Andreas Heumann
"Mais le glébeux crie le nom de sa femme Hava-vivante.
Oui elle est la mère de tout vivant "
(3,20 trad. Chouraki)
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"Mais le glébeux crie le nom de sa femme Hava-vivante.
Oui elle est la mère de tout vivant "
(3,20 trad. Chouraki)
Intuition d’une naissance, algue parmi les algues. Extase de la nudité.
Je contemple l’inachevé, l’œuvre tellurique.
L’œil vivant dans ma fibre noueuse.
Cathy Garcia
in Le poulpe et la pulpe (Cardère 2011)
Je suis la première et la dernière
Sœur amante mère épouse
Je suis toutes en Une
Et Une en toutes
Je suis la Voie du cœur
La voix enchanteresse
Cathy Garcia in Le Chant de la Vieille
Vie et mort
J’ai la connaissance
Des profondeurs
C’est pour cela
Que le serpent m’a aimée
Cathy Garcia
in Le Chant de la Vieille
Soumise
Tel fut mon satori
Ma beauté demeure
Hors de ta portée
(Cathy Garcia, extrait du Chant de la Vieille)
MAÎTRESSE DES LUNES GIBOYEUSES
Grand écart terre ciel
Grand corps d’argile aux seins sablonneux
Labyrinthe de tes mèches broussailles
Je décroche les pendus
Et les voilà qui renaissent
Dans tes champs de tourbe et de salaisons
Moi je voudrais être nue
Là où ta lumière danse
Je voudrais être ton levain d’amour
La calligraphie conjointe de tes courbes
Être sur tes côtes une vague endormie
Entre tes doigts le pli d’un paysage mûr
Oublier pour un temps
Les reptations aveugles
Des marées humaines
Cathy Garcia, 2007
Emeraude
La Lune
Modèle, 1900's
Alfons Maria Mucha, né à Ivančice le 24 juillet 1860 et mort à Prague le 14 juillet 1939, est un peintre tchèque, fer-de-lance du style Art nouveau.
Vents d'Ailleurs, octobre 2012 (première édition en 1987 chez Seuil),
221 p. 19 €
Si l’on est de celles et ceux qui veulent tout comprendre immédiatement, on prend le risque en lisant ce livre, d’un mal macaque, une gueule de bois, dans la langue haïtienne, car tout y est inextricablement emmêlé. Passé, présent, la nuit et le jour, la mort et l’amour, mythe et réalité, les histoires et les destinées, le rire et les larmes, espoir, désespoir, rêve et cauchemar. Tout est vivant, tout cherche à s’exprimer, même les morts. Tout a une âme, le ciel, la terre, l’eau, les animaux, tout est personnifié, même les objets, les maisons, tout est magie et même le malheur, omniprésent, est une force vitale dans ce village des Abricotiers, qui ne peut que se relever toujours et encore, entre deux désastres, qui ne manquent pas de le ravager.
Ouragans, sécheresses, inondations, deuils innombrables et la monstrueuse bête à sept têtes qui dévore régulièrement dans ce pays d’Haïti, chaque nouvelle pousse de liberté et de démocratie. Peu à peu, quelques personnages se dégagent du magma de cette langue incroyablement dense et riche, avec laquelle l’auteur nous dépeint ce petit village, coincé entre mornes et océan.
Il y a d’abord Agénor et sa femme Saintmilia, couple pivot du roman.
« Agénor avait vécu retiré avec sa femme aux limites du cimetière, cultivant dans la solitude de sa chaumière un goût de la singularité qui avait ouvert la porte à tous les fantasmes. Il dormait le jour, péchait la nuit, rentrait à l’aube, sa tête et son panier pullulant de poissons aussi gros que l’église. Les hommes du village le disaient bizarre. Certains insinuaient même qu’il était fou. Ils l’avaient jugé différent pour mieux opposer à cette différence une attitude collective dans laquelle entraient sans aucun doute la crainte, l’envie, la jalousie sinon la haine ».
Et puis, il y a Louiortesse, le rival, défiguré par Agénor, qui reviendra plus tard aux Abricotiers et cette mystérieuse savale borgne, un immense poisson des eaux mêlées qu’Agénor, éborgné lui aussi depuis la fameuse nuit où il avait faillit la pêcher, n’aura de cesse de traquer pour assouvir une folle soif de vengeance. Et puis encore la belle Violetta, la fille de Diéjuste, qui elle aussi s’en va au bord de l’étang de Pombucha, les nuits de pleine lune, et qui donnera naissance à Rosita, fille de l’eau et de la terre. Et tous les autres encore qui prennent place dans le tableau. Un tableau qui ne cessera de se modifier, où régulièrement un seau de pluie ou de clairin viendra tout barbouiller. C’est comme si l’auteur lui-même était possédé tour à tour, mais souvent en même temps, par chacun des habitants des Abricotiers, quand ce n’est pas par le vent ou un fantôme, le soleil ou la lune.
La mémoire collective elle-même s’empare de sa plume et cette plume se fait pressoir, dans lequel passe le village des Abricotiers avec toute son histoire et ce roman en est le jus concentré, de ce village particulier, mais aussi de tout ce fabuleux pays qu’est Haïti, avec sa beauté, sa magie, ses folies, sa douleur. Un jus épais, à la fois amer et sucré, miroir où vient se mirer le monde et dans lequel on se perd, on s’égare et se noie avec délectation.
C’est un livre qui ne se lit pas avec la tête, mais avec le ventre, avec la peau, avec le souffle. Un grand livre, dont la trame est une spirale, un roman d’une beauté féroce, plein d’humanité, avec un humour et une poésie inimitables, intimement liés à cette terre haïtienne. Envoûtant, il fond sous la langue, il enivre comme plusieurs maries jeannes de clairin, alors plongez-y, baignez-vous dedans, buvez jusqu’à plus soif, mais ne cherchez pas à tout comprendre de suite, cela vaut mieux, vous prendriez le risque d’un mal macaque.
Cathy Garcia
Jean-Claude Fignolé est un écrivain haïtien né le 24 mai 1941 à Jérémie (Haïti). Il est l’un des fondateurs du mouvement littéraire appelé spiralisme en collaboration avec Frankétienne et René Philoctète. Dans les années 1980, Jean-Claude Fignolé apporte un support essentiel aux habitants du petit village des Abricots dans la Grand’Anse, dont il est originaire. Père de trois enfants (Jean-Claude O. Fignolé, Christina Fignolé et Klavdja Annabel Fignolé), Jean-Claude Fignolé est aujourd’hui maire de la commune des Abricots depuis 2007. Il assiste les habitants dans un travail de développement de toute nécessité (reboisement, éducation, santé, constructions routières, agriculture) afin de freiner l’exode rural prépondérant en Haïti. Épargné par le séisme du 12 janvier 2010, le village des Abricots a dû accueillir plusieurs milliers de rescapés qui ont fui la capitale. Jean-Claude Fignolé a dû abandonner sa plume pour se consacrer entièrement à cette cause.
Bibliographie :
Etzer Vilaire, ce méconnu, Port-au-Prince, Imprimerie Centrale, 1970.
Pour une poésie de l’authentique et du solidaire « ces îles qui marchent » de René Philoctète, Port-au-Prince, éd. Fardin, 1971.
Gouverneurs de la rosée : hypothèses de travail dans une perspective spiraliste, Port-au-Prince, éd. Fardin, 1974.
Vœu de voyage et intention romanesque, Port-au-Prince, Fardin, 1978.
Les Possédés de la pleine lune, Paris, Seuil, 1987.
Aube tranquille, Paris, Seuil, 1990.
Hofuku, Port-au-Prince, éd. Mémoire, 1993.
La dernière goutte d’homme, Montréal, Regain/CIDIHCA, 1999.
Moi, Toussaint Louverture… avec la plume complice de l’auteur, Montréal, Plume & Encre, 2004.
Faux Bourdons, in Paradis Brisé : nouvelles des Caraïbes, Paris, Hoëbeke, coll. Étonnants voyageurs, 2004, p. 87-131.
Le voleur de vent, in Nouvelles d’Haïti (collectif), Paris, Magellan & Cie, 2007, p. 37-52.
Une heure avant l’éternité, extrait de Une journée haïtienne, textes réunis par Thomas C. Spear, Montréal, Mémoire d’encrier / Paris, Présence africaine, 2007, p. 179-184.
Une heure pour l’éternité, Paris, éd. Sabine Wespieser, 2008.
Note parue sur La Cause Littéraire
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Technique mixte de collages comme une méditation sur la nature et la spiritualité. Utilisant du papier traditionnel japonais et d'autres papiers asiatiques qui sont peints, tachés d'encre, déchirés et imprimés avec des encres à pigments, et usés au fil du temps en collage wabi-sabi
Artiste né en 1978 en Californie.
Sa technique est peu commune, il use de graphite, d'encre, de papier calque et de couches de résine pour la transparence.
Artiste peintre cubain, né en 1967
Boy in a train
Bucking horse
Woodland - West Yorkshire
Watering can ans felicia
http://www.andrewsanderson.com/
édition du Rouergue janvier 2013
76 pages, 7 €
« Quand tu dors
(mais tu ne le sais pas)
tu deviens
le quartier général
des papillons »
Armand le Poète
Mes plus beaux poèmes d’amour
Voilà une très jolie petite histoire, pleine à craquer de poésie et de drôlerie. Le narrateur est un jeune garçon de la Famille Magique, qui raconte comme dans un journal, une semaine et un peu plus de sa vie. La Famille Magique c’est une famille vraiment pas comme les autres, où il suffit de claquer des doigts pour faire ou avoir tout ce qu’on veut. Une famille extraordinaire, où l’on peut croiser lors du Grand Repas, aussi bien Barbe-Bleue et la Statue de la Liberté, la Joconde et King Kong, le Père Noël et les sept nains, Cendrillon et le Petit Prince que Bouddha ou Pachamama et bien d’autres encore. Bon, il y a bien l’Œil de contrôle que ses parents envoient pour le surveiller, mais il n’est pas bien méchant, et ses parents de toutes façons, ils ne sont pas méchants non plus et ils dorment souvent. Normal, quand on est magique, on n’a pas besoin de travailler, mais voilà, notre jeune narrateur lui, ce qu’il veut, c’est aller à l’école comme tous les autres, pour apprendre. Apprendre les mots, les mathématiques et les cris des animaux par exemple.
« Bien sûr, je pourrais claquer des doigts et tout avoir par magie. Ce serait simple : mes parents m’ont appris à utiliser les pouvoirs pour avoir la vie facile. (…) Mais je ne veux pas. Je ne veux pas vivre allongé. »
Et puis, sur le chemin de l’école, il y a LA fille. Celle qui fait que le cœur s’emballe. Pas Sophie Dumas, non, qui est dans son école.
« Je n’aime pas Sophie, moi, mais c’est la seule qui m’aime, la seule à m’apprendre le nombril et le trou des fesses.
Elle se jette sur moi pendant la récréation et elle veut jouer à l’amour. »
C’est embêtant d’être trop aimé par une fille à l’école et de se retrouver puni à cause d’elle, et puis surtout, ce n’est pas LA Fille. L’autre, celle qui n’a pas de prénom et qui fait de la danse. Celle-là ? Elle donne envie d’écrire des poèmes. Oui, parce que ce qu’il aime aussi, notre jeune narrateur, c’est écrire des poèmes. Il en écrit tout plein et d’ailleurs, tout ce qu’il raconte est beau comme un poème. Ce qu’il va découvrir d’important, c’est qu’avec beaucoup de poésie et un peu de magie, on peut sauver la Fille de sa vie.
C’est bien pratique aussi de faire partie de la Famille Magique et ce n’est pas si mal, finalement, de ne pas être tout à fait comme les autres.
Cathy Garcia
D'abord urbain, auteur dramatique, comédien, metteur en scène, puis RMIste, puis romancier, publié, poète, subventionné, puis néo-rural, puis père, mari, traduit, puis père encore, Sébastien Joanniez est né en 1974.
Aux Éditions du Rouergue : Marabout d'ficelle (2002, roman) - Terminus Noël (2002, roman) - C'est loin d'aller où (2003, roman) - Même les nuages je sais pas d'où ils viennent (2005, roman) - Entrez (2010, poésie) - Noir grand (2012, roman) - Vampires, cartable et poésie (2013, roman) - J'aime pas ma sœur (2013, récit) / Aux Éditions Sarbacane : Je fais ce que je peux (2004, poésie) - Fred et Fred (2005, poésie) - Treizième avenir (2006, roman) - Camping (2014, poésie) / Aux Éditions Espaces 34 : Des lambeaux noirs dans l'eau du bain (2005, théâtre) - Désarmés (2007, théâtre) - Le petit matin de mourir (2010, théâtre) / Aux Éditions Color Gang : Trop tard c'est bientôt (2007, théâtre) - Dans quels déserts tu ranges tes soifs ? (2007, théâtre) - Cluemo (2010, essai) / Aux Éditions Poivre et Sel : Animalerie (2013, BD).
Note parue sur la Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/vampires-cartable-et-poesie-sebastien-joanniez
Liu, 50 ans, fait partie des rares chinois "Hans", l'ethnie ultra-majoritaire dans le pays, à soutenir la cause des Tibétains, provoquant l'arrivée des autorités sur son lieu de création.
Plus de 100 Tibétains se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire depuis 2009, symbole du désespoir de cette minorité face à la domination de Pékin. La crainte est telle de nouvelles immolations qu'à Pékin, les policiers qui surveillent la place Tian Anmen pour la réunion annuelle du Parlement sont équipées d'extincteurs.
La plupart des Hans acceptent le discours officiel, qui affirme oeuvrer pour le développement du Tibet tout en combattant les immolations.
Les Tibétains "demandent simplement la liberté de religion et le respect", affirme Liu, dans son atelier aux murs de briques, installé dans une communauté d'artistes à l'est de Pékin.
"Mon premier objectif est de commémorer leurs actes", explique-t-il. "Et aussi de faire connaître la vérité sur le Tibet à travers ces peintures, parce que, en Chine surtout, personne ne sait ce qui se passe là-bas".
Liu peint ses portraits à partir de photos fournies par une écrivaine tibétaine, mais il traite ses 40 sujets comme s'il les connaissait personnellement, insistant sur certaines histoires: le premier immolé, le plus jeune, la première femme...
"Celle-ci était mère de quatre enfants, celui-là avait un bébé de un an", détaille-t-il, se faufilant entre les visages sombres aux traits puissants qui, sans recours à la couleur, tracent des expressions paisibles mais des regards intrépides.
Depuis 15 ans, de plus en plus de Chinois Hans se convertissent au bouddhisme tibétain -- comme c'est le cas de Liu -- sans pour autant prendre fait et cause pour leur combat politique, explique Robbie Barnett, expert de la question tibétaine à l'université de Columbia à New-York.
Conversion au bouddhisme tibétain
Certains artistes ont trouvé l'inspiration dans les superbes paysages montagneux du Tibet. Quelques passionnés sont allés à la rencontre du dalaï lama, le chef spirituel tibétain en exil en Inde, qualifié par Pékin de "séparatiste" et accusé d'encourager les immolations.
"C'est très risqué et inhabituel pour un artiste han comme Liu d'entreprendre un tel projet publiquement. A ma connaissance, il n'y a pas de précédent", relève M. Barnett.
La Chine a massivement investi dans les régions tibétaines pour améliorer les conditions de vie mais contrôle étroitement les monastères, bannit les images du dalaï lama et condamne lourdement toute personne déclarée coupable d'encourager une immolation.
Pour les opposants, le développement au Tibet a surtout bénéficié aux Hans, au détriment de la culture et de la religion tibétaines.
Selon les statistiques officielles, le nombre de Hans dans la région autonome du Tibet a augmenté de 56% entre 2000 et 2010, et de 92% la décennie précédente, tandis que celui des Tibétains a progressé de seulement 12% et 15% pour les mêmes périodes.
En incluant les zones tibétaines d'autres provinces chinoises (Sichuan, Qinghai, Gansu et Yunnan), les Tibétains se retrouvent aujourd'hui en minorité sur leurs terres, selon le gouvernement en exil à Dharamsala.
Liu espère éveiller les consciences avec sa dernière série de portraits, même s'il sait qu'il n'a aucune chance d'être exposé en Chine, pas plus que sa série consacrée à des opposants connus, dont les victimes de la répression de la place Tiananmen en 1989 ou ceux qui incarnent pour lui la "conscience de la Chine", tel le prix de Nobel de la paix Liu Xiaobo, emprisonné depuis 2010.
Liu Yi s'est épris du Tibet dès son premier voyage dans les années 1980, où il a adopté un chien et peint le dalaï lama.
Ses portraits d'immolés lui ont valu trois visites en dix jours des autorités, qui ont tenté de confisquer les oeuvres.
"A moins qu'ils ne me mettent en prison, tant que je suis libre, je continuerai à peindre", assure-t-il. "Je n'ai pas peur. Qui suis-je, comparé aux immolés'"
Par
Lire aussi ici : http://www.dombosco.fr/article-liu-yi-artiste-chinois-engage-114420734.html