte et revoilà le galop au-dessus de ma tête. La bête n’est pas noire mais de plus en plus blanche, électrique mais sans éclairs, blanche et lumineuse comme un miroir. Grondement et chair de poule, j’enfile un t-shirt.
La bête a fait un pipi de chat, les asters assoiffés en attendaient bien plus, mais a t’elle dit son dernier mot ? Il y a maintenant comme une forte brise en bord de mer, celle qui fait claquer les drapeaux, tinter les mâts. Je chevauche le dos de la bête, avec elle, je peux aller n’importe où. Je caresse le galet luisant, sa forme est parfaite, c’est à force de polir du bois qu’il brille ainsi. Vous saisissez sa leçon ?
La bête m’a donné faim, c’est sans doute l’heure passé. Peut-être un dîner en tête à tête avec elle ? On se passera de bougies.
texte et photo de Cathy Garcia, juin 2017
je connais des lieux où le muguet pousse en secret,
et le meilleur porte-bonheur,
c'est de le laisser pousser en paix